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Les commerces rouverts: Retour au calme à Béjaïa après une nuit agitée

par Z. Mehdaoui

La nuit de mardi à mercredi a été particulièrement agitée dans plusieurs régions de la wilaya de Béjaïa. Des affrontements avec les services de sécurité ont en effet éclaté dans la ville de Béjaïa mais aussi et pour la première fois dans la ville symbole d'El-Kseur.

Au niveau de Béjaïa ce sont les étudiants de la résidence du 17 Octobre qui sont sortis dans les rues pour s'attaquer à la police et à certains édifices publics. La maison de la culture construite en verre et qui a été saccagée dans le passé à plusieurs reprises a été caillassée.

Toutes les vitres ont volé en éclats en dépit de l'intervention des forces anti-émeutes qui ont passé une nuit blanche en essayant de faire barrage aux casseurs.

A El-Kseur, la ville complètement paralysée par la grève a connu pour la première fois des affrontements avec la police. Des dizaines de jeunes, principalement des adolescents, se sont attaqués au commissariat. Les affrontements ont duré jusqu'à 1 heure du matin, attestent des sources locales.

Plusieurs policiers blessés ont été par ailleurs évacués à la polyclinique et à l'hôpital Boukhalfa, relevant de la daïra d'Amizour. A Tazmalt, Akbou et Sidi Aïch le calme est revenu graduellement dans ces villes implantées au cœur de la vallée de la Soummam.

En fait depuis hier, le calme est revenu dans toute la wilaya de Béjaïa même si la tension reste palpable. La sérénité est revenue, semble-t-il, après des réunions improvisées par les populations de ces régions. En effet, la quasi-totalité des commerces ont rouvert leurs portes hier et des campagnes de nettoyage sont organisées pour nettoyer les rues et tous les lieux publics des stigmates des affrontements.

A Béjaïa-ville les superettes et les commerces d'alimentation générale ont été pris d'assaut par les citoyens dès leur ouverture.

Les étals ont été vidés et les commerçants de détail, selon des témoignages concordants, trouvent d'énormes difficultés à se réapprovisionner car les grossistes continuent eux de faire la grève.

En tous les cas, ce retour progressif à la normale est dû principalement aux réunions de la population avec les représentants des commerçants mais aussi avec certaines associations civiles très actives dans la région qui ont décidé de faire barrage aux casseurs et aux pillards qui exploitent l'occasion voler tout ce qui a de la valeur à leurs yeux.

Nous avons appris à ce sujet qu'une réunion devait être organisée hier soir dans la ville d'El-Kseur avec les représentants des principales villes de la vallée de la Soummam dans la perspective de s'organiser pour faire face aux pillards et aux casseurs.

Une sorte de prise de « conscience collective » est en train de prendre le dessus au niveau de toute la wilaya de Béjaïa pour éviter d'aller encore plus loin dans le pourrissement même s'il existe des petits jeunes désœuvrés pour la plupart qui tentent encore de maintenir le désordre en s'attaquant à la police cantonnée dans les commissariats.         

C'est le cas notamment au niveau de la ville de Sidi Aïch où un groupe d'adolescents a décidé vers 16 heures de s'attaquer au commissariat en dépit de la décision prise la veille par les représentants de la population locale d'arrêter les violences.

Il faut savoir que Ligue algérienne des droits de l'homme (LADDH) ainsi que plusieurs associations ont multiplié les appels au calme à travers des communiqués diffusés notamment sur Facebook.

Le FFS quant à lui s'est dit « inquiet de voir la situation dans la wilaya de Béjaïa dégénérer à la suite d'un appel anonyme à une grève des commerçants ». Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, la fédération FFS de Béjaïa affirme que le parti suit avec beaucoup d'attention l'évolution de cette situation porteuse de risques de développements chaotiques ainsi que les tentatives de faire basculer la wilaya dans la violence.

« L'obstination du pouvoir à s'opposer à toute alternative politique démocratique et à une sortie de crise consensuelle ainsi que l'acharnement à détruire les cadres d'organisation et de débats citoyens pousse certaines catégories de la population à recourir à la violence», dénonce le FFS qui appelle la population à la vigilance et renouvelle à l'occasion « sa proposition de concertation et de dialogue en vue de réaliser un consensus national, seule alternative à la dictature de la violence d'où qu'elle vienne ».