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Sellal à Oran: Le gaz, le monopole du sucre et l'exportation

par Notre Envoyée Spéciale A Oran : Ghania Oukazi

«Nous ne pouvons plus exporter notre gaz (?), nous devons aller vers la transformation (?), la France a accepté de nous aider.»

Les propos sont du 1er ministre au moment où il posait hier la première pierre pour la réalisation de l'unité de production des lubrifiants de Total Algérie à Bethioua, dans la wilaya d'Oran. « Nous avons une vision stratégique avec Total, celle de développer le secteur du gaz et aller rapidement vers la pétrochimie, nous avons longuement discuté avec les responsables de Total et la France a accepté de nous aider », a-t-il déclaré sans ambages aux responsables du projet de Bethioua. Abdelmalek Sellal a affirmé ainsi qu' «on ne peut plus exporter notre gaz, nous sommes prêts à en tirer des produits dérivés dans le cadre d'un partenariat avec la France ». Le 1er ministre reprochera cependant à l'équipe Total Algérie d'avancer lentement. « Vous avancez mais vous n'êtes pas passés à la vitesse supérieure », leur a-t-il dit. « On va essayer de faire la totale pour ce pays, c'est un investissement de 4,5 milliards de DA avec en prime la création de 200 emplois directs et indirects, c'est notre manière d'aider l'économie de ce pays », lui a répondu le responsable de Total Algérie. « Il faut que ça démarre et ça produit en Algérie, il faut jouer la totale », réclame Sellal avec insistance.

A son inauguration dans la même commune de l'extension du complexe sidérurgique de Tosyali Algérie fer et acier, un partenaire turc, le 1er ministre demandera d'emblée « il faut qu'on aille exploiter le minerai de fer de Ghar Djbilet parce que notre objectif est que l'Algérie devienne un grand producteur de fer, nous commençons à l'être mais il faut qu'on le devienne rapidement ». Il évoquera El Hadjar et les différents partenariats à l'exemple de celui avec les Qataris, qui ont boosté la production du fer et de l'acier en Algérie. «Il ne faut pas avoir peur de la concurrence, il faut qu'on passe à un Etat émergent et aller vendre notre fer à l'extérieur. »

« On va casser le monopole du sucre »

Sellal demandera aux Turcs d'œuvrer pour «la création de PME tout autour de ce projet structurant » et fera savoir que « notre objectif est de faire de l'Algérie un pays émergent à l'horizon 2020, et on le sera ! » Tosyali Algérie a déjà à son actif sur le même site deux autres unités de fer et d'acier qui sont fonctionnelles. L'on affirme que c'est le plus lourd investissement que les Turcs ont engagé dans le domaine comparativement à ce qu'ils font à travers le monde. « Nous souhaitons une bonne santé à notre ami Erdogan, tachakor (merci en turc, ndlr)? », leur a lancé le 1er ministre.

Dans la matinée d'hier, le chef de l'exécutif avait inauguré à Tafraoui le complexe industriel (Berrahal) de raffinage du sucre d'une capacité de 700 000 tonnes par an. « Nous produisons actuellement 1,6 million de tonnes an, avec cette raffinerie, nous allons atteindre 2,5 millions de tonnes, en plus de trois autres qui sont en cours de réalisation, nous aurons encore 2 autres millions de tonnes, ce qui pourra nous donner plus de 5 millions de tonnes an, on pourra alors exporter », a-t-il commenté. Il estime alors que « c'est un projet économique important qui va nous permettre de casser le monopole, améliorer le marché et casser les prix ».

« Il faut exploiter Sebkha »

A Misserghine, le 1er ministre a procédé à la pause de la première pierre du nouveau pôle urbain Ahmed Zabana qui devra accueillir 50 000 logements dont 6000 en location-vente, 700 AADL et 2000 LPP au profit des habitants de la cité des Planteurs. « Il faut que cet été les travaux démarrent, il faut ouvrir aux privés pour une construction de haut niveau de commerces et autres structures socio-économiques, il faut soigner le style architectural, il faut des immeubles modernes avec toutes les commodités, il faut que cette nouvelle ville soit une ville intelligente, et avant même que les logements soient finis, il faut que l'ensemble des structures socio-économiques et culturelles soient finalisées », a-t-il recommandé. Il instruit par ailleurs les promoteurs du projet de « lier la nouvelle ville Ahmed Zabana à la Sebkha, il est nécessaire de l'exploiter ». Il exhorte «les agriculteurs à exploiter les eaux salées pour irriguer certaines cultures à l'exemple de l'artichaut, il aura ainsi une valeur ajoutée, on peut alors l'exporter ». Il note qu' «Oran est devenue une ville d'émergence comme Sétif, Annaba, Constantine, ce sont des villes qui vont tirer le pays vers le haut, vers l'émergence ». Il recommandera de faire appel aux privés pour construire des centres de santé, «pour la lutte contre le cancer par exemple à condition d'éviter de le faire là où il y a des déchets industriels ». Lors de sa visite à une ferme pilote à Oued Tlélat, il demandera aux promoteurs de projets dans le domaine d'irriguer les cultures à partir des eaux traitées. Il insistera aussi sur le partenariat public-privé ou avec les étrangers « pour booster l'économie nationale et créer de l'emploi ».

En fin d'après-midi, le 1er ministre a rencontré les représentants de la société civile dans la salle Abdelhamid Benbadis jouxtant la splendide mosquée portant le même nom. Il leur a promis de prendre en charge leurs préoccupations. Ce lundi, il sera probablement à Batna, samedi à Tamanrasset et le 30 avril il inspectera les chantiers et projets de la capitale et ses banlieues.