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Pétrole: Vers un rééquilibrage du marché

par Yazid Alilat

Le marché pétrolier fonctionne sous la pression, affirme un spécialiste des questions énergétiques, selon lequel l'accord de réduction de la production de pétrole, entre les pays de l'Opep auxquels se sont joints les autres producteurs non Opep est de nature à relancer les prix.

Amor Khellif, professeur en économie et directeur de recherches, spécialiste en Energie, a indiqué, hier, lundi, à la radio nationale que : «le marché pétrolier a, toujours, fonctionné sous la pression de ce type de gestes, malgré le fait que cela n'épuise pas l'excédent de brut, qui existe sur le marché.» «Avec la contribution des producteurs externes, a-t-il relevé, nous allons, probablement, vers un équilibre significatif (du marché) d'ici au mois de mars», explique M. Amor Khellif pour qui, il faut cependant «enlever l'excédent qui tournerait autour de 800.000 b/j». L'accord de septembre 2016 d'Alger, de l'OPEP, auquel se sont joints, en novembre de la même année, des pays non-Opep «est une association de type nouveau, c'est la première fois que des non-Opep participent à la réduction de l'offre.» «C'est une bonne chose, tout le monde a intérêt à réduire sa production, (et) cela va représenter une référence pour l'ensemble des producteurs que la Russie participe à cette réduction de l'offre (avec 300.000 bj), ce qui est important». Pour ce professeur d'Economie, les compagnies pétrolières «ont des investissements dans le secteur et veulent conduire elles-mêmes, la transition énergétique. Elles sont très impliquées dans le processus des énergies renouvelables, et il y a des intérêts convergents entre pays producteurs et compagnies pétrolières.»

Comme les budgets d'investissements des compagnies pétrolières sont gelés, «on a découvert, en 2016, l'équivalent d'un mois sur la consommation mondiale, donc il y a nécessité à investir dans l'industrie pétrolière», affirme M. Amor Khelif, qui a ajouté qu' «on parle d'un budget moyen de 1.000 milliards de dollars d'investissements», dans le secteur énergétique, autant pour l'industrie pétrolière que les autres types d'énergies non conventionnelles. Pour lui donc, «la transition énergétique se fera avec le pétrole, et non pas sans le pétrole, qui reste un élément fondamental, dans le long terme. Les compagnies se projettent, dans le long terme, et de ce point de vue, le pétrole demande à rééquilibrer les investissements perdus, dans les années 2014, 2015 et 2016.» Par ailleurs, il estime que : «les Américains ne croient pas beaucoup au pétrole et gaz de schiste, car dans le long terme les compagnies vont relancer l'industrie pétrolière américaine, dont le pétrole conventionnel dans de petits gisements, et donc les compagnies demandent un relèvement des prix pour aller dans l'exploration dans les territoires américains.»

Pour lui, «le cycle de vie du gaz et du pétrole de schiste est court, et il est coûteux en investissements et coûts de production. Nous sommes sur de petites explorations dont personne ne donne de chances». En outre, il estime que le «gaz de schiste a généré une bulle financière de 400 Mds de dollars, c'est a peu près l'équivalent des subprimes, et a été développé pour dégonfler la bulle financière.»

Les enjeux politiques du pétrole restent les mêmes que dans les années 1960, explique, par ailleurs, ce professeur d'Economie, pour qui «les Etats-Unis exploitent la baisse des prix du pétrole pour affaiblir certains adversaires politiques, comme l'Iran.» «La baisse des prix a été un instrument pour affaiblir certains pays de la région (Moyen-Orient), ou le Venezuela et la Russie, dans une moindre mesure». «Le pétrole, a toujours joué ce rôle vis-à-vis de l'Europe et des autres pays par les Etats-Unis, qui ont instrumentalisé ce moyen de pression, depuis les années 1960.»

Quant à la question du respect des quotas, au moment du retour de l'Iran sur le marché et la demande de l'Irak de dépasser son niveau de production, il a relevé que «les prix sont très nettement corrélés à la croissance économique. Si demain l'Economie mondiale croît de 5%, on verra ce débat épuisé, définitivement, de contrôle des quotas de production de l'Opep, parce que la demande aurait fait un bond et probablement les prix se rétabliraient. Donc, l'enjeu central c'est l'avenir de la croissance économique mondiale, qui elle, détermine, précisément, le rythme de croissance de la demande pétrolière.» Enfin, il ne faut pas «oublier que la demande pétrolière, malgré le fait qu'il y a un tassement de la croissance économique de certains pays émergents (Chine, Brésil, ..) continue à augmenter d'une certaine manière. Aujourd'hui, la croissance de la demande mondiale avoisine le 1mbj, ou 50 millions de tonnes, soit une consommation globale de 95 mbj ou autour de 4,6/4,7 mds de tonnes de production», estime-t-il.