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L'angoisse de la participation

par El Yazid Dib

«On reconnaissait le citoyen à ce qu'il avait part au culte de la cité, et c'était de cette participation que lui venaient tous ses droits civils et politiques» Numa Denis Fustel de Coulanges

Elle ne devrait pas être là où tout le monde croit la placer. L'administration. Elle est partagée par tous ceux qu'elle intéresse. A commencer par les partis qui toutefois ne semblent pas trop insister sur la mobilisation de leurs potentialités. Préférant rejeter la balle sur l'organisation, le défaut d'équité des instruments juridiques électoraux ; ils s'agitent au mieux de leur capacité. Il y a aussi ces candidats qui n'offrent pas assez de prouesse charismatique à même de pouvoir inciter les gens à aller leur octroyer leur confiance. En dernier lieu des angoissés se placent en tout anonymat soit un pouvoir, soit une administration soit un esprit aspirant à un taux participatif normal et correct. Seulement les taux à la soviétique font partie du passé. C'est une mesure universelle. Dans les plus cossues des démocraties, l'enthousiasme populaire reste faible eu égard au désintéressement politique du citoyen, la crise handicapante et au fossé qui se creuse continuellement entre gouvernants et gouvernés, ou élus et électeurs.

Le stade du 5 juillet pour quelles équipes ?

L'on ne peut imputer la responsabilité dans une mesure donnée de ce taux de participation à celui qui l'on rétend organiser ces législatives et en nourrit une nette angoisse. C'est comme dire, dans le stade du 5 juillet il y a une rencontre entre Ain elfadha et Bir n'ssa (avec tous mes respects et salutations à ces équipes virtuelles) et l'on veut que les gradins et les tribunes se remplissent de spectateurs. Dans le même espace l'on organise une autre entre le Barca et la Juventus, allez imaginer le nombre de spectateurs participants. Dans les deux cas, quelle est la responsabilité du directeur du stade ? A moins qu'il y ait volonté délibérée d'un besoin stratégique pour remplir le stade, il sera fait appel à des carrés bien ordonnancés de sapeurs pompiers et de spectateurs en mission malgré le rang des équipes ou leur classement. Le miracle existe même dans la massification.

C'est ainsi que l'urne comme un gradin est à se garnir élégamment par l'électeur comme le fera le spectateur. Pourvu que les joueurs soient de haut niveau. Mais à voir la composante des équipes électorales, la suspicion gagne beaucoup de visiteurs à aller admirer une partie qui s'annonce d'emblée telle une partie d'amateurs ou de demi-jeu de quartier. L'essentiel c'est que la rencontre aura bel et bien lieu.

A charge pour le superviseur du « stade » l'obligation d'offrir toutes les commodités usuelles afin de faire assurer le bon déroulement. Du mobilier adéquat, la sécurisation des lieux, le bon arbitrage à tout le pack indispensable à cet effet. Ce qui est le cas selon la haute instance eh ! le commissaire du match.

L'arnaque ?. fonction et photo du candidat

L'on croit que c'est par une fonction que l'on attire l'adhésion. La fonction aurait-elle fait quelque chose pour quelqu'un qui ne valait rien ? dans certaines conditions, il est aisé de l'affirmer. La postérité a retenu que c'est par un poste ou un emploi public qu'un simple et banal individu soit muni d'une auréole sociale et se fait tracter des considérations qui exagèrent pour avoir agrandi sa petitesse. La classe et la prestance sont des caractères innés, ils ne se procréent pas.

Tous les titres farfelus sont mis en marge des noms et prénoms et de l'âge quand ceux-ci sont transcris. Un instituteur est pris pour un cadre de l'éducation nationale, un autre pour un professeur d'enseignement tout court. Un menuisier est vite transformé en un industriel. Un fonctionnaire pourtant fini et qui a cessé de fonctionner reste nostalgique à une fonction dite supérieure qu'il a perdue. Tenter de tromper ainsi tout un électorat est pire que de l'avoir fait d'abord pour son parti. Une pratique qui a l'air d'arranger le parti dira-t-on.

