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Un baril à 50 dollars?

par Akram Belkaïd, Paris

Nous voici donc revenus aux années 1990 lorsque la problématique concernant le pétrole se divisait en deux points. Le premier concernait la capacité de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) à faire preuve de discipline dans son objectif de réduire sa production pour augmenter les cours (une baisse de 1,2 million de barils par jour est programmée à partir de janvier 2017). Le second est lié à l’attitude des producteurs non-Opep et sur leur capacité à consentir des efforts de même nature pour, là encore, soutenir la hausse des prix du brut.

Le rôle des non-Opep en question

Malgré leurs divisions, on pense notamment à la « guerre froide » entre l’Arabie saoudite et l’Iran, l’Opep a donc réussi la semaine dernière à trouver un accord de réduction de production. Préparé par la réunion d’Alger d’octobre, cette entente a démontré au marché que les membres du Cartel avaient encore la capacité de s’entendre quand la situation l’exigeait.

Cela n’a pas manqué d’avoir un effet immédiat sur les cours avec une hausse de 12% en quelques jours. Mais cet élan ne durera pas car, déjà, on voit apparaître des analyses qui parient sur des tensions internes à l’Organisation dès le mois de janvier prochain. On connaît la « musique » à ce sujet : qui va respecter l’accord ? Qui va « tricher » ? Qui va prétexter des difficultés conjoncturelles pour exporter (et gagner) plus ?

On attend aussi la réponse définitive des pays non-Opep qui sont censés réduire leur production de 600.000 barils par jour. La Russie, pays traditionnellement très coopératif avec l’organisation, devrait s’engager à baisser ses ventes de 300.000 barils par jour, soit la moitié de l’effort demandé.

C’est à la fois beaucoup et peu. Beaucoup, car cela pèsera certainement sur les prix. Peu, car l’effort est à relativiser puisque cette réduction est à prendre en compte par rapport à la production russe de novembre laquelle a atteint des niveaux record. On part donc de très haut et cela minimise l’effort consenti par Moscou.

Par ailleurs, d’autres producteurs non-Opep comme le Mexique ou la Norvège doivent encore clarifier leurs positions. On en saura plus en fin de semaine mais il est évident que la moindre tergiversation de ces pays non membres du Cartel aura des incidences immédiates sur les prix.

Quel prix de référence ?

Reste donc la question fondamentale : quel sera le prix de référence du baril en 2017 ? Autrement dit, sur quelles bases faut-il bâtir des projections financières pour l’année qui vient ? Un rapide tour d’horizon des études disponibles, notamment celles des maisons de trading, montre que le chiffre de 50 dollars le baril est souvent cité.

C’est d’ailleurs le niveau fixé par l’Iran pour bâtir son budget.

Néanmoins, plusieurs experts mettent en garde contre un excès d’optimisme. La hausse attendue de la production de pétrole non conventionnel mais aussi les progrès attendus pour 2017 en matière de développement de la voiture électrique seront, expliquent-ils, des éléments baissiers structurels. Et il faut relever qu’aucun spécialiste ne se risque (pour l’instant ?) à prédire le retour du baril à 100 dollars.