«En Marche» sous l'hymne à la joie de Beethoven jusqu'au pied de la pyramide, Emmanuel Macron s'est intronisé, dimanche soir, prophète de la «liberté, de l'égalité et de la fraternité»

Martial, traversant seul la cour du Louvre protecteur de 5.000 ans d'histoire et de vestiges, jusqu'au pied de la pyramide où là encore, seul, il ouvre ses bras et invite la France à le suivre pour d'autres conquêtes, d'autres horizons. C'est donc, au bout d'une « Marche » longue, harassante mais pleine d'espérance et de certitudes qu'il mène « son peuple » vers tant de promesses. Moïse à la tête de son peuple. Prophète prêchant la réconciliation des Français et de la politique, brisant les murs, à sa gauche et à sa droite, promettant protection et abondance. Prophète libérateur et Pharaon protecteur. Ainsi se veut Emmanuel Macron, en cette année 2017: à la fois de droite et de gauche et ni de droite ni de gauche. Plutôt en mouvement perpétuel, humant l'air du temps pour épouser la trajectoire du vent et adapter les voiles de sa caravane en marche. Quelque chose de mythique dans le regard marqué par tant d'audace et de sérénité, une impression d'empereur dans le rôle qu'il habitera pour les cinq ans à venir, peut-être dix. Au-dessus de la mêlée des persifleurs de la politique et des chantres de la surenchère clanique, il s'installe au pied de la pyramide des classes sociales pour édicter le sens de la marche. Nouveau prophète devant lequel s'inclinent les grands prêtres de la politique française, de gauche comme de droite, jusqu'à s'offrir en serviteurs, faisant de lui leur pharaon.

N'a-t-il pas fait face au fléau de la haine et sauvé le pays du destin lugubre que lui promettait le ?bleu Marine', mirage d'horizons trompeurs? Comme tout pharaon, Macron aspire à bâtir un empire, au-delà des forteresses de son palais: il rêve de marcher au-delà des frontières de son royaume pour conquérir les autres peuples d'Europe et les réconcilier, eux aussi, avec cette ambition de destinée commune si rêvée et si inassouvie. Marcheront-ils avec lui comme l'a fait son propre peuple? « Je veux une Europe généreuse qui protège » a déclaré Macron. Et l'Europe des politiques unanimes à lui manifester son adhésion et sa confiance. Restera à convaincre les autres peuples européens. Compte-t-il prolonger sa « Marche » sur le reste de l'Europe? Peut-être que oui, peut-être que non. Une certitude cependant: Emmanuel Macron dispose d'une extraordinaire rhétorique où il n'est question que d'abondance, de partage d'abondance, d'offre de liberté et de récompense du mérite, de solidarité, de tolérance et d'ouverture vers, toujours, plus d'horizons qui chantent. Quel insensé niera cette immense sagesse et fuira cette merveilleuse offre? Jusque au-delà des frontières de l'Europe où « l'ami Macron » est le bienvenu. Comment devant tant d'espoirs soulevés et portés en France, en Europe et ailleurs, ne font-ils pas de lui une icône de la politique, un rêve de jeunesse, un prophète de la résurrection de la paix et du bonheur? Seul, marchant sous l'hymne à la joie jusqu'au pied de la pyramide, ce dimanche au soir, du 7 mai, à la rencontre d'un destin hors-normes pour proclamer sa ferme conviction de marcher jusqu'au bout de ses rêves et de ceux de ses compatriotes, Emmanuel Macron s'est, d'ores et déjà, intronisé hors du temps politique français, pour inventer son propre temps, imaginer ses espaces de conquêtes nouvelles et inscrire son nom dans la dynastie des grands bâtisseurs de civilisation. Un pharaon.