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Absence remarquée des MAE égyptien et tunisien

par G. O.

La 11ème session des pays voisins de la Libye s'est tenue en l'absence des ministres tunisien et égyptien des Affaires étrangères qui se sont fait remplacer, le premier par son secrétaire d'Etat et le second par son assistant.

Les deux pays voisins de la Libye (l'Egypte et la Tunisie) ont chacun ses raisons pour avoir évité le rendez-vous d'Alger. L'on avance que l'Egypte n'est pas très d'accord avec l'Algérie pour ce qui est du règlement de la crise libyenne. Ceci, certainement pour des raisons de leadership. Pour le cas de la Tunisie, c'est devenu différent. Le hasard a fait que cette session qu'a présidée Abdelkader Messahel a été tenue après que des voix de hauts responsables ont déblatéré sur l'Algérie. Le ministre tunisien de l'environnement en fait partie. Il a en effet affirmé que s'il lui était demandé où se situait la Tunisie, il préférerait répondre qu'elle est au sud de l'Italie et qu'il aurait honte de dire qu'elle est voisine de l'Algérie communiste. Il est clair que le ministre n'a rien compris à l'histoire?, y compris celle de son propre pays? Deuxième couac, des parties libyennes ont considéré la visite de Messahel en Libye comme malvenue. Ce qui n'a nullement affecté le ministre qui est revenu de Libye convaincu que « c'est un pays qui a besoin d'aide, d'assistance et de soutien pour sortir d'une crise que les interférences et les agendas étrangers gonflent délibérément pour empêcher son règlement.» Messahel plaidera comme à son accoutumée pour « un dialogue inter-libyen inclusif et une solution politique concertée entre l'ensemble des Libyens. » Il affirme alors avoir saisi à travers ses entretiens avec les différentes parties libyennes « des évolutions importantes en faveur d'un règlement politique de la crise libyenne. » Des indicateurs positifs, Messahel en a décelé 12 dont le plus important est «la volonté de toutes les parties de la poursuite d'un dialogue libyen inclusif, en Libye, qui fonde une réconciliation nationale réelle et la construction d'institutions d'un Etat libyen national uni. » Le ministre résumera ainsi son appréciation sur ce qu'il a vu et entendu lors de son déplacement en Libye qu'il affirme avoir effectué en coordination avec les autorités libyennes. Appréciation que Martin Kobler partage non sans noter qu'avant l'accord politique de 2015, « la Libye était un pays profondément divisé mais l'accord s'est fixé comme objectif de mettre en place un exécutif unifié et mettre fin aux institutions parallèles. » Le représentant onusien estime que « malgré les défis importants dans la mise en œuvre de l'accord, beaucoup a été accompli. » Il fait savoir que «la production de pétrole a atteint 760 000 barils par jour, la production la plus élevée depuis 2014, depuis deux ans, un budget a été approuvé, et début 2017 des fonds ont été transférés progressivement au ministère des Finances. Après les récentes violences à Tripoli, un cessez-le-feu a été négocié depuis un mois par le Conseil présidentiel. » Il qualifie l'accord de « cadre d'action qui conserve l'appui de la grande majorité des acteurs libyens et internationaux. » Accord à propos duquel il dit qu' «il n'est pas parfait, des amendements partiels et limités sont nécessaires. » Le MAE libyen lui répond « amendements que seuls les Libyens sont habilités à faire.» Tahar Siyala pense même que «c'est trop tôt pour en parler mais s'il sera révisé, il le sera par rapport à ce qui s'est passé sur le terrain.» Kobler revient sur la crise monétaire et de liquidité en Libye pour souligner que « si elle n'est pas réglée rapidement, les conséquences seront désastreuses et affecteront sur le long terme les perspectives économiques er financières du pays. » Les attentats terroristes, dit-il à propos de la sécurité en Libye, «sapent les efforts politiques et la confiance et contribuent à la souffrance du peuple libyen. » Il estime que « les renforcements militaires dans le Sud sont particulièrement préoccupants (?).» Kobler se dit cependant encouragé par «la récente réunion du président de la chambre des représentants et du président du Haut conseil d'Etat et celle entre le 1er ministre et le maréchal Haftar. » Il s'adresse à Messahel pour lui dire à propos de ses visites en Libye : « vous avez apporté un message d'espoir et de solidarité et encouragé les parties à résoudre leurs différents par le dialogue. »