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Sécurité routière: Le permis à points ne va pas tout régler

par Yazid Alilat

L'introduction prochaine du permis à points «ne va pas tout régler» en matière de réduction du nombre des accidents de la route, a estimé hier lundi le directeur du Centre national de lutte et de prévention routière, M. Naït El Hocine Ahmed.

Il a expliqué dans une intervention à la radio nationale que les nouvelles dispositions en matière de sécurité routière, adoptées fin 2016 par le Parlement, sont «en instance d'application». «Le projet de loi relatif à la police de la circulation routière est en instance de publication (au JO). Nous attendons cette publication pour engager les textes d'application de la loi, qui sont prêts au ministère de l'Intérieur», a-t-il souligné. Parmi les dispositifs de ce texte de loi, il y a la Délégation à la sécurité routière, qui prendra en charge le futur centre national de prévention et de sécurité routière et le centre national du permis de conduire».

M. Naït El Hocine précise que «l'entrée en vigueur du système du permis à points nécessite tout un environnement dont la création de la Délégation à la sécurité dont le fichier national du permis de conduire et infractions et le système national de collecte des données». Tout sera mis en place, précise-t-il, «après adoption du décret exécutif portant application de ce nouvel organe». La nouvelle délégation aura de «larges prérogatives dans la gestion de la sécurité routière», précise-t-il. Mais, prévient M. Naït El Hocine, le permis à points «à lui seul ne va pas régler le problème des accidents de la route». Car, souligne t-il, «la politique de la sécurité routière est tout un ensemble, dont les moyens de contrôle, qui doivent évoluer». «En 1983, il y avait deux millions de voitures, et aujourd'hui nous sommes à huit millions de véhicules, on doit donc aller vers l'amélioration du système de surveillance, comme il faut des investissements pour cela». Sur le permis à points, il a expliqué qu'un travail de vulgarisation doit être fait, et pour la défalcation des points, cela dépend du type d'infractions. «Nous allons adjoindre au système actuel de sanctions, un retranchement de points, c'est facile à appliquer. Les auteurs de toutes les infractions citées dans la première catégorie se verront défalquer un point» sur les 24 que comptera le nouveau permis de conduire à points. «Une fois le système à points adopté, il n'y aura plus de retraits de permis, sauf dans les cas de grands délits routiers», explique-t-il, car «c'est à l'issue de l'épuisement total des 24 points que le permis sera retiré». Il y aura en outre un système automatisé «pour éviter toute intervention dans le retranchement de points», dit-il.

Par ailleurs, M. Naït El Hocine a rappelé la baisse du bilan des accidents de la route en 2016, avec 28.600 accidents, soit un recul de 18,2%. L'autre aspect très positif est la baisse de 13% du nombre de morts, soit 618 vies épargnées par rapport à 2015, alors que le nombre de blessés a baissé de 21,41%, soit 11.947 personnes épargnées. Pour autant, l'aspect le plus préoccupant de ce bilan est la hausse des jeunes victimes de l'insécurité routière, avec un bilan de 1.608 jeunes de moins de 30 ans, qui ont perdu la vie en 2016, alors que le nombre de blessés, de la même tranche d'âge, est de 23.300 personnes, qui «vont garder des stigmates irréversibles. Il y a énormément de jeunes qui vont être assistés toute leur vie», déplore M. Naït El Hocine.

Il y a, selon lui, 35,35% des jeunes de moins de 30 ans qui sont impliqués dans les accidents de la route. 31% ont un permis de conduire de moins de deux ans. «Ce qui pose des questions sur l'accès au permis de conduire», fait-il remarquer. «Le système actuel de la formation doit être revu au regard de la large proportion de titulaires de permis de moins de deux ans impliquée dans les accidents de la route».

En outre, il estime que le système d'examen pour l'obtention du permis de conduire «est défaillant». Et, si «l'accès à l'examen est ouvert à tous les Algériens, ce n'est cependant pas un droit. Il faut revoir les systèmes d'examen, on doit adopter celui en vogue dans les autres pays, avec l'application du multimédia, qui évite les interventions», préconise-t-il. Il souligne que «nous devons donner la crédibilité à cet examen, et ne mettre sur le circuit que les chauffeurs aptes à conduire». En 2016, 3.306 personnes ont trouvé la mort et 25.705 autres ont été blessées dans 14.452 accidents de la route, selon un bilan définitif de la Gendarmerie nationale.