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Restructuration de Ras El-Aïn, Planteurs et Couchet El-Djir: Un POS « prêt à l'usage » pour l'après-relogement

par Houari Saaïdia

Alors que le tentaculaire bidonville, perché à flanc de montagne des Planteurs, se vide de ses occupants, au gré des relogements successifs, l'avenir de cet espace déstructuré, la finalité du programme spécial initié par le président de la République, n'est plus une vue d'esprit, mais un projet à concrétiser, phase par phase, acte par acte.

Entre deux séquences festives de la réjouissance collective suscitée par le déménagement de la 3ème vague de 350 ménages, issus de ce site, relevant d'une feuille de route ciblant 2.000 foyers, le wali a levé un pan du voile sur le sort réservé à Ras El-Aïn. En réponse à une question du ?Quotidien d'Oran' sur le sujet, le chef de l'exécutif local a fait savoir qu'il existe un plan d'aménagement (en l'occurrence, un plan d'occupation des sols : POS) relatif à ce site de la ville. « Ce plan, qui fera sous peu l'objet d'une séance de présentation, en vue de l'enrichir, est l'instrument d'urbanisme qui nous orientera dans le processus de structuration et d'aménagement de ce périmètre de la ville », a-t-il précisé. Voilà qui « rassure », encore davantage, et surtout fait gagner du temps, s'agissant de l'après-démolition, de la phase post-relogement. En ce sens que l'existence d'une étude de POS ficelée et approuvée, un outil de planification qui fixe les règles générales et les servitudes d'utilisation, organise les zones urbaines ou à urbaniser (en prenant, notamment, en compte, les besoins en matière d'habitat, d'emplois, de services et de transport), protège les milieux et sites naturels, sauvegarde les patrimoines historiques et architecturaux, etc., que les pouvoirs publics comptent mettre en œuvre, est la pièce à conviction, idéale, permettant aux pouvoirs publics locaux de plaider l'opportunité d'inscription de programmes (au profit de ce site) et le meilleur raccourci pour passer du vœu à l'acquis, de la demande à l'offre.

POS approuvé : 200 ha dont 3/4 à urbaniser et 1/4 à sauvegarder

Le wali est pragmatique, loin de l'idéalisme des adeptes de l'écologisme et de la ville verte ainsi que du passéisme des nostalgiques qui se souviennent, encore et toujours, des jardins et des sources d'eau douce, du ravin de Ras El-Aïn.

« Reboiser tout le terrain récupéré, cela serait un sinistre retour à la case de départ, puisque ce faisant, nous mettrons en place, de nos propres mains, les conditions favorables à une résurgence du phénomène baraquement. L'idée est de restructurer ce secteur, de le ré-urbaniser spécifiquement tout en respectant ses caractéristiques, ses singularités, dont en prime son entourage immédiat par Sidi El-Houari», a-t-il expliqué.

Réalisée par le BET Buvor, l'étude du POS qui a été approuvée en 2001, prévoit surtout de meubler les 3/4 de ce périmètre, site s'étendant sur une superficie de 203 ha, en habitats collectifs et équipements publics, d'aménager un terrain à boiser, ainsi que quelques espaces verts et aires de détente et de loisirs, tout en sauvegardant une parcelle de 51 ha, entre patrimoine historique et site naturel. Il est utile de rappeler que sur le plan de la ville d'Oran de 1964, établi par le Service de l'Urbanisme, le ravin de Ras El-Aïn ne figure pas comme projet mais se présente sous forme de zone sans désignation, entre les groupes de quartiers Eugène-Etienne et les Planteurs, à l'Ouest, et le camp militaire dénommé Saint-Philippe à l'Est. A partir de 1975, apparaît l'étude du Plan directeur d'urbanisme d'Oran. L'examen du plan de synthèse de l'occupation du sol, montre une zone de rénovation à l'ouest de la ville et dans laquelle se situe le ravin. Elle se développe sous une vaste forme oblongue et hachurée. Une ligne abstraite la divise, transversalement, en 2 parties dont l'une est dénommée Sid el Houari, et l'autre, sans limites précises juxtapose les noms de Ras el-Aïn et Les Planteurs. Ce mode de représentation qui ne reflète pas la notion d'occupation de sol, donne à supposer qu'il n'y avait pas suffisamment de données concernant la zone et qu'elle nécessitait par conséquent, une étude particulière. En tout état de cause et selon les indications de la légende, aucun critère d'affectation ou d'usage du ravin, n'apparaît dans l'étendue délimitée. En 1988, l'Institut national de cartographie (INC) produit un plan actualisé d'Oran avec sa nouvelle toponymie. L'absence de diagnostic pour justifier les interventions se traduit par la reprise de projets qui datent de la période coloniale. Leur conception se comprenait dans l'esprit de donner au site la vocation touristique caractérisant sa structure morphologique originelle.

L'après-débidonvillisation : où trouver l'argent pour construire ?

Les bidonvilles de Ras El-Aïn, les Planteurs, Kouchet El-Djir sont considérés comme les plus anciens du pays et qualifiés en 2002, souvenons-nous, par un ministre de «véritable enfer». En 2005, une enquête, avec comme objectif de transférer quelque 12.000 ménages, avait été entamée et un projet de relogement d'envergure auquel a adhéré la Banque mondiale a été lancé. Une fois achevé, le site de Ras El-Aïn et des Planteurs devait être transformé, selon les annonces légères et à fleur de peau, de l'époque, en forêt urbaine pour faire fonction de poumon de la ville. Ce quartier a pris une tout autre dimension, suite à un exode rural massif à partir des années 70. Même sur un terrain accidenté, il était possible d'effectuer des aménagements urbains, notamment, en matière d'accessibilité. Sur ce plan, force est de constater que dans la majorité des îlots, l'accès ne peut être effectué qu'à pied et, pour preuve, la collecte des ordures ménagères se faisait dans un passé récent, à dos de mulet avant que des bacs à ordures ne soient installés pour faciliter la tâche des équipes d'éboueurs. Il faut dire, également, que l'absence de réseaux d'assainissement et d'eau courante rend la situation hygiénique de ce «quartier» des plus précaires. L'urbanisation sauvage a engendré une occupation du sol, dans un premier temps vers la forêt du Murdjadjo, donnant naissance à l'actuel quartier des Planteurs, alors que dans un second temps, c'est toute la zone du ravin vers le mont qui a été occupée.