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Emprunt obligataire: La finance islamique est-elle un gage de réussite ?

par M. Aziza

Le directeur général d'Al Salam Bank Algeria, Nacer Hideur, a affirmé hier, que ce n'est pas uniquement la carte islamique qui peut garantir le succès et la réussite d'un emprunt obligataire gouvernemental. Il a précisé, en marge de la tenue, de la 5ème édition du Forum de la finance islamique, organisée par Isla-invest, que la réussite d'un emprunt obligataire, même s'il est sans intérêt, dépend de la crédibilité aussi bien de l'instrument ou de la stratégie économique de développement du gouvernement. M. Hideur insiste qu'il faut d'abord restaurer la confiance et restaurer la crédibilité de l'instrument. Et de conclure : «rétablir la confiance est le premier gage de réussite» Il dit, également, que la réussite de l'emprunt obligataire dépend d'un ensemble de facteurs. Pour lui, « il faut être persuasif pour pouvoir drainer cette épargne publique que nous avons du mal à drainer, aussi bien sur le plan bancaire ou sur le plan du marché financier ». Le gouvernement, par le biais du ministre des Finances, Hadji Baba Ammi, avait annoncé le projet de lancement d'un emprunt obligataire, sans intérêt, d'ici mai. Et ce, dans l'objectif de capter plus d'argent, en espérant convaincre des souscripteurs pénitentiels, avec des emprunts sans intérêt, conformes à la Chariaâ.

Du point de vue réglementaire, M. Hideur affirme qu'il n'y a aucun inconvénient, car précise-t-il, l'emprunt obligataire n'est pas soumis à la réglementation de la Cosob. «Il suffit seulement d'avoir un arrêté du ministère des Finances, fixant les conditions d'émission». Interrogé sur le changement d'attitude du gouvernement vis-à-vis de la finance islamique, alors qu'il se montrait très réticent à ce genre d'instrument de financement, dans le passé, notre interlocuteur a précisé que ce n'était pas une opposition dogmatique de la part des pouvoirs publics, il fallait juste donner le temps au temps, pour que ces produits puissent être assimilés et compris. Il dira que les autorités algériennes avaient de l'intérêt pour l'industrie financière islamique, depuis les années 90. Il précise que ces pratiques sont, déjà, admises, sauf qu'ouvrir la voie aux banques publiques et les encourager à aller dans l'offre de ses produits, est une nouveauté. Un pas positif selon, Hideur car «avec l'entrée en scène des banques publiques qui représente, à peu près, 87 % des marchés bancaires, va donner un nouvel élan à cette industrie». Et d'affirmer que la diversification de l'offre est une opportunité pour le gouvernement et pour les entreprises et les opérateurs économiques de mobiliser plus d'épargne, notamment les épargnes des ménages et l'épargne qui circulent dans l'informel. Le directeur général de la Bourse, Belmouhoub Yazid, présent au forum, a exprimé l'intérêt de la Bourse d'Algérie d'explorer et voir quelles sont les possibilités d'implémenter ces instruments, dans le système financier algérien et dans la Bourse carrément. Il a affirmé que des pays africains comme la Cote d'Ivoire, le Sénégal ont lancé des emprunts et des Soukouks qui sont entrés en Bourse. « Des exemples qui nous semblent intéressants dans le contexte actuel». Pour le DG de la Bourse, il faut, aujourd'hui, qu'on se focalise sur les moyens de financement qui peuvent, maintenir, la croissance et faire de l'Algérie, un pays émergent. Donc, selon sa conception des choses, «il faut trouver les meilleures façons d'attirer également, toute la masse monétaire en circulation dans le circuit informel, on doit prospecter toutes les possibilités». Djamaa Nabil, expert financier international, a expliqué la réticence de l'Algérie vis-à-vis de la finance islamique par « l'ignorance » de certains responsables. Pour certains, la finance islamique c'est la barbe, la gandoura, le terrorisme. Pour l'expert, la finance islamique n'est pas synonyme de terrorisme, mais c'est une science, c'est une alternative financière. Il a cité les deux décrets relatifs à la régulation financière prise, récemment, par le président américain Donald Trump. «Le 02 févier dernier, le président américain Donald Trump a procédé à la signature de deux décrets, pour la régulation financière, deux points des deux décrets font partie des cinq piliers de la finance islamique, l'interdiction de l'usure de la spéculation et l'interdiction d'utiliser les fonds toxiques». Il dira que « l'on assiste, malheureusement, à une ouverture dissimulée de la finance islamique, en Algérie, pourtant, des pays non musulmans ont déjà appliqué ce genre de système», en évoquant le Royaume-Uni. En Algérie, on se contente d'ouvrir des petites fenêtres en attendant toujours une réglementation pour promouvoir l'industrie de la finance islamique « C'est tout de même positif, c'est un pas qui va permettre la naissance de banque islamique en Algérie», espère-t-il.