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Le parti de Benflis n'ira pas aux législatives

par Z. Mehdaoui

  Le parti de Benflis, Talaï El Houriat, a décidé hier de boycotter les prochaines élections législatives prévues en avril prochain.

Ali Benflis est convaincu que cette échéance électorale sera encore une fois un autre prétexte pour maintenir le système en place. «La priorité du pouvoir actuel et de tout faire pour se pérenniser», a déclaré, M. Benflis, hier, à l'occasion d'une réunion du comité central du parti dont l'un des points inscrits à l'ordre du jour est de décider justement de la participation ou non à cette élection. Lors de son intervention, Benflis a noté que «le mal profond dont souffre notre pays étant connu, nous nous serions attendus à ce que le régime politique en place nous propose un remède adapté à sa gravité. Or, ce qu'il nous propose, c'est un placebo et ce placebo s'appelle les élections». «Nous sommes un parti démocratique, un parti sérieux et il vous appartient de décider de la question de la participation ou non aux élections», a lancé Ali Benflis aux membres du comité central qui se sont réunis à Zéralda, sur la côte ouest d'Alger. «Votre parti ne s'épuise pas à tenter de détecter les vents dominants pour aller dans leur sens; nous avons notre propre cap et nous nous y tenons et nous avons la voie que nous nous sommes choisi et nous n'en dévions pas», a déclaré Benflis à l'adresse de ses partisans, en soulignant que le parti est porteur d'un projet politique, il a une identité politique et il a une ligne politique. L'ancien chef du gouvernement explique en ce sens qu'il n'y a pas de grands bénéfices à attendre des petites causes, car il n'y a que les grandes causes qui rendent même les gains les plus petits plus gratifiants et plus honorables. «Il n'y a pas de recette miracle, il n'y a pas de baguette magique, il n'y a plus de bague de Salomon. L'archaïsme politique ne produira pas la modernité politique.

Un Etat patrimonial, clientéliste et rentier ne produira pas la rénovation de notre système économique», dira encore Benflis qui ajoute qu'un régime politique qu'un gouffre abyssal sépare du reste de la société ne produira pas des réformes sociales profondes et significatives.

Evoquant les derniers événements qui ont secoué certaines wilayas, à l'image de Béjaïa, le président de Talaï El Houriat a ironisé longuement sur la réaction des responsables algériens qui pointent du doigt à chaque fois la «main étrangère». «Lorsque l'opposition réclame un changement démocratique, c'est la main de l'étranger; lorsque des syndicats descendent dans la rue pour défendre leurs droits, c'est la main de l'étranger; lorsque des organisations des droits de l'Homme réprouvent les atteintes aux libertés, c'est la main de l'étranger; lorsque les associations de commerçants protestent contre les nouvelles taxes, c'est la main de l'étranger; lorsque les prix flambent, c'est la main de l'étranger; Ghardaïa, c'est la main de l'étranger; In Salah et la dénonciation des conditions d'exploitation du gaz de schiste, c'est la main de l'étranger; Ouargla et les manifestations pour les droits des chômeurs, c'est la main de l'étranger», ironise M. Benflis qui ajoute que même les élèves qui ont manifesté pour les vacances scolaires sont accusés par le pouvoir d'être manipulés par la «main étrangère». Ali Benflis estime que cette main de l'étranger est l'explication facile à laquelle ont recours toutes les autocraties pour s'exonérer de leurs responsabilités directes dans les échecs vers lesquels elles finissent par mener les Etats où elles sévissent.