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Huit mois après l'affaissement d'un tronçon à hauteur du pont Zabana: Réouverture à la circulation de la route du port

par Houari Saaïdia

Dans l'absolu, une durée de huit mois pour le rétablissement d'un tronçon routier affaissé, de 150 mètres de longueur, semble trop. Mais, vu par l'œil du connaisseur, le chantier qui a eu à réparer la grosse fracture de la route du port, survenue sur une bretelle passant au-dessous de l'échangeur de Zabana, a mis un temps « normal ». Ni long ni court. Le plus important, c'est que le segment effondré a été remis en état dans les règles de l'art et en respect des normes rigoureuses. On ne s'est pas contenté d'un replâtrage à l'effet d'une réouverture à la va-vite de cet axe qui dessert un grand trafic automobile et par lequel transite un important flux de camions à conteneur, juste pour jeter dans les oubliettes l'incident survenu début août. Lequel n'était par le fait de causes naturelles, mais la conséquence d'interventions « incorrectes » commises sur un chantier de station de relevage. Loin de faire dans le bâclage qu'on aurait pu faire en d'autres temps, en d'autres lieux et dans d'autres circonstances, les pouvoirs publics locaux avaient exigé, tout en veillant à ce que cela soit exécuté de bout en bout, un traitement de fond qui soit précédé par une étude complète et approfondie du site en question, avec à la base une étude géophysique et géotechnique du sol où a eu lieu l'affaissement. Et c'était la même entreprise espagnole, partenaire de la SEOR, chargée des travaux du réseau d'assainissement pour la partie basse d'Oran et qui devait, dans ce cas précis, creuser en profondeur pour parvenir à la galerie dite Cova Lawa, capter ses eaux et les refouler en direction de boulevard Fromoncost, qui avait été chargée de l'acte de réparation. Au bout de huit mois, Sarl BTP ECISA Construction Algérie a accompli sa mission « avec succès », de l'aveu même du wali, qui a tenu à mettre l'accent sur « la conformité et la qualité du travail accompli malgré la complexité de la besogne ». Et comme convenu lors d'une précédente visite d'inspection du wali, ce segment routier a été rouvert à la circulation, hier. Les véhicules ont pu enfin emprunter ce passage reliant la RN11 AM (route du port) et la voie expresse débouchant sur le rond-point de Cité Djamel. Une réouverture qui tombe à pic, au moment opportun, à la veille de la saison estivale, synonyme de grand afflux enregistré sur cet itinéraire, en particulier, et dans toute la ville, en général.

Cependant, le chantier n'est pas terminé pour autant avec la remise en service de la route, puisqu'il est question d'autres travaux à mener à bout, comme la signalisation, le traitement du talus, l'aménagement du bas-côté, entre autres.

Une foret récréative à Canastel pour stopper la promotion immobilière

Après avoir coupé le ruban d'inauguration de la route du port, sous sa nouvelle forme post-opératoire, le wali a enchaîné sa tournée par le deuxième point inscrit au programme du circuit : la forêt de Canastel. Un tout autre registre de la gestion locale, du reste. Là, il était question de donner substance et réalité au texte de loi : « Le domaine forestier national est inaliénable, imprescriptible et insaisissable ». Car, selon toute évidence, cette loi -censée être au-dessus de tout- n'a pas empêché la poussée, coup sur coup, de dizaines de promotions immobilières dans le domaine forestier d'El-Menzah, et les promoteurs de tout bord ne semblent pas vouloir s'arrêter en si bon chemin et s'astreindre une zone interdite, une ligne à ne pas franchir. Celle-ci, le wali, en vieux et non moins clairvoyant routier de la « Locale », a depuis fort longtemps compris que les frontières de la forêt, ce n'est pas la nature qui les matérialise par cette ligne de démarcation forêt-ville, et que ce n'est pas avec seulement une disposition juridique dans le code, un décret présidentiel en renfort et un garde-forestier présent ou non sur les lieux qu'on peut protéger la forêt, la mettre hors de danger.

Ainsi, a-t-il donné ordre, après avoir mûri le projet et puisé toutes les démarches procédurales, de clôturer la forêt de Canastel, zone dite 2 (figurant sur le POS d'El-Menzah), qui s'étend sur une superficie de 120 ha, pour l'aménager en forêt récréative, avec la réalisation d'une clôture sur plus 1,2 km.

Hier, le wali s'est enquis sur place des derniers préparatifs avant le lancement du projet. Il a donné au Conservateur des forêts nombre d'orientations et d'instructions, tout en lui assurant d'une enveloppe du fonds de wilaya pour prendre en charge en partie la réalisation de la clôture. Aux quelques promoteurs immobiliers mitoyens au site, qu'il a estimé à juste titre que le projet de la forêt récréative gagnerait à les faire impliquer dans sa mise en œuvre, le wali a répliqué : « Je suis ravi d'entendre aujourd'hui des promoteurs, ici présents, plaider la préservation de l'espace forestier et dénoncer les actes de transgression. Mais il faut qu'on se dise les choses.

Ces mêmes voix qui prennent fait et cause de la sauvegarde de la forêt aujourd'hui, demandaient et suppléaient hier qu'on leur donne un morceau de cette même forêt pour qu'ils y érigent leurs promotions. Le site parsemé de bâtiments qu'on voit là, à perte de vue, faisait partie hier de la forêt. Et si on ne fait rien, le béton avancera. Et ce n'est pas avec le discours moral et les déclarations de bonne intention qu'on pourra arrêter la bétonisation de nos forêts », a remarqué Zâalane.