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Boumerdès: Abdelkader Alloula revient

par O. M.

Organisée à l'initiative de l'association culturelle «Cirta», une journée d'étude sous le thème ?L'œuvre théâtrale de Alloula' a réuni avant-hier au théâtre de la ville des Issers une vingtaine de participants qui se sont relayés dans des communications consacrées à l'homme et à son œuvre, disparu en mars 94. Pour Moussa Delci, le président de l'association Cirta, «l'envergure de l'homme, son travail et ses œuvres ne doivent pas tomber dans l'oubli, c'est pourquoi nous lui avons dédié cette journée». Les communicants ont été unanimes pour reconnaître que Alloula était en avance sur son temps du fait, relève le Marocain Abdelkrim Belrachid, qu'il était l'un des rares hommes de culture algériens à oser aller vers les gens et à tenter de leur communiquer un message d'amitié et d'espoir à travers ses «halka». L'auteur de Lejouad (les généreux) considérait l'art comme un moyen d'aider les gens. Pour ce faire, il mit en œuvre une autre manière de faire du théâtre puisant pour la circonstance dans le quotidien de la culture populaire. Abdelkader Alloula s'intéressait, en premier lieu, aux formes populaires associées aux performances de l'acteur. Là, note le communicant, «Alloula a plus appris au contact de petites gens qu'elles de lui». Il s'est plongé dans l'âme du théâtre, le Gouwal et la Halqa étaient les deux structures autour desquelles s'articulaient la recherche et la réflexion de cet auteur qui tenta de transformer radicalement la structure théâtrale. Le Dr Belrachid, (ex-conseiller du ministre marocain de la Culture) trouve beaucoup de similitude entre le théâtre algérien et marocain, qualifiant les œuvres de Alloula comme patrimoine maghrébin où le conteur tient un rôle important de par sa fonction fondamentale qui est de narrer et de raconter à un public des histoires et des récits qui captivent son attention et qui l'incitent à être partie prenante du récit, reprenant Jean Villard qui disait que «le théâtre est un service public». Pour sa part, le chercheur Abdelkrim Ghribi est revenu sur «l'impact du théâtre de Alloula sur la culture nationale». L'enseignant des arts dramatiques à l'université de Saïda a traité, dans sa communication, l'approche et la vision de Alloula sur plusieurs plans dont celui d'accorder l'intérêt à la classe ouvrière et moyenne qu'il considère comme la locomotive de la société, avançant que Alloula a opéré la rupture avec le théâtre de fiction basé sur le divertissement et s'est penché sur le théâtre objectif qui éveille la conscience. Au moment où Omar Fettmouche, auteur, comédien et metteur en scène, s'informa sur le travail de réflexion du disparu entre référence au théâtre italien et le recours à la forme de la Halqa. Pour le journaliste et homme de théâtre, H'mida Layachi, «Abdelkader Alloula tentait dans ses pièces, surtout, de donner à voir un théâtre à l'écoute du public, s'articulant essentiellement autour des préoccupations de ceux qu'on appelle avec un mépris mal dissimulé, les petites gens, ce qui a contribué énormément à hisser vers le haut le théâtre algérien». La journée a permis aux présents aussi de profiter de la projection vidéo de la pièce «Laalegue» (Les sangsues) qui traite de la bureaucratie, avec un meddah magistralement interprété par un autre géant du théâtre algérien, Azzeddine Medjoubi.

En marge de la journée, nous avons rencontré le réalisateur Ali Aïssaoui qui est revenu sur sa relation longue avec Alloula, sur le film consacré à l'enfant de Ghazaouet et sur les difficultés rencontrées pour mener à bien l'émission «Fadhaet el Misrah» (Espaces du théâtre). A ce sujet, Aïssaoui compte relancer prochainement l'émission phare sur le théâtre algérien : «Nous avons entrepris un large travail pour une nouvelle saison autour des dernières créations et bien sûr en plus de quelques surprises mettant en valeur le travail de ces hommes de la planche».