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La Chine, numéro un du renouvelable

par Akram Belkaïd, Paris

Cela pourrait constituer l’un des changements structurels majeurs de ce début de siècle. La Chine est en passe de devenir la locomotive mondiale en terme de politique en faveur des énergies propres tandis que les Etats-Unis risquent de prendre une voie opposée après l’élection de Donald Trump. Ce dernier, on le sait, estime que les causes habituellement avancées pour expliquer le réchauffement climatique sont une pure invention. Une invention, notamment chinoise, destinée à pénaliser l’économie américaine en restreignant ses marges de manœuvre en matière d’industrie et de production d’énergie. Or, c’est bien l’inverse qui risque de se produire. En niant que l’activité économique est à l’origine du réchauffement climatique, Donald Trump risque de faire rater le coche à l’économie américaine en l’empêchant de s’adapter et de trouver des solutions innovantes.

Des investissements massifs

Il serait d’ailleurs intéressant de connaître la réaction du président américain après l’annonce par Pékin d’un programme d’investissement de 360 milliards de dollars d’ici 2020 dans les énergies renouvelables (solaire et éolien). Selon la National Energy Administration of China, 13 millions d’emplois devraient être créés grâce à ce plan qui pourrait même être bouclé dès la fin 2018. Autrement dit, la Chine, qui est tout de même le premier émetteur mondial de gaz à effet de serre (gez), se veut le champion planétaire des énergies renouvelables. Les statistiques qui témoignent de cette ambition sont assez impressionnantes. L’ONG Greenpeace estime ainsi qu’en 2015, la Chine a installé l’équivalent d’une éolienne toutes les heures pendant 365 jours (8.760, si l’on fait le calcul). De même, en ce qui concerne les panneaux solaires, c’est la superficie d’un stade de football qui est installée toutes les heures, tous les jours de l’année.

On sait que la Chine est confrontée à d’importants problèmes de pollution urbaine qui ont un impact important sur les coûts en matière de santé mais aussi de ralentissement de l’activité économique. Il y a aussi le fait que ce pays doit multiplier les efforts pour assurer son approvisionnement pétrolier et gazier. Ces deux facteurs expliquent l’engagement de Pékin pour les renouvelables. A cela s’ajoute aussi un calcul stratégique évident. S’assurer la haute main sur ces nouvelles technologies, c’est être capable de concurrencer les Etats-Unis dans leur position de géant économique mondial. Bien entendu, il y a quelques nuances à apporter à ce constat. En Chine, comme ailleurs, les lobbies industriels demeurent actifs. Pendant longtemps, la pollution occasionnée, par exemple, par les centrales à charbon, a été appréhendée comme un dommage collatéral au bénéfice de la croissance. A ce jour, les installations liées au charbon demeurent en surcapacité et Pékin ne peut prendre le risque social d’en décider le démantèlement brutal. Cela explique pourquoi ce pays ne se fixe pas (encore) d’objectifs en matière de réduction de la production d’électricité liée au charbon ou aux hydrocarbures. Mais le plan annoncé par la NEAC montre que c’est une substitution progressive qui s’enclenche.

Une bonne nouvelle

En tout état de cause, ce programme d’investissement est une bonne nouvelle pour la planète. Face aux inepties de Trump en matière de réchauffement climatique, la Chine donnera l’exemple à suivre. Plus important encore, cela ne manquera pas de faire baisser les coûts de production et de rendre les énergies alternatives, on pense notamment au solaire, moins chères à produire. D’autres pays, comme l’Algérie ou ses voisins africains, auront aussi le choix entre plusieurs fournisseurs de technologie à défaut d’en devenir un eux-mêmes.