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Seulement 21% des élèves ont été vaccinés: Un échec consommé et un transfert vers la Santé

par Moncef Wafi

Première conséquence de la campagne anti-vaccination des élèves, âgés de 6 à 14 ans, concernant la rougeole et la rubéole (R-R), le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a décrété que l'opération de vaccination n'aura plus lieu dans les établissements scolaires «mais au niveau des structures de santé de proximité spécialisées», coutumières d'opérations similaires.

En marge d'une plénière au Conseil de la Nation consacrée aux questions orales, Abdelmalek Boudiaf a regretté ce qu'il a qualifié de «rumeurs» qui ont accompagné la campagne de vaccination (R-R), programmée du 6 au 15 mars derniers et qui a été boudée par les parents d'élèves, en témoigne le faible taux enregistré par la tutelle avec plus d'un million et demi d'élèves vaccinés sur un total de 7 millions, soit un taux de 21%.

Le ministre a de nouveau réagi à la polémique qui avait entouré cette opération affirmant que l'Etat «ne mettra jamais en péril l'avenir de ses enfants ou de ses générations».

Pour montrer la bonne volonté des pouvoirs publics, le ministre a tenu à rappeler que «l'Algérie compte parmi les rares pays qui assurent la vaccination gratuitement et poursuit l'application du calendrier vaccinal national en direction des enfants». Cette mise au point intervient après l'échec consommé d'une campagne de vaccination qui a défrayé la chronique nationale.    

La polémique et les rumeurs aidant, des parents d'élèves ont interdit à leurs enfants de se faire vacciner, allant jusqu'à agresser des staffs médicaux chargés de cette démarche dans certaines régions du pays. Devant cette situation ubuesque, le ministère de la Santé était sorti de son mutisme à travers une conférence de presse où il a été question d'assurance sur la santé des élèves et la sécurité des vaccins.

Le directeur de la prévention et de la promotion de la santé au ministère de la Santé, le professeur Ismaïl Mesbah, qui avait animé le 6 mars dernier une rencontre avec les journalistes, accompagné en renfort par le représentant de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et du DG de l'Institut Pasteur d'Algérie, a affirmé que les vaccins proposés au programme du calendrier national sont «sains, sûrs et conformes aux recommandations de l'OMS». Il a insisté sur la nécessité de vacciner les enfants âgés entre 6 et 14 ans, «l'âge le plus vulnérable», contre la rougeole et la rubéole, indiquant que le vaccin est rendu «obligatoire» par les pouvoirs publics et le droit du citoyen à la santé.

Quant aux formulaires distribués dans certains établissements scolaires laissant le choix aux parents de vacciner ou non leurs enfants, le représentant du département de Boudiaf a été clair à ce propos, affirmant que le ministère n'a pas distribué de tels formulaires, ajoutant que «le carnet de santé de l'enfant» est le seul qui fait foi. Le représentant de l'OMS a, pour sa part, précisé que l'Algérie importait ses vaccins des laboratoires recommandés par l'Organisation sur la base de leur «innocuité». Le directeur général de l'Institut Pasteur d'Algérie a, quant à lui, rappelé que 7 millions de doses de vaccin avaient été soumises à des tests d'innocuité et de contrôle qualité par le Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques avant leur distribution aux unités de médecine scolaire.

Force est de constater que malgré toutes ces assurances, le message n'est pas passé. Rappelons que les ministères de la Santé et de l'Education nationale ont mobilisé pour cette campagne de vaccination 5.000 médecins et 8.000 paramédicaux au niveau de 1.800 unités de médecine scolaire à travers le territoire national.