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Des appels d'offres seront lancés: Les investisseurs étrangers à la rescousse de l'agriculture

par Moncef Wafi

  L'Algérie lancera cette semaine un nouveau cycle d'appels d'offres en direction d'entreprises étrangères pour investir dans son secteur agricole, selon Reuters, citant une source du ministère de l'Agriculture. Une démarche qui vise à booster la production nationale et surtout réduire sa forte dépendance alimentaire à l'étranger qui représente plus de 20% du total de la facture des importations, qui ont atteint 46,72 milliards de dollars l'an dernier, avec des revenus énergétiques de 27,5 milliards de dollars contre 35,7 milliards de dollars l'année précédente et de 60 milliards de dollars en 2014. 28 fermes pilotes sont concernées par l'appel d'offres pour manifestations d'intérêt qui visera aussi bien les investisseurs nationaux que les partenaires étrangers, ajoute la même source d'informations. Cette dernière explique que la chute des prix du pétrole a incité le gouvernement à prendre des mesures, y compris l'approbation d'une nouvelle loi sur les investissements, l'année dernière, qui offre des incitations pour les hommes d'affaires privés et étrangers qui cherchent à mener des projets dans le secteur non pétrolier. «L'objectif est de mettre en place des coentreprises pour gérer et exploiter des fermes, mais la terre restera propriété de l'Etat», a déclaré la source ministérielle. Les soumissionnaires gagnants détiendront une participation minoritaire dans ces fermes qui seront implantées dans tout le pays, conformément à la loi qui limite à 49% la participation étrangère dans tout projet d'investissement.

Pour rappel, plus tôt cette année, Tifralait et Lacheb ont signé un accord de 300 millions de dollars avec l'American International Agriculture Group (AIAG) pour développer conjointement des projets sur une superficie de 25 000 hectares à El Bayadh et Adrar pour produire des céréales, des pommes de terre, des produits laitiers et des aliments pour bétail. Pourtant, l'implantation de mégaprojets agroalimentaires dans le Sud algérien a soulevé une controverse parmi la communauté d'experts algériens qui reproche à ces fermes-usines d'être un risque pour les nappes phréatiques de la région. En évoquant ces mégaprojets, on parle d'agrobusiness modèle économique «adopté en premier lieu, en Amérique latine». On précise que la nouvelle politique agricole en Algérie s'articule sur la création de ces projets de grande envergure de plus de 10 000 ha dans le Sud, fruits de partenariat entre des nationaux et des étrangers avec une surface de 600 000 ha qui leur sont réservés pour se tourner essentiellement vers la production de céréales, la pomme de terre et le lait. Si leurs concepteurs avancent théoriquement des chiffres optimistes en termes de production et de création d'emplois, le revers de la médaille est certainement omis par nécessité de profits immédiats.

Alors qu'il existe 32 millions d'hectares d'excellentes terres en Algérie, le pays est parmi les premiers sinon le premier importateur de céréales. Des terres qui, pourtant, ne donnent rien en comparaison avec les 3 millions ha en Californie qui engrangent annuellement 600 milliards de dollars et le 1,6 million d'hectares en Espagne qui fournit au pays 400 milliards de dollars.