Pourquoi avons-nous cette tendance à vouloir toujours prendre une mission élective pour un métier ? Député ou ex, maire ou ex, membre d'une assemblée ou ex?cacherait une profession originelle que l'on n'a pas la détermination de déclarer ou bien n'arrive pas à égaler les exigences de la « fonction » convoitée. Pourtant tous les métiers ne sont que nobles tant qu'ils se pratiquent avec art, compétence et brio. Alors que certains se vantent de s'intituler de « plus jeune candidat » à rajouter comme référentiel à l'occupation professionnelle ; d'autres cachent sournoisement le réel projet qu'ils pilotent. Rares sont ceux qui affichent, quoique avec opacité leur job. Une femme au foyer, titulaire d'un diplôme de l'enseignement supérieure ne s'empêche pas de se mentionner comme universitaire sans plus.

Il y a aussi de ces candidates qui pour une raison ou une autre se présentent en fantôme. Sans visage, sans facies, sans charme. Seul un nom et une occupation. On votera pour une « rien », une inexistence.

L'angoisse des partis

Si cette angoisse parait prendre ses justifications chez les partis, elle est loin de constituer un souci chez leurs candidats. Le je-m'enfoutisme bat son plein entre autres candidats superbement bien classés ou en queue de liste. On les a vus donner beaucoup plus de présence dans les sofas des permanences que de travailler dans la profondeur des convictions. Ils savent qu'en cas de dérive, la faute incomberait en toute évidence à la structure partisane diront-ils. En cas de victoire, tout le mérite devait leur revenir. Il est de ces candidats qui ne réussissent même pas à rameuter à leur cause les propres membres de leurs cités.

Il y a pourtant de ces partis, de ces candidats qui semblent bien réussir à faire pivoter autour d'eux un certain engouement en prenant en considération l'inédit dans la représentation ou en axant sur des vérités fondamentales le développement de leur discours. Ne fustigeant ni le pouvoir, ni la société, ils tablent sur la nécessaire reformulation du mode de la pensée politique. L'acte doit s'exercer autrement tiennent-ils.

L'angoisse chez le citoyen

Elle est d'une autre espèce, loin de tout calcul arithmétique, taux, ratio, valeur du siège, restant à compter. Elle est incomptabilisable car elle se rattache ardemment à un espoir de se voir qualitativement représentée. Que sa voix ne soit pas vaine. Que ses futurs députés soient en permanence à son écoute autant qu'ils l'étaient au sein de leurs permanences. Son souci n'est pas celui que partagent les partis ou les candidats. Soit vaincre et arracher le maximum de sièges. Son siège à lui demeurerait suffisant si sa cité était propre et sans coupures ni de net, ni d'eau. Ses enfants rentrant le soir en sourire et en toute quiétude sans rapt ni rançon.

L'angoisse du citoyen est aussi de ne pas apercevoir son Algérie sortir des miasmes dans lesquels certains bricoleurs en charge de ses affaires semblent l'engouffrer davantage et l'amputent de recourir à son authentique sève. Il rêve aux fins de dissiper sa tourmente d'un pays où il fait beau d'y vivre et non pas uniquement pour y mourir. Seuls les partis en course et leurs programmes peuvent tenir lieu de moyens de convictions pour que les plus indécis aillent accomplir leur devoir. Un parti n'est-il pas créer pour convaincre ? mobiliser ? sensibiliser ? Alors sonnez les matines !

Maitre citoyen par l'odeur alléché?

Une liste est comme un menu .Autrement dit, l'appétit et l'envie d'assouvir sa faim ne provient que des offres que peut contenir un menu. Vous entrez dans un restaurant qui vous tend non pas sur un panneau mais de main en main, une fiche d'où ne sort qu'un fretin menu. Si l'on ne vous sert que des navets au moment où des primeurs, des légumes frais sont entreposés et laissés au givre et à la congélation, aucune envie n'est capable pour stimuler votre tonus à aller plus loin dans la commande. Alors, c'est dire que presque tous les menus affichés manquent de pouvoir allécher le désir à la consommation. La responsabilité dans ce cas reste de l'apanage du confectionneur de menus. C'est d'une décision que se ramène le déboire ou le couronnement d'une opération. Pour dire que la diversité d'avis engendre toujours et en finalité de bonnes décisions.