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Algérie-UE: Réadmission de harraga contre visas Schengen

par Moncef Wafi

Bruxelles a adopté une série de projets d'un montant de 40 millions d'euros pour soutenir les énergies renouvelables et la réforme des finances publiques et faciliter les échanges commerciaux en Algérie.

Le communiqué de presse ponctuant les travaux de la 10e session du conseil d'association Algérie-Union européenne l'affirme et le détaille.

Ainsi, les deux parties ont signé pour 40 millions d'euros afin de permettre à Alger de diversifier son économie et d'améliorer le climat des affaires grâce notamment à des mesures, en parallèle du propre programme de réforme économique de l'Algérie, allant du développement des énergies renouvelables à la modernisation des finances publiques, peut-on lire sur le document. Bruxelles, par la voix de Johannes Hahn, son commissaire chargé de la politique européenne de voisinage et des négociations d'élargissement, a réaffirmé la place qu'occupe l'Algérie dans le voisinage européen, «partenaire clé de l'UE». L'objectif est d'aider l'Algérie à surmonter les «difficultés économiques auxquelles elle est confrontée» et à renforcer les liens avec les entreprises européennes, soutiendra Hahn.

Concrètement, 10 millions d'euros seront consacrés au volet énergétique à travers le développement des énergies renouvelables et de soutien à la promotion de l'efficacité énergétique en Algérie. Selon la même source d'information, ce programme permettra de mettre en place un cadre institutionnel et réglementaire pour la production d'énergie à partir de sources renouvelables et pour la mise en œuvre de projets en faveur de l'efficacité énergétique. Il devra contribuer également à promouvoir les investissements privés (nationaux et étrangers) dans ce domaine. Et qui dit énergie, pense automatiquement au gaz dont l'Europe a tant besoin pour atténuer sa dépendance vis-à-vis de Moscou et trouver de nouveaux approvisionnements.

En mai dernier, le commissaire européen en charge de l'action pour le climat et l'énergie, Miguel Arias Canete, affirmait déjà que l'Algérie constitue un partenaire fiable pour l'UE dans le domaine énergétique. Il s'agit notamment, avait-t-il précisé, du domaine gazier où les deux parties veulent accroître les investissements en amont pour que l'«Algérie gagne sa position parmi les principaux fournisseurs de l'Europe». En matière d'énergies renouvelables, l'UE avait annoncé son soutien aux mesures prises par l'Algérie en matière d'efficacité énergétique. Un soutien qui pèse désormais 10 millions d'euros.

Autant d'euros seront également versés dans le «programme de réforme des finances publiques» qui devra contribuer à moderniser la gestion des finances publiques. Une mesure, précise le communiqué de presse, au cœur du nouveau modèle de croissance prôné par l'Algérie. 20 millions d'euros seront injectés dans le «programme d'appui à la mise en œuvre de l'accord d'association» pour consolider le cadre juridique et réglementaire de l'Algérie ainsi que le renforcement de ses capacités institutionnelles pour que le pays puisse saisir les opportunités offertes par cet accord qui prévoit l'instauration d'une coopération et d'une zone de libre-échange avec l'UE.

Au chapitre de la coopération bilatérale et depuis 2011, l'UE a fourni à l'Algérie une assistance financière totalisant 273,3 millions d'euros, affirme-t-on. Sur la période 2014-2017, la coopération entre l'UE et l'Algérie s'est concentrée sur la réforme de la justice, le renforcement de la participation des citoyens à la vie publique, la réforme du marché du travail et l'emploi, ainsi que la diversification de l'économie. Pour les années 2018 à 2020, cette coopération visera principalement les priorités du partenariat nouvellement définies comme le dialogue politique, la gouvernance, l'Etat de droit et la promotion des droits fondamentaux ou encore les échanges et l'accès au marché, le partenariat sur l'énergie, le changement climatique, l'environnement et le développement durable, le dialogue stratégique et la sécurité ainsi que les migrations et la mobilité. A propos de ces deux derniers points, et selon la presse espagnole, Alger a accepté lors de cette 10e session de répondre à la demande de Bruxelles de réadmission des sans-papiers algériens présents en Europe en échange d'une plus grande souplesse dans l'octroi de visas Schengen.

L'Algérie a déjà été critiquée aussi bien par l'Allemagne que la Belgique sur sa politique de réadmission de ces immigrés illégaux et cet accord pourrait faire les affaires de Merkel, déboutée sur cette question par la chambre haute du Parlement allemand.

Pour Bruxelles, la coopération dans l'expulsion des immigrants illégaux «doit s'améliorer». 3.900 Algériens ont été rapatriés sur les 16.065 expulsions décidées en 2015 par les pays européens qui soulignent «des difficultés majeures» quant à leur identification par les autorités algériennes et l'émission des documents nécessaires à leur rapatriement.

L'ensemble des Etats membres a également émis 530.000 visas de court séjour pour les Algériens, ce qui place l'Algérie à la septième place au monde parmi les pays qui en ont le plus bénéficié.