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Selon le vice-président du CNES: 2017 sera une année très dure

par Yazid Alilat

  Mustapha Mékidèche, vice-président du Conseil national économique et social (CNES), estime que «l'année 2017 va être plus dure que 2016, où le baril de pétrole était à 36 dollars, et que les perspectives de redressement des cours n'étaient pas observables». Mais, depuis, avec la «disparition» du Fonds de régulation des recettes (FRR), «il y a eu une nouvelle vision budgétaire sur trois ans qui fixe un plafond des dépenses de plus de 6.800 milliards de DA basées sur une fiscalité pétrolière assise sur un baril à 50 dollars en 2017, et on voit que les cours sont supérieurs à 55 dollars/baril», a t-il indiqué hier mardi à la radio nationale. Pour le vice-président du CNES, l'impact de la baisse des recettes pétrolières sur la gestion de la dépense publique implique qu' «il y aura un prix à payer, une contrepartie à répartir entre les segments de la société». Pour autant, il estime qu'il faut «éviter qu'un impact social trop élevé ne soit enregistré, et donc maintenir les perspectives macroéconomiques sur une période triennale dans un environnement économique qui n'est pas favorable». «C'est une perspective triennale, donc le plafond des dépenses est fixé à 6800 md de dinars, et dans ce cadre ont peut relever que le budget d'équipement a été raboté, et qu'il faut trouver des financements alternatifs, et maintenir le train de vie de l'Etat, sinon le diminuer». Pour M. Mekidèche, «c'est un objectif fixé pour maintenir un déficit qui peut être finançable d'une façon ou d'une autre», et «c'est la solution qui a été choisie pour le moment en attendant les grands dossiers». En outre, il estime que l'Etat cible «les gaspillages», ajoutant qu'en «matière de soutien des prix, il n'y a pas de gros changements, sauf en matière de gestion énergétique, car il y a une transition énergétique avec une transition budgétaire». Ainsi, sur le soutien des prix des produits de base, M. Mekidèche estime qu' «il vau mieux répartir et cibler les soutiens de manière plus précise, notamment pour les produits de base dans le soutien des prix, les taxes ne touchant pas les produits de base». Car, ajoute t-il, «on ne peut faire autrement, sinon on irait vers une inflation à deux chiffres et incontrôlable, et les secteurs sensibles ne pourront être financés (services de sécurité, défense), et partant le soutien aux produits de première nécessité». Pour lui, «ces mesures, qui doivent faire l'objet d'un consensus politique, s'inscrivent dans une vision de plafonnement des dépenses budgétaires et également pour une augmentation de la fiscalité hors hydrocarbures», car, précise-t-il, «nous sommes dans une crise à cycle long». Même si «le dernier accord de l'OPEP corrige la situation, avec un prix de 60 dollars». Dès lors, le vice-président du CNES estime qu'il faut «mettre en place des réformes, d'ou l'importance du dialogue social», car «la réponse structurelle à cette situation doit être faite par la hausse de la fiscalité hors hydrocarbures». Pour lui, «on a pris trop de temps à mettre en place les réformes, et le climat des affaires n'est pas au niveau des espérances». «Nous avons les moyens de sortir de cette crise, on a attendu longtemps. On peut le faire pour autant que nous changions le climat des affaires», explique-t-il avant d'affirmer que «nous ne sommes pas dans un contexte d'austérité», mais il faut dans le contexte actuel aller «vers des financements alternatifs de l'économie algérienne, aller vers des crédits concessionnels comme pour le financement du port Centre par la Chine». «De ce point de vue-là, l'Algérie peut maintenir les équilibres externes». Par ailleurs, M. Mekidèche estime important le renouvellement des institutions du CNES, car «il faut avoir un débat social. Il est urgent de mettre en place l'ensemble des institutions du Conseil pour qu'il fonctionne comme un espace de dialogue public». «Le CNES est consultatif, mais il regroupe le segment représentant la société civile dans sa composante avec le patronat et le mouvement associatif», a-t-il rappelé.