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Un scrutin sous haute surveillance: Les Français élisent aujourd'hui leur président

par R.N.

  Plus de 47 millions de Français devront choisir aujourd'hui dimanche entre Emmanuel Macron (En Marche !) et Marine Le Pen (Front national) le 8e président sous la Ve République, au second tour de l'élection présidentielle, marquée notamment par le souci sécuritaire et celui de l'abstention.

Le premier tour de l'élection, rappelle-t-on, a été remporté par le candidat du mouement En Marche ! avec 24,01% des suffrages exprimés devant la fille de Jean-Marie Le Pen (21,30%), éliminant ainsi de la course présidentielle les deux partis qui se sont partagés le pouvoir pendant des décennies, le Parti socialiste (gauche) et Les Républicains (droite). La particularité de cette élection inédite est qu'elle se déroule sous l'état d'urgence en raison de la menace terroriste avec le spectre d'une forte abstention des électeurs, dont une partie n'a pas été satisfaite par les programmes des deux candidats. Les mesures de sécurité ont été renforcées autour des 66.546 bureaux de vote de France pendant toute la journée du scrutin et après l'annonce des résultats. Le ministère de l'Intérieur a indiqué que le scrutin se déroulera sous des conditions de sécurité maximales.

En effet, plus de 50.000 policiers et gendarmes seront engagés, aux côtés des militaires de l'opération Sentinelle et des polices municipales. Sur un autre plan, l'on craint une forte abstention qui sera, selon des instituts de sondage, l'un des enjeux clés du vote du second tour.

D'après des enquêtes, le taux pourrait atteindre les 24%, un chiffre, expliquent-t-ils, relativement élevé au second tour de la présidentielle qui, historiquement, mobilise plus que le premier tour. Des analystes des intentions de vote relèvent encore des hésitations chez un nombre important d'électeurs à la veille du scrutin, malgré le débat télévision entre les deux candidats de mercredi dernier qui ne les a pas convaincus pour changer d'avis. Concernant les candidats, qui ont clôturé vendredi soir leur campagne électorale, les sondages confortent Emmanuel Macron dans sa position de favori de ce deuxième tour et s'il remporte l'élection il serait, avec ses 39 ans, le plus jeune président de la Ve République. Le plus jeune avait été Valérie Giscard d'Estaing (48 ans).

Selon un sondage Ipsos, publié vendredi, le candidat d'En marche ! est crédité de 63% des intentions de vote, et Marine Le Pen de 37%.Cette dynamique en faveur d'Emmanuel Macron a suscité une certaine nervosité chez sa rivale et son entourage qui n'ont pas cessé ces derniers jours de l'attaquer très violement, relèvent des observateurs, estimant que la prestation de Marine Le Pen au débat télévisé lui a été fatale dans le sens où elle a montré qu'elle ne propose rien aux Français et qu'elle ne maîtrisait aucun dossier. Jusqu'à vendredi, les appels continuaient à fuser de partout pour une mobilisation contre la candidate de l'extrême droite pour un vote républicain, ce qui a fait dire à certains analystes que des circonstances ont concouru pour que Macron aille à la rencontre de son destin. Sur le plan technique, le chef de l'Etat élu doit recueillir la majorité absolue des suffrages exprimés quel que soit le taux de participation. Le vote blanc n'est pas reconnu en France. Le vote a déjà commencé samedi dans les Antilles françaises, en Guyane (Amérique du Sud), à Saint-Pierre et Miquelon (archipel français d'Amérique du Nord) et en Polynésie française (Pacifique Sud).

Macron visé par un piratage massif

Par ailleurs, l'autorité électorale française a mis samedi en garde contre la rediffusion des milliers de documents de la campagne du centriste Emmanuel Macron, piratés et mis en ligne sur internet, à la veille du second tour de la présidentielle. Cet ultime rebondissement, survenu dans les dernières heures d'une campagne officielle de l'entre deux tours sous haute tension, a aussitôt été qualifié de "déstabilisation" par l'ancien ministre de l'Economie. Ces fichiers piratés sont des courriels ou des "documents comptables", tous "légaux", mais auxquels sont joints "nombre de faux documents, afin de semer le doute et la désinformation", selon le mouvement En Marche! d'Emmanuel Macron pour qui l'opération "relève manifestement de la déstabilisation démocratique, comme cela s'est déjà vu aux Etats-Unis pendant la dernière campagne présidentielle". Après enquête sur le piratage qui avait visé l'équipe de Hillary Clinton, la candidate démocrate à la présidentielle américaine de 2016, les agences de renseignement américaines avaient accusé la Russie d'avoir interféré dans la présidentielle des Etats-Unis afin de favoriser le candidat républicain Donald Trump, élu le 8 novembre.

La Commission nationale de contrôle de la campagne présidentielle, qui s'est réunie samedi matin, a recommandé aux médias de "faire preuve d'esprit de responsabilité et de ne pas relayer ces contenus, afin de ne pas altérer la sincérité du scrutin". "La diffusion ou la rediffusion de telles données, obtenues frauduleusement, et auxquelles ont pu, selon toute vraisemblance, être mêlées de fausses informations, est susceptible de recevoir une qualification pénale", a-t-elle souligné dans un communiqué. Dès leur diffusion, via Twitter, ces documents piratés ont été relayés par l'extrême droite.

"Les îMacronleaks apprendront-ils des choses que le journalisme d'investigation a délibérément tues ? Effrayant, ce naufrage démocratique", a lancé le bras droit de Marine Le Pen, Florian Philippot. Il y a "des dizaines de milliers d'emails, de photos et de pièces jointes, datant du 24 avril au plus tard" (le lendemain du premier tour de la présidentielle), selon WikiLeaks. Le site fondé par Julian Assange, qui a relayé sur son compte Twitter le lien hypertexte menant à ces documents, a assuré ne pas être à l'origine de cette opération de piratage.