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Au lendemain de l'attentat contre un commissariat: Emotion et vigilance accrue à Constantine

par Abdelkrim Zerzouri

Deux jours après la tentative d'attentat-suicide qui a ciblé la 13ème Sûreté urbaine à Bab El Kantara, le choc, l'indignation et l'émotion sont, encore, perceptibles chez la majorité des Constantinois. Particulièrement au sein des riverains du commissariat, au quartier Bab El Kantara, dont les éléments de la Police qui y exercent leurs fonctions ont tissé des relations de proximité devenues familières avec le temps.

Après l'attentat, c'est pratiquement tout le voisinage qui s'est déplacé à l'hôpital pour s'enquérir de l'état de santé des deux policiers blessés, à la suite de la déflagration de la ceinture explosive, portée autour de l'abdomen du terroriste kamikaze. «Avant de penser au policier en tant que garant de la sécurité des citoyens, avec tout ce que cela draine comme sympathie aux victimes, chez tous les Algériens, pour nous, voisins des deux victimes, nous avons été terriblement inquiets pour eux. D'ailleurs, ils ont été très nombreux ceux qui ont instinctivement manifesté leur soutien et leur solidarité avec les deux policiers», nous diront des voisins du commissariat ciblé par le terroriste. «Plusieurs habitants ont fait part de leur intention de donner du sang pour les deux blessés», ajoute-t-on. Franchement, la catastrophe a été évitée, justement, grâce à la vigilance du policier en faction, relèvent nos interlocuteurs du quartier Bab El Kantara. Selon l'un d'eux, qui a discuté avec le policier en question lorsqu'il lui a rendu visite à l'hôpital, le policier a remarqué le comportement suspect du terroriste, et de loin il tentera de le stopper, lui intimant l'ordre de s'arrêter là où il se trouve et de lui dire ce qu'il veut exactement faire au commissariat. Le terroriste lui a répondu qu'il voulait déposer une plainte, mais le policier, non convaincu par sa réponse, qui n'est pas frappée du caractère d'urgence, lui dira de revenir demain pour déposer sa plainte. e geste du terroriste, qui portera sa main à l'intérieur de sa poitrine, sonnera le glas pour lui. Car, le policier dégaine son arme et lui ordonne de s'éloigner, mais le suspect ne bouge pas et tente de se rapprocher, plus encore, du commissariat. Le policier tire alors sur le terroriste, là où ce dernier avait mis sa main, sur la ceinture explosive. Du coup, c'est une très forte détonation qui déchire le silence de la nuit. Les habitants, tout comme les murs, et les fenêtres qui ont volés en éclats, ont durement subi les effets de la violence de l'explosion. Après un instant d'assourdissement, tout le monde était pris de panique, nous racontait un habitant. Les parents se sont mis à chercher leurs progénitures, encore dehors, en ce début de soirée, d'autres sortis de leurs demeures cherchaient à comprendre se qui se passait, croyant plus à une explosion de gaz, parce que personne ne songeait, à ce moment là ,à un attentat terroriste, avouait-on. Ce n'est que quelques instants plus tard que la nouvelle se répandit dans le quartier, il s'agit bien d'un attentat terroriste. Puis le hurlement des sirènes, le branle-bas de combat des services de sécurité qui ont installé un large périmètre de sécurité, et l'arrivée massive de curieux sur les lieux de l'explosion, ont modelé le décor de cette soirée inoubliable pour les habitants du quartier Bab El Kantara. Deux jours plus tard, on ne parle que de cette tentative d'attentat-suicide à Bab El Kantara. Chacun y allait de son histoire, de ses frayeurs, des dégâts causés aux objets en verre pour ceux qui logeaient tout près du commissariat, de cette nuit où le sommeil a été difficile à revenir. «Le terrorisme n'est plus ce qu'il était, dans les années 90, mais la vigilance doit toujours être de mise», en conviennent nos interlocuteurs. Non sans rappeler, dans ce contexte, l'assassinat du policier au quartier de Ziadia, il y a juste près de quatre mois. Et dans un rayon plus large, les Constantinois qui ont, durement, ressenti le coup, semblent maintenant plutôt préoccupés par les soucis de la vie quotidienne. L'acte terroriste ne s'oublie pas, mais le train de vie quotidien reprend le dessus, vaille que vaille. Bien sûr, ce n'est pas le cas de le dire pour les services de sécurité, qui se trouvent mobilisés plus que tout autre moment. L'enquête est toujours en cours pour l'identification du terroriste, découvert en lambeaux après la tentative d'attentat-suicide, et l'on peut constater de visu que l'alerte est «max» chez tous les services de sécurité. Ces derniers étaient au courant, depuis le 28 octobre dernier, date de l'assassinat du policier à Ziadia, qu'il y avait un risque élevé d'attentat à l'explosif, dans la wilaya de Constantine, mais cette attaque terroriste montre bien que du travail reste à faire pour arriver à la neutralisation des «cellules terroristes dormantes», qu'on continue d'exploiter à des fins «existentialistes», pour dire qu'on est là, selon l'avis de plusieurs spécialistes et de l'opinion publique, en général.

«Constantine a évité un véritable drame, cette soirée du dimanche 26 février, et c'est autant un message pour toutes les villes d'Algérie, le risque terroriste est à prendre au sérieux, toujours», estime-t-on encore, tout en rappelant les saisies d'armes ou d'arsenaux de guerre, opérées par les éléments de l'ANP, ces derniers mois, un peu partout sur le territoire national, notamment dans les vastes régions du Sud.