Aux
douze coups de minuit de ce 31 décembre 2016, une immense clameur de joie et de
feux d'artifices a annoncé la nouvelle année, dans les capitales des pays
riches et libres. Ailleurs, chez les pauvres et ceux qui subissent guerres et
violences, que peut signifier 2017 ?
L'Algérie
et bien des pays de ce vaste monde faisaient, depuis plusieurs mois, voire même
depuis le début de l'année qui meurt, une fixation jusqu'à l'obsession de
l'année 2017. Nous y voilà, non sans une certaine appréhension, qu'elle ne se
joue de nos attentes, nos pronostics, nos rêves. Il n'y a pas que la terre qui
recommence, comme dame nature le veut, son cycle répétitif autour de son
étoile, le soleil qui tantôt l'illumine, la réchauffe et tantôt s'en éloigne
l'abandonnant au froid, à l'obscurité. Il y a, le monde des êtres humains que
nous sommes ou plus précisément le monde que nous construisons pour y vivre
ensemble, entre nous. Nous y voilà, donc, pour une «nouveau» cycle de 12 mois,
de 365 jours et 6 heures que nous attendions, depuis l'autre année, et que nous
appelons «nouvelle année». En quoi sera-t-elle nouvelle cette année 2017? Chez nous, l'opposition (les oppositions?)
politique dénonce déjà et comme toujours le rendez-vous électoral du printemps,
comme une farce, une tricherie dont les résultats sont connus, à l'avance et
elle y va à ses élections en promettant au peuple du «nouveau». Rien à dire. 10
contre un que les députés qui ont voté la loi de finances 2017, décriée par le
peuple et l'opposition, seront reconduits dans une large majorité pour un cycle
de 5 ans. Ailleurs, en France et en Allemagne et bien d'autres pays, c'est
aussi une année de promesses électorales, sous le spectre du réveil des
nationalismes et la menace des extrémistes, dans leur «diversité». En Roumanie,
s'est fait, avec le refus de nommer le Premier ministre, sous la double
accusation de sa foi musulmane et de femme, malgré sa victoire électorale. Aux
USA et pas que, beaucoup angoissent l'arrivée de Donald Trump,
le nouvel homme fort de la plus grande puissance mondiale. N'a-t-il pas dit et
promis qu'il bouleversera l'échiquier mondial de la politique?
Des pays et des peuples craignent une recrudescence des guerres et des
violences alors que d'autres croient en un retour, même relatif, à la paix.
Difficile à dire ou à prévoir lorsqu'on entend les regrets et le pessimisme des
Occidentaux, à la fin du martyre d'Alep la syrienne, sous prétexte que la fin
de cette guerre a été imposée par Vladimir Poutine, l'autre nouvel homme fort
de l'autre puissance mondiale. Comment les Palestiniens accueilleront-ils, avec
joie, la nouvelle année alors que leur oppresseur, Israël, défie le reste du
monde, en affichant son mépris et son arrogance, à l'égard de ses propres
alliés, comme les Américains et de promettre de chasser les Palestiniens de
chez eux? Que sera, encore, 2017 pour les Yéménites
qui meurent sous les bombes de leurs propres frères et voisins arabes? Et les Soudanais du sud, les Erythréens, les
Somaliens du nord, les Congolais du Kivu, les Rohingya
musulmans de Birmanie, les réfugiés du Sahel et bien d'autres contrées
misérables et violentes, allumeront-ils des feux d'artifices pour conjurer le
sort qui les frappe? Vu ainsi, l'année 2017 ne sera
«nouvelle» qu'aux yeux de celles et ceux qui ont été loin de la tristesse de
2016 et les années d'avant. Pour autant, faut-il désespérer de cette infime
partie de l'humanité qui la différencie du règne animal:
la raison ? Celle que des voix d'homme et de femmes de paix portent,
inlassablement, ça et là, à travers ce monde pour
dévoiler, dénoncer, mobiliser contre toutes les injustices, les différences et
les indifférences, les violences et les guerres. Ces femmes et hommes qui
consacrent leur vie au combat pour le droit à l'égalité, à la fraternité, à la
différence, à la liberté. Et c'est tout le dilemme de notre humanité:
la quête de la liberté, dans un monde que nous construisons avec les plans
d'une immense prison.