Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

A la veille de la hausse des tarifs des carburants: Rush sur les stations-services

par Yazid Alilat

A la veille de la nouvelle année 2017 qui coïncide avec l'application des nouvelles hausses des tarifs des carburants, les stations-services dans les principales villes du pays ont subi un véritable rush. Dans les principales stations d'Alger, des files inextricables commençaient à se former dès vendredi, en prévision de la hausse des prix des carburants. «Les automobilistes veulent faire le plein, pour grappiller quelques dinars avant l'application des nouveaux tarifs», explique un pompiste.

Des bouchons se formaient et la circulation était difficile dans certains axes à proximité des stations-services. Même scénario à Blida et à Chlef où les stations-services ont été prises d'assaut à la veille de la nouvelle année. «Beaucoup de monde.

Oui, il y avait beaucoup de monde samedi. Mais, cela s'est passé sans accrocs. Regardez, même aujourd'hui (dimanche 1er janvier) il y a du monde», raconte un pompiste.

Ce rush vers les stations-service s'explique en fait par l'entrée en application, hier dimanche, des nouveaux tarifs des carburants, conformément à la loi de finances 2017, qui a introduit une hausse de la taxe sur les produits pétroliers (TPP) de 1 à 3 DA/litre respectivement pour le gasoil et les trois types d'essence, en plus de 2% de hausse de la TVA sur ce type de produits. Au final, les nouveaux prix à la pompe sont «impressionnants», si on compare ces hausses au volume de remplissage pour une valeur de 1.000 DA. Le rush des automobilistes, en particulier ceux roulant au «sans plomb» et au «super», se comprend au vu des nouveaux tarifs.

Selon un communiqué de l'Autorité de régulation des hydrocarbures (ARH), les nouveaux prix à la pompe dès le 1er janvier 2017, que nous avons vérifiés hier dimanche auprès d'une station-service, sont de 32,69 DA/litre pour l'essence normale, 35,72 DA/litre pour l'essence super, de 35,33 DA/litre pour l'essence sans plomb, de 20,42 DA/litre pour le gas-oil et de 9 DA/litre (inchangé) pour le GPL-carburant. Dans son communiqué portant notification des prix à la pompe des carburants (TTC), l'ARH avait souligné que ces prix avaient été déterminés en application des articles 26, 28 et 29 de la loi de finances 2017. L'impact fiscal prévu de cette hausse de la TPP et de TVA (2%) applicables sur les carburants est de l'ordre de 42,5 milliards de DA (30,36 md DA pour la TPP et 12,13 md DA pour la TVA). Mais, la hausse «réelle» celle là est ainsi de plus de «1 à 3 DA», ce que le gouvernement n'avait pas expliqué devant l'APN lorsqu'il avait présenté et défendu le projet de loi de finances 2017, car il y a la hausse de 2% de la TVA qui passe en 2017 de 17% à 19%, et qu'il faut ajouter «aux 1 à 3 DA/litre» de la hausse initiale de la TPP. Car les nouveaux prix mentionnés dans le document de la loi de finances ne prenaient pas en ligne de compte l'application de la hausse de deux points de pourcentage de la TVA, mais juste l'augmentation de la Taxe sur les produits pétroliers (TPP) qui varie de 1 à 3 DA. En clair, la hausse réelle introduite par la nouvelle TPP assortie d'une hausse de la TVA à 19% est en réalité de 4 DA/litre pour les trois types d'essences et de 1,66 DA/litre pour le gas-oil. On est donc loin des «1 à 3 DA/litre» de hausse annoncée lors des débats sur la loi de finances 2017. Plus concrètement, la hausse des tarifs des carburants a rétréci davantage le volume ou la capacité de remplissage des réservoirs. Ce qui renchérit davantage le coût des carburants en 2017.

Dans une note de la direction commerciale de Naftal affichée par les stations-service, on apprend que 1.000 DA correspondent dorénavant à 28,30 litres pour l'essence sans plomb, 28 litres pour l'essence super, 48,97 litres pour le gas-oil et 30,59 litres pour l'essence normale. En clair, on ne peut plus remplir son réservoir avec 1.000 dinars.

Mais, en dépit des hausses des prix à la pompe, même si en Algérie le phénomène est inverse aux autres pays qui appliquent l'indexation des prix à la pompe en fonction des cours du brut, la consommation de carburants reste «boulimique». Selon un bilan du 1er semestre 2016 établi par la Société nationale de commercialisation et de distribution de produits pétroliers (Naftal), la consommation de l'essence sans plomb a explosé durant les cinq premiers mois de 2016, avec un rebond de 11% par rapport à la même période en 2015. Selon ce bilan, la consommation de l'essence normale et du super est par contre en baisse. Par contre, la hausse des prix des carburants décidée par le gouvernement et appliquée dans la loi de finances 2016 a incité beaucoup d'automobilistes à aller vers le GPL/carburant (GPL/C). Entre janvier et mai 2016, la vente de l'essence normale a baissé de 2% tandis que celle du super a reculé de 11% par rapport aux cinq premiers mois de 2015, indique Naftal en précisant que la commercialisation globale de ces trois catégories de carburants a baissé de 2%. Par contre, la consommation du gas-oil a augmenté de 2% durant la même période. Une légère hausse de la consommation de carburants (0,3%) a été constatée entre janvier et mai 2016 par rapport à la même période en 2015, selon la même source. La courbe de consommation des carburants va-t-elle être infléchie avec la seconde année consécutive de hausse des prix à la pompe?