Les patriotes
devront théoriquement marcher aujourd'hui à Alger. Ils l'ont promis au cas où
leurs doléances ne seraient pas prises en compte. Pourtant, il y a peu de
chance que cette marche ait lieu connaissant l'allergie officielle à toute
forme de manifestation, aussi pacifique soit-elle, surtout dans les rues de la
capitale même si les patriotes avaient annoncé la couleur, en amont, en mettant
en garde contre toute tentative de les empêcher de marcher. «Nous lançons un
appel aux services de sécurité pour nous soutenir dans notre action»,
avaient-ils déclaré. Quoi qu'il en soit, les patriotes veulent faire entendre
leurs voix et avoir une visibilité médiatique pour faire avancer leur dossier
qui, pour eux, est au point mort. Cette marche, un ultimatum dans leur verbe,
est une étape nécessaire pour qu'on daigne prendre en charge leurs attentes
socioprofessionnelles. Une menace de réinvestir la rue brandie lors d'une
rencontre tenue au siège du RCD, à Alger, où l'Organisation nationale de
défense des droits des patriotes avait fait savoir que les 116.000 patriotes
«qui ont défendu le pays contre le péril terroriste» sont prêts à tout pour
leurs droits. «Tant que nos droits sont ignorés, nous restons mobilisés jusqu'à
satisfaction de nos revendications». Ils ont tenu à dénoncer «les multiples
engagements non tenus», expliquant ce recours à une marche nationale par leur
situation de précarité. Les responsables de l'Organisation se sentent trahis,
rappelant l'existence d'un décret présidentiel définissant leurs droits. Pour
eux, le premier responsable de cette situation est connu puisqu'il s'agit de Ouyahia qu'ils attaquent
violemment et ouvertement. Rappelons que face aux doléances sociales exprimées
par les patriotes, le ministère de la Défense nationale (MDN) avait réagi, dans
un communiqué, en apportant des éclaircissements à ce propos. Le MDN souligne que depuis la dernière réunion de travail, le 1er
juin 2016, à laquelle ont pris part des représentants des citoyens volontaires
ayant participé aux opérations de lutte contre le terrorisme, aux côtés des
éléments de l'Armée nationale populaire, «les services sociaux du ministère de
la Défense nationale, de concert avec ceux du ministère du Travail, de l'Emploi
et de la Sécurité sociale, s'attellent à l'étude et la régularisation, au cas
par cas, des dossiers relatifs à leurs pensions de retraite proportionnelle
exceptionnelle, par le biais de la Caisse nationale de retraite». Le MDN
précise pour ce cas que l'opération demeure toujours en cours jusqu'à la
régularisation de tous les dossiers concernés. Les patriotes, qui se disent
lésés et marginalisés, ne cessent de réclamer des pouvoirs publics
l'application des dispositions contenues dans le décret présidentiel n°68, et
promulgué dans le Journal officiel en 2013, qui stipule en son article 77 que
«tout citoyen ayant participé à la lutte antiterroriste et ayant par conséquent
fait partie des forces combinées de sécurité a le droit à la retraite et autres
avantages attachés à cette qualité».