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Economie: Sellal veut rassurer

par Ghania Oukazi

  Plus rassurant que le 1er ministre, il n'existe peut-être pas. Chiffres à l'appui, il fait savoir à ses partenaires économiques et sociaux que «l'Algérie commence à enregistrer les premiers résultats de son renouveau économique et social».

«Après Biskra en 2015, la tripartite délocalise pour la seconde fois ses travaux en dehors de la capitale pour marquer encore plus fort notre volonté commune d'assurer un développement socioéconomique harmonieux et équilibré entre les différentes régions du pays», a commencé le 1er ministre à noter dans son allocution d'ouverture. Il estime d'emblée que «les éléments de conjoncture commandent de rester vigilants sur le plan budgétaire, afin de soutenir la gestion de la vie socioéconomique du pays car il est important de rappeler que les efforts importants de l'Etat pour soutenir la croissance et honorer les engagements sociaux sont déployés dans un contexte mondial de décélération de la croissance et où le gouvernement travaillait en parallèle sur trois fronts : la maîtrise de la dépense publique, la réduction des importations et le soutien à l'investissement productif». Il rassure cependant que «le gouvernement est parvenu à stabiliser le cadre macroéconomique sans pratiquer une politique d'austérité et a privilégié la recherche constante de la croissance et de la création de richesse à la gestion comptable froide et cynique». Il fit savoir alors qu' «en rationnalisant l'exécution de la dépense publique et en ciblant les niches de gaspillage, nous avons pu obtenir une stabilisation du budget de fonctionnement ainsi qu'une réduction notable de celui d'équipement».

Les réserves de change se stabilisent à plus de 112 milliards de dollars et le niveau de liquidité dans les banques a atteint en janvier 2017, 1.037 milliards de dinars «contrairement aux présages alarmants de certains», dit-il. La rationalisation en matière d'importations a permis, selon lui, de passer de 66,6 milliards de dollars en 2014 à 35 milliards en 2016. «Nous visons pour l'année en cours une réduction supplémentaire de 5 autres milliards de dollars», avance-t-il. Il est convaincu que «ces résultats ont été obtenus sans créer des situations de pénurie ou de non approvisionnement de l'appareil national de production(?), ce qui a permis la substitution aux marques étrangères et a facilité la mise en place d'un dispositif de licence d'importation simple, équitable et transparent».

Les chiffres «rassurants» du 1er ministre

Objectifs visés, dit-il, «un taux de croissance de 3,9% avec une progression des segments hors hydrocarbures de 3,7%, la stabilisation de l'inflation au niveau de 4% et la clôture de l'exercice avec des réserves de change supérieures à 100 milliards de dollars». Il promet qu'en juin elles seront à 94 milliards de dollars. Il annonce dans la foulée «un train de mesures financières et fiscales allant dans le sens de la simplification et de la transparence tout en continuant à développer les crédits à l'économie qui passeront de 9.100 milliards de DA en 2016 à 11.400 milliards pour 2017, soit une progression de près de 25% alors qu'ils étaient de 5.156 milliards en 2013». Les transferts sociaux cumulent, selon lui, «1.630 milliards de DA (23,7% du budget de l'Etat)».

Il pense néanmoins que «des instruments alternatifs et innovants de financement de l'économie sont et seront mis en place et encouragés à l'instar du marché financier et du partenariat pour l'investissement». Sellal relève cependant «la duplication d'activités similaires et le phénomène de saturation dans certaines filières (minoteries et cimenteries) alors que des segments entiers de production et de services demeurent quasi vierges et nous contraignent à la prestation extérieure».

Le 1er ministre prévient que «l'Algérie brave la conjoncture économique et les tentatives de déstabilisation, elle commence à enregistrer les premiers résultats de sa démarche de renouveau économique et social». Ainsi fait-il savoir que «si nous obtenons aujourd'hui une progression significative du produit de la fiscalité ordinaire (+ 10% entre 2015 et 2016), cela n'est sûrement pas le fait des prélèvements sur les salariés dont le nombre n'a varié que légèrement à la hausse mais bien du secteur économique où de nombreux projets sont entrés en phase d'exploitation». Pou lui, «la réforme de plusieurs textes législatifs ainsi que le niveau de professionnalisation de nos services de sécurité permettent l'obtention d'excellents résultats dans la lutte contre la corruption qui a vu ces trois dernières années le traitement de 5.498 affaires devant les tribunaux couvrant la corruption (3.058), l'évasion fiscale (144), l'infraction douanière et les mouvements illicites de capitaux (2.299)».

«Il faut défonctionnaliser l'économie nationale»

Sellal conclut en soutenant que «c'est un combat sans relâche(?), car en plus d'être une pratique illégale et immorale, la corruption sape le moral des citoyens et érode la confiance au sein de la société».

Le secrétaire général de l'UGTA enchaîne en soutenant que «la sécurité économique nationale est aujourd'hui au centre de nos préoccupations et actions pour construire un patrimoine économique national durable». Il estime alors que «le contexte actuel mondial nous exige de valoriser et de faire confiance à l'entreprise, qu'elle soit publique ou privée(?).»

Abdelmadjid Sidi Saïd pense qu' «il est nécessaire aujourd'hui de défonctionnaliser l'économie nationale en restituant ses titres de noblesse, d'initiatives et de décisions à l'entreprise et à son manager». Il estime que «le tutorat doit accompagner et non se substituer à l'entreprise, l'épanouissement de l'investissement sans contraintes absolues doit être notre maître-mot». Sidi Saïd affirme à cet effet que «le développement durable doit être assis sur une industrie-moteur qui consacre la production nationale et la consommation citoyenne algérienne». Il affirme qu' «à ce titre, il faut favoriser l'éclosion d'une dynamique d'investisseurs innovateurs et porteurs de projets facilitant la ré-industrialisation de l'Algérie».

Ce qui selon lui oblige à «une nouvelle démarche industrielle et la guerre contre le phénomène de l'importation néfaste à l'économie et à l'emploi». Il appelle le gouvernement à «redonner à l'investissement tous ses attributs d'actions loin de toute contrainte(?)».

Pour le président du FCE, «ce n'est que par le consensus que nous sortirons victorieux». Les animateurs des organisations patronales dénoncent eux aussi les blocages et la bureaucratie.