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Blida: Les prix des fruits inabordables

par Tahar Mansour

Depuis les mesures de réduction des importations prises par le gouvernement à cause de la baisse du prix du pétrole, il est devenu plutôt rare de trouver des fruits sur les étals, à croire que nous sommes totalement tributaires des agriculteurs étrangers.

L'épisode des agriculteurs français qui n'ont pas trouvé preneur pour leurs pommes est assez édifiant. Au lendemain de l'entrée en vigueur des restrictions, les Algériens ont été surpris de constater que les prix de la banane, de la pomme et des autres fruits exotiques ont été multipliés par 10, souvent plus et ont commencé à se raréfier. Mais ils ont compris que l'Algérie ne pouvait plus continuer à importer massivement ces fruits et tout est rentré dans l'ordre, ces fruits étant largement remplacés par ceux produits localement, en particulier les oranges durant la période hiver/printemps. La décision de permettre l'importation de la banane a fait baisser les prix de ce fruit mais il demeure quand même assez élevé entre 300 et 400 DA le kilo, car il ne faut pas oublier que l'Algérien a pris l'habitude de consommer inconsidérément et qu'il lui fallait donc acheter pour chaque membre de la famille au moins une banane, soit une moyenne de deux à trois kilos pour nos familles plutôt nombreuses. Mais ces derniers jours, le citoyen moyen, qui se dirige vers le marché pour acheter quelques fruits pour ses enfants, se trouve très indécis et compte et recompte ses sous car, outre le choix qui n'est pas large, les prix sont trop élevés. Il y a bien la fraise qui coûte entre 200 et 300 DA le kilo mais le fait qu'elle pourrisse trop vite -pourquoi ?- la fait bouder par certains. Pour les fruits abordables, il ne trouvera que l'orange tardive qui coûte entre 150 et 250 DA le kilo mais la qualité laisse beaucoup à désirer, en plus des nèfles qui, même abondantes, coûtent entre 100 et 250 DA, pour une qualité médiocre, et c'est tout. Les autres fruits ne peuvent en aucun cas convenir à la majorité des Algériens car leurs prix sont inabordables, comme la pastèque et le melon vendus entre 120 et 150 DA le kilo, une pièce revenant entre 500 et 700 DA, sinon plus, sans que le client soit sûr d'avoir acheté quelque chose de mangeable. Depuis moins d'une semaine, nous trouvons sur le marché des pêches et des abricots, pas encore vraiment mûrs, à un prix dépassant les 350 DA, avec toujours comme point commun, une qualité très basse, la majorité des pièces qu'on vous refile étant encore vertes et immangeables. Pour les pommes, il faut faire beaucoup de marchés et de magasins pour en trouver d'assez bonnes qui coûtent entre 400 et 800 DA, arrivant jusqu'à 1.200 DA pour celles d'importation. Avec l'approche du mois de Ramadhan et de la chaleur estivale, les gens recherchent tout naturellement les fruits pour se désaltérer et ils sont déjà à se demander comment vont-ils concilier la maigreur de leurs portefeuilles avec les prix épais des fruits. Enfin, il nous reste toujours les légumes qui ont vu, heureusement, leurs prix revenir à un niveau plus bas, surtout pour la pomme de terre qui est cédée entre 30 et 45 DA le kilo, la tomate, qui coûtait il y a une semaine 140 DA, est vendue actuellement entre 35 et 45 DA, ou encore l'oignon entre 20 et 30 DA et l'ail, qui a fait beaucoup parler de lui, est revenu à de meilleurs sentiments en ne coûtant que 90 DA pour les noueux. Tout le monde espère quand même que nos commerçants reviendraient à de meilleurs sentiments, surtout quand l'offre deviendrait plus conséquente.