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UGTA: Plaidoyer pour le retour de l'Ofla

par Yazid Alilat

  «Il n'y a pas de crise financière» et la Centrale syndicale algérienne se battra toujours pour «préserver les acquis sociaux» des travailleurs, a affirmé hier lundi, jour de fête des travailleurs, M. Lakhdar Badredine, membre de la direction du secrétariat de l'UGTA. «Il n'est pas question de toucher aux acquis de l'UGTA avec la crise actuelle», a-t-il dit, expliquant que «le 1er Mai, on le fête pour démontrer notre capacité de mobilisation.» Pour cet ancien responsable de la fédération nationale des travailleurs du gaz et du pétrole, «le mot crise financière est faux, car il n'y a pas de crise financière, malgré la baisse du prix du pétrole. Nous avons une richesse qu'on doit utiliser de manière rigoureuse, et l'argent du pétrole va à l'importation.» «Il suffit d'arrêter d'importer les produits fabriqués en Algérie, et produire davantage pour faire face à toutes les situations», a-t-il souligné, avant de relever qu»'il n'y a pas de volonté (de l'Etat) de remettre en cause les acquis des travailleurs.» Par contre, M. Badredine estime qu»'il faut améliorer le pouvoir d'achat des travailleurs et le préserver avec la maîtrise du marché», avant d'accuser «les spéculateurs, qui créent des conditions graves pour l'Algérie, et l'Etat doit intervenir.» «Il faut éliminer les intermédiaires, qui sont la cause de cette inflation, et l'augmentation des prix, et qu'on n'arrive pas à maîtriser les prix», préconise t-il. A l'UGTA, «Nous pensons que l'Etat a une possibilité pour réguler le marché», avant de suggérer qu»'on doit revenir au système de l'Ofla (du producteur au consommateur, NDLR) pour assurer la régulation. C'est la meilleure façon de réguler le marché et éliminer les spéculateurs, qui sont un danger pour la stabilité du pays.»

En outre, M. Badredine estime que «la libéralisation du commerce ne veut pas dire malhonnêteté. Sinon, il y a un problème et l'Etat doit intervenir et réguler, car on ne peut utiliser le libéralisme d'une manière sauvage, d'une manière qui peut constituer un danger contre notre stabilité et notre avenir.» Par ailleurs, ce syndicaliste estime que «les entreprises aujourd'hui n'ont pas les coudées franches, dans leur politique salariale, dans leurs plans de développement. On doit libérer les entreprises, les dirigeants doivent être stabilisés dans leur poste et non pas être menacés de licenciements en permanence, et la stabilité joue un rôle important pour l'entreprise, les cadres et travailleurs doivent être à l'abri du besoin, de la tentation. On peut créer la richesse et la production, et il y a des cadres à qui l'Etat doit faire confiance.» M. Badredine ajoute, toujours sur le chapitre des entreprises, que «nous pensons qu'il faut accompagner l'entreprise, privée ou publique, pour qu'elle devienne compétitive, et créer un marché concurrentiel». «Il faut lever les contraintes contre les cadres gestionnaires, et il faut que l'acte de gestion soit dépénalisé», préconise-t-il encore. Sur la question des syndicats autonomes, il a été clair: à l'UGTA, on ne les reconnaît pas. «L'UGTA prend en charge les problèmes des travailleurs. Là où il y a un syndicat fort, il y a unicité des travailleurs», a-t-il dit, avant d'ajouter que «l'UGTA se débrouille très bien, on fait face à beaucoup de problèmes, on a préservé la paix et la stabilité sociale, cela n'a pas de prix, on est en train de faire le maximum.» Citant les rares pays au monde où il n'y qu'un seul syndicat, pour récuser le multi-syndicalisme qui s'installe en Algérie, il a reconnu cependant qu'à l'UGTA «on n'a pas encore réussi pour que le pouvoir d'achat des travailleurs s'améliore», accusant «les spéculateurs» d'être à l'origine de cette situation. «L'UGTA, a-t-il affirmé, doit s'impliquer pour éliminer ces gens-là, qui peuvent constituer un danger pour la stabilité et la sécurité du pays.» Sur le dialogue social, il a expliqué que «la préservation de l'intérêt des travailleurs est non négociable. Nous dialoguons, nous réglons les problèmes par le dialogue, et si on arrive à toucher à l'intérêt des travailleurs et de la nation, rien ne nous empêchera d'utiliser le rapport de force.» Il a rappelé qu'en Algérie, et par rapport aux idéaux du 1er Mai, «la volonté existe pour préserver la retraite et le système de retraite. Nous ferons tout pour la préserver, malgré le déficit de la caisse (de retraite, NDLR).» Enfin, sur les travailleurs non déclarés, il a souligné qu»'il faut que le travail au noir soit maîtrisé, et assurer la couverture sociale de ces travailleurs.» «L'UGTA fera en sorte que tous les travailleurs bénéficient de la couverture sociale nécessaire.»