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Constantine - El-Khroub: Les marchés de proximité désertés

par A. Mallem

La grogne gagne du terrain dans les rangs des commerçants des 11 marchés de proximité de la daïra d'El-Khroub, nous a signalé hier le responsable du syndicat des commerçants UGCAA d'Ali Mendjeli, M. Fayçal Trodi.

Non pas à cause des nouvelles mesures relatives à l'augmentation des loyers des stands et locaux, comme on pourrait le croire car, mis à part les artisans qui ont des revenus faibles et ils contestent donc les augmentations décidées mais non encore appliquées, tous les commerçants ne s'opposent nullement à cette décision des pouvoirs publics qu'ils trouvent tout à fait normale et juste, c'est plutôt la situation dans laquelle sont plongés les locaux qui leur ont été attribués, il y a quelques années, qui provoque leur mécontentement. Selon les concernés, il y a 7 marchés à la nouvelle ville Ali Mendjeli, un à Massinissa, un autre à El-Manar, une cité qui se trouve entre Massinissa et El-Khroub, un autre à la cité 1.600 et un autre à la cité 1.200 d'El-Khroub. Au total, ce n'est pas moins de 11 marchés qui font vivre plus de 1.000 familles. Et tous ces marchés sans exception font face à des problèmes qui durent depuis plusieurs années : l'absence d'électricité, de l'eau et de la sécurité dans les locaux, phénomène qui fait fuir les commerçants et les pousse à aller grossir les rangs des marchands informels installés dans la rue. « Nous parvenons tant bien que mal à contenir leur colère et les empêcher d'aller vers des mouvements de revendication plus durs, comme la grève ou la manifestation dans la rue, mais il est évident que cette situation ne peut durer », a averti M. Trodi, le représentant de l'organisation des commerçants.

Contacté hier, M. Trodi nous a expliqué ensuite que la principale difficulté à laquelle se heurtent les commerçants demeure toujours, et depuis des années, l'absence de l'électricité dans les locaux, le manque d'eau et de la sécurité.

« En installant le courant électrique, dans certains de ces marchés, pas tous il faut le dire, précise notre interlocuteur, la Sonelgaz a mis des compteurs de faible tension. Alors que les commerçants, à l'instar des bouchers par exemple, ont besoin de courant 380 volts, la Sonelgaz n'a introduit que du 220. De sorte que si deux ou trois bouchers mettent en marche, en même temps, leurs armoires frigorifiques le compteur saute ». Et ce qui rend les commerçants nerveux aujourd'hui est le fait aussi qu'ils se sont plaints à plusieurs secteurs, wilaya, APC, daïra, services de sécurité, mais en vain, leur situation demeurant la même. Evoquant le laisser-aller, pour ne pas dire l'état d'abandon, dont souffrent les marchés, situation qui a conduit à une désaffection totale des attributaires, notre interlocuteur a indiqué que ceux des commerçants qui ne s'installent pas dans la rue quittent les locaux pour aller gagner leur pain ailleurs. « C'est ce phénomène qui a tendance à annihiler tous les efforts déployés par l'APC d'El-Khroub pour les organiser », a indiqué, par ailleurs, notre interlocuteur. La difficulté à laquelle se heurtent les responsables de la commune est de pouvoir remplir les marchés par la réintégration des commerçants attributaires et même par les marchands informels qui activent hors de ces établissements. « La mairie d'El-Khroub fait tout pour amener ces derniers à y entrer. Malheureusement, même les informels fuient ces endroits, arguant que les locaux ne disposent pas de commodités que nous avons citées », précise-t-on encore.

Le président de l'APC d'El-Khroub, M. Aberkane, qui avait reçu les intéressés à plusieurs reprises, les a incités à reprendre leurs activités à l'intérieur des locaux, tout en leur promettant qu'ils pourront « compter sur l'aide de l'APC pour régler leur problème.

Et dans cette perspective le maire leur avait révélé que la wilaya a octroyé à l'APC une aide de 3 milliards de centimes pour l'aménagement des marchés et leur équipement ».

« Mais cette perspective ne les a pas convaincu pour autant à regagner leurs stands et leurs magasins. Et ils continuent à vivre dans un marasme total qui n'augure rien de bon pour l'avenir de cette catégorie de commerçants qui vivent dans la précarité et continuent à revendiquer l'aménagement des marchés», a conclu le responsable de l'UGCAA.