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Les universités privées dans le collimateur du CNES

par M. Aziza

Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) s'est dit contre la création des universités privées dans les conditions actuelles des choses. La situation précaire de l'enseignant, mêlée aux débordements que connaît l'université algérienne, que ce soit sur le plan pédagogique, sur le plan de la recherche ou sur le plan de la gestion, ne permet pas une ouverture sans conséquences néfastes sur le secteur public.

C'est ce qu'a affirmé, hier, Abdelmalek Rahmani, président du CNES, à l'occasion de la tenue du dernier conseil extraordinaire du CNES, avant le congrès prévu le 12-13 et 14 janvier 2017. Un conseil et un congrès pour arrêter un plan d'actions quinquennal pour défendre l'idée de repenser l'université, booster la recherche et suivre de près le dossier de l'ouverture des universités privées.

Le président du CNES a affirmé que son syndicat compte suivre de près «ces universités privées qui sont en train de montrer leur tête ». Il précise que son syndicat est contre la création d'universités privées sur le dos de l'université publique. « On sait pertinemment que les salaires dans l'université privée seront dopés, il y aura certainement de meilleures conditions offertes aux enseignants, ce qui entraînera automatiquement une hémorragie des compétences et un départ massif vers le secteur privé, un facteur qui fragilisera davantage le secteur public ».

Pour Rahmani, le CNES doit suivre le dossier de très près, pour permettre l'ouverture des universités privées avec un cahier des charges bien défini et qui devrait être respecté par les gérants des universités privées. « Une ouverture qui ne doit pas se faire au détriment de l'université publique », dit-il.

Mais, pour le CNES, la priorité aujourd'hui, n'est pas les universités privées, plutôt la nécessité de repenser totalement l'université, « nous sommes sur deux systèmes antinomiques, l'un totalement pris en charge par les pouvoirs publics, et un autre système libéral, qui est généralisé à l'université algérienne, en l'occurrence le système LMD qui est en train de montrer ses limites ».

Rahmani est allé dans ce sens critiquer sévèrement le système LMD, qui selon ses propos, est un système qui reflète une philosophie libérale et en contradiction avec la constitution algérienne. Etant donné que l'Etat algérien est un Etat social.

Sur le plan technique, il y a eu, selon Rahmani, une faillite totale dans la mise en place de ce système. « On a mis la charrue avant les bœufs, dans le sens où on a créé des problèmes entre les passerelles, c'est-à-dire, le passage de la licence aux Master et doctorats. Même son intégration dans la sphère économique a été un échec total », a-t-il affirmé.

Le CNES n'est pas totalement pour la suppression du système LMD, mais les membres du CNES sont convaincus que le système LMD n'est pas du tout favorable pour certaines filières, notamment pour l'ingéniorat et l'engineering.

Pour le CNES, il est temps de revoir la carte, il est temps également de revenir aux systèmes de formation d'ingénieurs « le retour à la formation d'ingénieurs donnera plus de crédibilité à l'université algérienne », estime Rahmani.

En ce qui concerne le volet de la recherche, le président du CNES a affirmé que ce volet est très mal structuré, « il y a de l'argent mais on ne sait pas l'utiliser, il y a beaucoup de passivité dans la prise en charge de la recherche ». Le CNES plaide pour l'exploitation des ressources financières dédiées à la recherche, et d'une façon rationnelle. Il plaide en outre, pour des carrières universitaires spécialisées dans le domaine de la recherche « carrière de chercheur».

Le président du CNES a tenu à rassurer tous les enseignants du supérieur que le CNES « est en bonne santé ». Il a également affirmé « on avait quelques perturbateurs mais aujourd'hui, ils ont quitté le CNES ». Le conseil extraordinaire de ce vendredi s'est déroulé dans le clame, contrairement au Conseil précédent.