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Bouira: La violence sur les femmes en question

par Farid Haddouche

134 cas d'agressions envers des femmes et des filles ont été enregistrés en 2016 en milieu urbain, selon les statistiques données par le lieutenant Abdelkrim Akli, chef de la cellule de l'analyse criminelle à la sûreté de wilaya de Bouira. Les violences exercées vont des coups et blessures volontaires, mauvais traitements au harcèlement sexuel en passant par les délits de l'inceste et de l'attentat à la pudeur. Il a été également constaté que la violence physique est la forme la plus exercée dans la société, puisque sur les 134 cas enregistrés, 101 relèvent de la violence physique, selon l'analyse faite par l'intervenant. S'agissant de l'endroit où s'exerce la violence vis-à-vis de la femme, celle-ci dévoile que la plupart des agressions se produisent dans les domiciles (68 cas), contrairement aux lieux publics (58 cas). Et aussi, les violences se passent beaucoup plus de nuit (88 cas) que le jour (79 cas). Pour sa part, le représentant de la Gendarmerie nationale, le commandant Abdelkrim Hamdi, a dressé un constat alarmant sur la violence exercée sur la femme rurale, étant donné que cette zone relève de leur compétence. Ses services ont enregistré plus d'une cinquantaine cas de violences faites sur la femme en milieu rural. 22 cas représentant les coups et blessures volontaires, 19 cas d'injures et menaces, 7 cas d'enlèvements, 2 cas d'outrage, 2 cas d'atteintes à la pudeur et un cas de diffusion de photos de femmes sur Internet à des fins de chantage. Le commandant dira : «Vous savez fort bien que la femme rurale ignore ses droits, privée d'instruction, et pour des conventions morales mal interprétées, elle est considérée comme le maillon faible de la cellule familiale.

En conséquence, elle subit énormément d'atteintes contrairement à la femme citadine qui est plus ou moins émancipée. Je souhaiterais fort bien que le milieu associatif contribue à faire en sorte à sensibiliser sur la revendication très importante de l'émancipation de la femme rurale». A cet effet, il a été convenu avec ces services dont la coordination est certaine, d'organiser assez souvent des journées de sensibilisation sur la lutte contre le fléau de la violence à l'égard de la femme, en impliquant le mouvement associatif qui est un support non négligeable. Dans le but de savoir quelles sont les propositions de lois prônées dans la réforme du code de procédure pénale, s'agissant particulièrement du volet des droits de la femme, nous avons pris attache avec la bâtonnière Me Ouafya Sidhoum qui est convaincue et engagée, ne ratant aucune occasion pour porter haut et fort la cause de la femme dans la défense de ses droits, et notamment dans ses démarches dans les propositions formulées dans le projet des réformes de procédure pénale en cours. Cette dernière a admis que « la femme algérienne continue d'être confrontée à plusieurs obstacles dans sa difficile quête pour son émancipation. Certes, il y a des victoires menées par la femme algérienne depuis l'indépendance, mais, par exemple, la violence exercée sur la femme rurale et la femme au foyer est à déplorer et n'a pas évolué de manière très attendue. Cela étant dit, il y a réellement un durcissement des peines à l'encontre des auteurs de violence contre la femme, avec la nouvelle loi en vigueur qui fixe des peines d'emprisonnement allant jusqu'à l'emprisonnement à vie.

Cette nouvelle disposition doit dissuader plus d'un à commettre ce délit. Pareillement, pour ce qui est de l'époux qui abandonne sa femme sans raison. Le délit de harcèlement sexuel qui, communément, se perçoit dans l'administration et autres institutions, contient également des modifications dont les sanctions se sont élargies aux lieux publics». En abordant le nombre de 100 à 200 femmes décédées suite aux violences exercées sur elles, d'après des statistiques fournies, la défenseure s'interroge : «Est-ce que notre société préfère qu'il y ait autant de violence perpétrée à son encontre, ou bien favorise-t-elle l'application des nouvelles dispositions de la loi renforcées progressivement ?» A cet effet, l'emprise du système patriarcal a été évoquée, d'où l'importance des cas de femmes qui ont saisi les instances judiciaires pour avoir été violentées et se sont rétractées après, suite à des pressions employées sur elles par leurs parents, pour retirer leurs plaintes. Cette forme de condition concerne les violences conjugales que la bâtonnière assure : «J'avantage le divorce entre les époux, au lieu que la victime continue à subir les brutalités incessantes de son vis-à-vis. Ainsi, la femme sera saine et sauve. Et croyez-moi, dans ma profession, j'ai eu à traiter des cas d'inhumanité exercée par des époux sur leurs épouses que je juge inqualifiables». Ce pour quoi, l'avocate réaffirme qu'elle mettra toute sa compétence et sa détermination afin de faire évoluer les droits de la femme, qui continue malencontreusement à être sous l'emprise des attaques de toutes parts.