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La campagne boudée dans les écoles: Les parents d'élèves refusent de vacciner leurs enfants

par Sofiane M.

Le lien de confiance entre les autorités sanitaires et la population a été rompu sous l'effet de la série d'esclandres qui a ébranlé, ces derniers mois, l'opinion publique nationale.

Le malheureux épisode du vaccin Pentavalent qui a endeuillé de nombreuses familles à travers le pays a laissé des séquelles difficiles à guérir et lourdes de conséquences.

Il est 7h50 devant le portail d'une école primaire à Oran- Est, une dizaine de parents d'élèves s'agglutinent à l'extérieur. D'autres, qui ont pu s'introduire à l'intérieur, encerclent le directeur de l'école. Le chef de l'établissement est harcelé de questions par des parents d'élèves inquiets et pleins de suspicions. Dès l'annonce du lancement, au début de cette semaine, d'une nouvelle campagne nationale de vaccination contre la rougeole, la rubéole et le syndrome rubéoleux congénital, le doute, la suspicion et la méfiance se sont installés parmi les parents et les élèves. «Je refuse que mes enfants soient immunisés avec ce vaccin», interpelle un parent d'élève le directeur de l'école. La tension est palpable, les parents d'élèves semblent déterminés : «Ne les laissez pas vacciner nos enfants» ! avertissent-ils. Le chef de l'établissement rétorque : «Ce vaccin n'est pas obligatoire. On va vous prévenir du jour où les médecins viendront à notre école». Les assurances du directeur ne semblent aucunement rassurer les parents. Il est de nouveau dérouté par des questions insistantes. Les explications sur les futurs bienfaits de ce vaccin sur la santé des enfants sont balayées d'un revers de main par les parents. «Je n'ai jamais pris ce vaccin et pourtant je me porte bien. Ma fille ne fera pas de vaccin, un point c'est tout» ! affirme ce père. La tension monte d'un cran. Un parent d'élève lance: «Je ne fais confiance ni au ministre de la Santé, ni à celui de l'Education nationale, ni au gouvernement. Cette louche affaire est une ruse pour détourner plus d'argent public», soutient-il. Une prise de position radicale qui est partagée par un bon nombre de parents d'élèves qui voient d'un mauvais œil l'annonce «soudaine» de cette campagne de vaccination. «La rougeole et la rubéole, c'est des maladies presque bénignes de l'enfance, alors, on peut se passer facilement de cette immunisation. Qui n'a pas eu de rougeole et de rubéole dans son enfance» ? s'interroge ce père tout en ajoutant que pour le syndrome rubéoleux congénital, il existe des vaccins pour les femmes enceintes. Des petits écoliers que nous avons rencontrés étaient étrangement bien informés sur la polémique provoquée par ce vaccin. «Je ne veux pas être vaccinée car j'ai appris de ma mère que ce vaccin est dangereux», déclare cette petite écolière. La rumeur sur les risques encourus par les enfants a circulé telle une traînée de poudre dans les écoles et les collèges de la ville. Certaines écoles auraient refusé, sous la pression des parents, l'accès aux médecins des UDS (unité de santé scolaire), selon des bribes d'informations collectées ici et là. L'information a été toutefois démentie hier matin par l'académie. Des personnels de santé ont même conseillé, sous couvert de l'anonymat, des parents d'élèves de bouder ce vaccin. De nombreux médecins refusent catégoriquement d'être immunisés par le vaccin contre la grippe saisonnière pourtant délivré à titre gracieux. Le personnel médical redoute des effets secondaires du vaccin. En 2009, près de 90% du personnel médical de la santé publique avait boycotté la campagne de vaccination contre la grippe et ce, en dépit des assurances des responsables du Programme de lutte et de prévention contre la grippe saisonnière, chapeauté par le Groupe régional de l'observation de la grippe (GROG), rappelle-t-on. Les médecins d'Oran ne sont pas les seuls à refuser d'être immunisés contre la grippe. Des médecins et des infirmiers de nombreux pays en Europe et en Asie ne veulent plus de ces vaccins. Les assurances de l'OMS et de l'Agence européenne du médicament n'ont pas réussi à rassurer le personnel médical à travers le monde. Il importe de noter que la DSP a réceptionné un lot de 300.000 doses de vaccin pour immuniser 270.000 élèves des cycles primaire et moyen contre la rougeole et la rubéole.