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Réunion des pays voisins à Alger: Les Libyens dénoncent les interférences étrangères

par Ghania Oukazi

«On considère Abdelkader Messahel comme Libyen, il est le bienvenu chez nous, sa visite a été décidée en commun accord avec le Conseil présidentiel du gouvernement libyen. »

C'est la réponse du ministre libyen des Affaires étrangères à une question relative aux propos de certaines parties libyennes qui ont dit, de la visite du ministre algérien, en Libye, qu'elle est inopportune. Tahar Siyala a été désolé qu'il y ait eu des voix contre. « Ma visite était une visite voulue par nos amis libyens, j'ai commencé par l'est de la Libye, j'ai continué vers l'ouest et j'ai terminé par le sud, », a affirmé le ministre des affaires maghrébines, de l'Union africaine et de la Ligue des Etats arabes, hier, lors d'un point de presse, qu'il a animé conjointement avec le MAE libyen et le représentant des Nations unies pour la Libye, à l'issue de la 11ème session des pays voisins de la Libye qui s'est tenue au CIC ?Abdelatif Rahal' de Club des Pins. « J'ai continué ma visite à Benghazi, une région qui a une histoire extraordinaire, celle de Omar El Mokhtar et de Senoucia, contre le colonialisme italien », a enchaîné Messahel. Il a fait part aux journalistes, venus nombreux au rendez-vous du CIC, qu'il avait eu « un accueil chaleureux et des entretiens très constructifs. » A Benghazi, a-t-il dit « j'ai un souvenir personnel, une image qui m'a touché, j'ai rencontré une équipe de football, celle d'El Ahli de Tripoli (?), ceux qui parlent d'une Libye en désordre, c'est faux, il y a des problèmes, certes, mais les gens vivent normalement, il y a même des embouteillages (?). » Messahel rassure encore «j'étais accueilli d'une manière très chaleureuse, très fraternelle à Benghazi, Zneter, El Baydha, Masrata, Tripoli, Ghdames (?), ma visite a été très saluée à l'est, à l'ouest comme au sud de la Libye. » Il affirme, avec enthousiasme, que « les gens sont heureux de voir les voisins, les amis leur rendre visite, dans un contexte difficile, il y a une attente des populations, la paix, la stabilité et l'unité de leur peuple et de leur pays. » Il est convaincu que « les Libyens ont soif de visites de pays amis pour parler avec eux, ils sont d'une sagesse extraordinaire, ils ont des idées, il y a une forte demande pour que la paix revienne, ils ont des compétences extraordinaires, ils peuvent construire leur pays en très peu de temps. » Il fait savoir de sa deuxième, mais courte visite au sud de la Libye que « c'était une journée fructueuse, c'est pour la première fois que des chefs de tribus, très influents, se mettent autour d'une même table pour discuter. » Messahel note ainsi qu'« il y a un dialogue, une réconciliation qui se fait entre les villes, entre les tribus, il y a une dynamique interne, il faut l'encourager, ils ont des solutions pour que le pays s'en sorte, mais les parasitages les en empêchent.» Le ministre tient à rappeler que « j'ai dit, à mon arrivée en Libye, qu'on n'a pas d'initiative, seul l'accord politique du 17 septembre 2015 qui a été parrainé par l'ONU, doit servir de base pour une solution libyenne concertée, je leur ai dit, seulement, qu'on a une expérience algérienne à partager avec vous, celle du CNT, du HCE (?) de la Rahma, la concorde, la réconciliation nationale?, qui nous a permis de sortir de la crise des années 90. » Messahel affirme, encore, que «ma visite a été très utile pour nous et pour nos frères libyens. »

Le MAE libyen dénonce

Le représentant du secrétaire général des Nations unies pour la Libye n'en a pas dit moins à propos de la visite de Messahel. « Je remercie mon ami Messahel pour avoir tenu une réunion aussi importante qu'est cette 11ème session des pays voisins de la Libye, et je le remercie aussi pour sa visite en Libye qui a été saluée par les membres du parlement et par les populations, il est normal qu'il y ait des politiques qui disent le contraire, mais il faut encourager d'autres visites de ministres, de responsables de la Communauté internationale, pour parler avec le peuple, c'est important, je suis très reconnaissant au ministre d'avoir effectué cette visite, » a déclaré Martin Kobler. Il a retenu de la réunion d'hier «une concordance de vues, par rapport au processus politique libyen. » Interrogé à propos de ce que pourrait faire l'ONU devant la multitude d'agendas, d'interférences et d'intérêts étrangers, Kobler répond « notre rôle est d'organiser et d'assister le processus politique mais jamais de prendre des décisions à la place des Libyens, ce sont eux qui doivent décider par eux-mêmes de ce qu'ils doivent faire, ça dure un peu de temps, il faut avoir de la patience stratégique et laisser les Libyens discuter entre eux. » Messahel et Siyala, le MAE libyen, ont affirmé, tous deux, que « Khalifa Haftar est bien le chef d'Etat major de l'armée libyenne, il l'est par décision dûment approuvée par le parlement libyen. » Tahar Siyala a dénoncé l'existence d'interférences étrangères, dans le règlement de la crise libyenne. « Ce sont les Etats qui ont des intérêts et des visées sur la Libye, qui interfèrent dans le processus politique, c'est pour ça qu'on a fait appel aux pays voisins et on écoute d'autres qui ont quelque chose à dire, on essaie de garder ce qui est positif,» dit-il. Il avoue que « s'il n'y avait pas ces interférences étrangères, dans le processus politique et le dialogue entre les Libyens, il y a longtemps que les Libyens auraient réglé leurs problèmes.» Messahel conclut, pour sa part, ses propos en soulignant que « nous n'avons aucun problème avec aucune partie libyenne, nous sommes à équidistance de toutes, nous ne faisons jamais rien sans informer le Conseil présidentiel que ce soit en politique ou en aides humanitaires (?). »