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Constantine - Personnes aux besoins spécifiques: Beaucoup reste à faire !

par A.Mallem

«Je pense qu'il est vain d'attendre la commémoration de la Journée nationale des handicapés, le 14 mars de chaque année, pour se souvenir de cette catégorie fragile de la société et se contenter de leur distribuer des fauteuils roulants», a estimé, hier, M. Moncef Benatallah, président de l'Association constantinoise de la sécurité routière, à l'occasion du séminaire national organisé dans la ville des ponts. Les personnes aux besoins spécifiques, a poursuivi notre interlocuteur, souffrant lui-même d'un handicap et qui active également au sein de l'association de wilaya de cette catégorie, endurent tant de peines tout le long de l'année et leurs besoins immédiats sont assez connus. Ils dépassent le cadre d'une simple distribution de matériel adapté au cas de chacun d'eux. «Un appareillage qui, d'ailleurs, a-t-il indiqué, s'avère souvent inapproprié et de mauvaise qualité». M. Benatallah a rappelé ensuite que les difficultés auxquelles se heurtent encore les personnes aux besoins spécifiques, toutes catégories confondues, se situent au niveau de la modicité de la prime de 4.000 dinars par mois. «Une prime qui ne sert pratiquement à rien à celui qui la perçoit», a-t-il estimé. La deuxième problématique du handicapé est l'accessibilité dans les lieux publics et les bâtiments administratifs car la majorité des services dont ont besoin les handicapés sont situés dans les étages supérieurs. Il y a enfin le grave problème du chômage qui touche 90% d'entre eux ! «Mis à part les sourds-muets qui s'en tirent plus ou moins bien en faisant n'importe quoi, les non-voyants, les handicapés moteurs et tous les autres sont réduits au chômage. Et lorsqu'ils se présentent pour demander un emploi, les employeurs leur répondent qu'ils ne possèdent pas de postes aménagés à leur handicap. Cela est tragiquement vrai pour les handicapés moteurs et ils se contentent parfois de travailler pour leur compte», a assuré M. Benatallah.

Quant à la dotation en appareils orthopédiques, que ce soit les prothèses ou les béquilles, les handicapés qui en ont besoin y vont de leur propre argent pour les acquérir. Le reste de l'appareillage pour handicapés a cessé d'être distribué parce que le matériel est inadapté au handicapé, il est lourd et comporte souvent des défauts», a terminé notre interlocuteur. Quant au séminaire que nous avons évoqué plus haut, cette manifestation à caractère national a réuni à Constantine, du 16 au 19 mars en cours, quelque trois cents handicapés venant de 17 wilayas du pays, aussi bien de l'Ouest, du centre, de l'Est et du sud-Est. Ce rassemblement considérable de personnes aux besoins spécifiques a été encadré par trois associations, l'Association nationale des handicapés, l'Association de wilaya de la catégorie et l'Association de la sécurité routière. Les hôtes de l'antique Cirta ont été accueillis dans la maison de jeunes de la cité Filali et hébergés à l'université 3 Salah-Boubnider. «Ils sont là dans le cadre d'un programme de jumelage culturel et touristique entre les wilayas», a expliqué hier une membre de l'association nationale, en ajoutant qu'ils vont développer un programme spécifique plus ou moins adapté à ce genre de personnes, qui comprend des activités sportives, culturelles, de loisirs, de tourisme et de sensibilisation de la population sur les dangers de la circulation.