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Ghardaïa: 21 personnes écrouées pour incitation à la violence

par Yazid Alilat

Les services de sécurité ont arrêté 22 personnes, à Ghardaïa, pour des motifs liés à la sécurité dans la vallée du M'zab, qui a connu, durant les deux dernières années, des violences communautaires ayant entraîné la mort de plusieurs personnes et la destruction de biens privés, dont des commerces et des habitations. Des sources judiciaires, citées par l'APS, ont indiqué, hier mercredi, que vingt et un individus, soupçonnés d'incitation à la haine et la violence, constitution d'une association de malfaiteurs et regroupement non autorisé, ont été écroués par le procureur de la République près le Tribunal de Ghardaïa. 21 individus sur les 22 présentés devant le parquet, résidant dans la zone nord de la ville, ont été placés sous mandat de dépôt, après avoir été inculpés pour «participation à des activités subversives, incitation à la haine et la violence, détention d'armes blanches prohibées, association de malfaiteurs et diffusion de documents et tracts subversifs, appelant à la haine ethnique», précise la même source. Des accusations graves, d'autant que ces individus ont été, explique-t-on de même source, également inculpés pour la tenue de réunions illégales, sans autorisation et incitation au désordre public. Leur arrestation, selon des sources concordantes, aurait été opérée dans une mosquée clandestine. Un mineur, arrêté sur les lieux des rencontres, a quant à lui bénéficié d'un contrôle judiciaire. Les même individus, qui seraient soupçonnés par les services de sécurité d'être en relation avec les événements dramatiques que la région avait connus, ces dernières années, dont les affrontements sanglants de juillet 2015, à Ghardaïa, en particulier, mais également à Guerrara et Berriane, ont été appréhendés, alors qu'ils tenaient une réunion clandestine, fin novembre, dans le quartier El-Ghaba, au nord du chef-lieu de la commune Ghardaïa. Les services de sécurité, informés de l'existence d'un groupuscule «produisant et diffusant des tracts et documents subversifs incitant à la haine et la violence dans la région de Ghardaïa», ont, alors, ouvert une enquête et réussi à repérer les lieux de rencontre de ce groupuscule, explique, également, la même source. Les prévenus ont été ainsi arrêtés «en flagrant délit de réunion clandestine» par les services de sécurité. La fouille des lieux a permis la découverte de plusieurs documents, à caractère subversif, et des armes blanches (épées, couteaux, haches et autres objets contondants), précise la même source judiciaire selon laquelle 22 personnes dont un mineur, ont été interpellés par les services de sécurité, dans «le respect des lois de la République, concernant les droits de l'Homme».

Les droits fondamentaux accordés aux personnes interpellées dans les locaux des services de police judiciaire ont été «préservés» et «ces personnes n'ont pas fait l'objet d'injustice, de négligence ou de traitement en dehors de la loi et dans le respect de la Constitution», précise-t-on de source judiciaire. La région du M'zab avait connu, en juillet 2015, une flambée de violences, d'une rare intensité, avec le décès de 22 personnes. Des affrontements entre les membres des deux communautés, ibadites et chaambas, avaient nécessité l'intervention énergique de l'ANP, en plus des forces de police et de gendarmerie, pour ramener le calme et mettre fin à l'effusion de sang.

L'éruption de la violence, avec la mort de 22 personnes, en juillet 2015, n'avait pas été enregistrée lors des précédentes crises, dans la vallée du M'zab où des affrontements avaient été enregistrés, sans que les notables des deux communautés ne puissent ramener le calme.

Des activistes de la ville de Ghardaïa, dont des membres d'ONG des droits de l'Homme, des militants de partis politiques avaient été arrêtés et écroués. Mais, après les heurts sanglants de juillet 2015, le calme est revenu, progressivement, dans la vallée du M'zab, à la suite de la convocation, par le Président Bouteflika, d'un conseil de sécurité d'urgence et le placement de la région sous l'autorité directe de l'ANP. En déplacement, dans la région, à la suite de ces violences communautaires, le Premier ministre Abdelmalek Sellal avait souligné que l'Etat est décidé à «frapper fort, très fort s'il le faut, pour rétablir l'ordre et la sécurité des biens et des personnes». Quant à certains chefs de partis politiques, dont Ahmed Ouyahia, revenant aux commandes du RND, n'a pas hésité, quant à lui, à pointer du doigt «la main étrangère» dans les événements douloureux qu'a connus la wilaya de Ghardaïa. Ayant participé à la réunion d'urgence sur la situation, au M'zab, en tant que directeur de Cabinet à la présidence de la République, Ahmed Ouyahia a réfuté l'existence d'un conflit «intercommunautaire» mais a, par contre, suggéré deux pistes : «le complot» et «la main étrangère».