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Automobile: Le projet Peugeot dans le flou

par Yazid Alilat

Le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdeslam Bouchouareb, a démenti hier dimanche qu'il y a une «profusion de projets» dans la construction ou le montage automobile.

Il a affirmé à la radio nationale qu'«il n'y a pas de profusion de projets» dans la construction automobile en Algérie. M. Bouchouareb a expliqué que «je me bats toujours pour que le projet qui ne soit pas viable dans le temps, qui ne présente pas des garanties à travers un pacte technologique signé avec le constructeur pour monter à 40% d'intégration sur cinq ans, on s'y opposera ; en tout cas le gouvernement ne le laissera pas passer». Le ministre a confirmé en outre que sur le volet des constructions mécaniques, «on est dans le montage». Le premier constructeur installé sur le marché algérien, le français Renault, a dépassé le taux d'intégration de 20%, a-t-il dit, avant de préciser qu'il avait démarré à moins de 10% de taux d'intégration. «Un projet qui ne présente pas de garantie de 40% d'intégration sur cinq ans, ne sera pas agréé, car à plus de 40% nous sommes compétitifs et on peut monter une industrie automobile et développer le marché de la pièce de rechange, qui représente ailleurs une valeur de 5 à 6 milliards de dollars d'exportations», a souligné M. Bouchouareb. Pour lui, «Renault a dépassé les 20% d'intégration et a en projection 40% en 2019», a-t-il ajouté. Pour le constructeur sud-coréen Hyundai, il a indiqué que «nous l'observons, et s'il n'y a pas une montée dans l'intégration nationale, le contrat sera rompu», et ce sera, a-t-il ajouté «le même principe pour VW». Pour le ministre de l'Industrie, il y a un «cahier des charges» qu'il faut respecter, et qui prévoit notamment un allégement fiscal lié également à l'amélioration du taux d'intégration, «pour inciter à construire un véritable tissu industriel en Algérie.

C'est un pacte technologique, qui a été signé en ce sens par le constructeur pour qu'il monte en cadence vers le niveau des 40% et a tout intérêt à s'intégrer et être fort sur le marché». Quant aux discussions avec l'autre grand constructeur automobile français, Peugeot, le ministre s'est borné à dire qu' «elles continuent entre les différentes parties». «Dès que les positions se rejoignent, nous l'annoncerons. Mais, nous ne sommes pas dans ce cas aujourd'hui», a-t-il précisé.

Par ailleurs, sur les investissements, le ministre de l'Industrie a indiqué que le comité de veille installé dernièrement «est là pour observer l'investissement d'une manière globale.

Il est encadré par la loi», car «la nouvelle loi sur l'investissement a institué un recours pour les investisseurs qui se sentent lésés».

M. Bouchouareb a expliqué qu'il y a en fait deux comités au niveau ministériel, l'un pour l'amélioration du climat des affaires et le second chargé du suivi du pacte économique et social. Il a relevé en outre que le secteur industriel connaît une grande activité durant ces dernières années, dont la mise en œuvre de six lois sur l'investissement, la PME, la normalisation, la métrologie et deux étant en cours, la révision sur la loi minière et la loi sur les partenariats public et privé dont on a fait référence au niveau de la tripartite.

Quant aux blocages des investissements, il a estimé qu'ils se «situent ailleurs». Et, «en dessous des 500 millions d'investissement, il ne peut y avoir de blocage», affirme-t-il, car au-delà de cette somme, l'autorisation doit être délivrée par le Conseil national de l'Investissement (CNI). Pour autant, l'investissement n'est pas en déclin en Algérie, affirme-t-il. «Je m'inscris en faux. Nous sommes en augmentation depuis 2015, on est à 7.000 projets. En valeur cela représente plus de 19% et 15% de hausse pour l'emploi?Jamais on a autant investi dans le pays depuis 2015, et cela se confirme en 2016», soutient le ministre de l'Industrie et des Mines qui explique que «l'IBS a augmenté de 27% en 2016, et comme le taux n'a pas été augmenté, donc il y a un élargissement de l'assiette fiscale, et donc hausse des entreprises». Selon le ministre, il y a eu «6 % de hausse en termes de création d'entreprises dans les biens et services, avec une croissance à deux chiffres, soit 11%».           Le textile se porte bien, selon le ministre qui a indiqué que le projet de partenariat avec un groupe turc va entrer en production en juin avec une des huit unités du complexe, avec des prévisions d'exportation de 60% de la production, «et des contrats d'exportation de deux milliards de dinars sont inscrits pour ce projet». Il a également abordé les autres projets en cours, dont ceux de Bellara et de Saidal avant d'annoncer, comme pour le rond à béton, que l'Algérie sera autosuffisante dès 2018 en acier et rond à béton avec l'entrée en production de ces projets. Ces projets représentent, selon M. Bouchouareb, un investissement global de 5 milliards de dollars. Optimiste, il a annoncé que le secteur industriel a réalisé en 2016 un taux de croissance de 3,9%, et aurait atteint les 4% s'il n'y avait pas les problèmes de la SNVI et d'El-Hadjar.

Pour la production du ciment, le ministre a annoncé que le groupe GICA va bientôt se redéployer pour exporter, et «nous avons les moyens d'être autosuffisants dès la fin 2016-2017. Nous sommes en autosuffisance, et les installations qui vont entrer en production vont nous permettre d'être en situation d'exportation. On prépare deux plateformes à GICA, pour exporter le ciment».

S'il a affirmé qu'il n'y a pas d'interdiction des importations, M. Bouchouareb a également précisé que la tendance actuelle est à l'encouragement de la substitution aux importations, notamment dans la filière de la pièce détachée, qui représente selon lui une ardoise annuelle d'un milliard de dollars, alors que les Tunisiens en exportent pour une valeur de 5 milliards de dollars. «C'est ce qui nous a encouragés à aller vers ce gisement très important hors hydrocarbures, mais aussi pour rationaliser les importations».

Quant à la reprise d'El-Hadjar, il a expliqué qu'il coûtait «toutes les années 20 à 30 milliards de dollars avec le partenaire, qui faisait travailler ses structures internationales sur le dos d'El-Hadjar. Cela ne pouvait plus continuer». Le ministre soulignera qu'«il était évident que l'Etat récupère tous les actifs pour lancer le plan de modernisation d'El-Hadjar et les mines de Boukhadra et Ouenza. C'est la politique du secteur».