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La fin annoncée du TPP ?

par Akram Belkaïd, Paris

C’était l’un des succès majeurs de Barack Obama en matière de diplomatie économique. C’était aussi l’un des rares dossiers où il a obtenu le soutien du Congrès à majorité républicaine. Mais l’usage de l’imparfait s’impose désormais puisque Donald Trump, le président américain élu, vient de confirmer qu’il retirera son pays du Traité de Partenariat Trans-Pacifique (TPP) signé officiellement le 4 février 2016 (1). De Tokyo, le Premier ministre japonais Shinzo Abe a résumé le sentiment général : sans les Etats-Unis, le TPP n’a plus de sens.
 
Accords bilatéraux
 
Trump va donc tenir l’une de ses promesses électorales. Il s’était engagé à plusieurs reprises à faire obstacle à ce qu’il qualifiait de « viol » contre les intérêts américains. Relevons au passage - même si cela ne sert plus à grand-chose - que les diatribes du milliardaire contre le TPP étaient accompagnées d’un énorme mensonge puisqu’il affirmait que la Chine en serait le principal bénéficiaire alors qu’elle était exclue de ce partenariat. Et à bien y regarder de près, l’on se dit que la Chine, comme la Corée du sud, la Thaïlande et les Philippines sont aussi les gagnants de ce retrait puisque cela ramène les discussions commerciales entre les Etats-Unis et leurs partenaires du Pacifique à leur point de départ.

Pour dessiner de nouvelles perspectives, Trump a annoncé que son pays signera des accords bilatéraux pour préserver au mieux ses intérêts. Une annonce qui peut intriguer car le président élu a rarement évoqué cette perspective durant sa campagne électorale. Serait-il rattrapé par la réalité ? En effet, on est en droit de se demander si la stratégie du « one-to-one », celle-là même que de nombreux pays ont adopté depuis l’incapacité de l’Organisation du commerce international (OMC) à obtenir un nouvel accord multilatéral, ne serait pas finalement une acceptation déguisée du libre-échange. Pour l’heure, Trump assure que non et laisse entendre que l’Amérique usera de tout son poids pour imposer ce qu’elle souhaite à ses partenaires.
 
La Chine renforcée
 
De façon plus générale, on peut aussi s’interroger sur l’avenir de la doctrine Obama quant au recentrage de son pays sur l’Asie et le Pacifique. En se retirant du TPP, Trump vient de donner un sérieux coup de frein à cet élan géopolitique dont on disait qu’il était l’une des évolutions majeures de ce début de siècle. Surtout, l’abandon de ce partenariat- qui comme nombre d’accords homologues, promettait monts et merveilles sans que l’on puisse assurer que son chiffrage mirobolant (plus de 200 milliards de dollars) soit crédible - ne règle en rien la question de la rivalité commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Bien au contraire. La nature ayant horreur du vide, la fin annoncée du TPP donne l’occasion à Pékin d’affirmer sa position dans ce qu’elle considère comme étant sa zone naturelle d’influence.

(1)    Ce traité commercial concerne 12 pays : Australie, Brunei, Canada, Chili, Etats-Unis d’Amérique, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle Zélande, Pérou, Singapour, Vietnam.