Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Qui sera le nouveau président américain ? (Suite et fin)

par Medjdoub Hamed *

Les 5 raisons de Michael Moore que Trump va gagner

C'est, aujourd'hui, dans ce contexte de guerre et de crise économique, pendante à la crise financière de 2008 qui n'est toujours pas résorbée, et pétrolière depuis l'été 2014, que se déroulent les élections présidentielles américaines. Il est certain que l'après 8 novembre 2016, et la prise de fonction du nouveau président américain, le 20 janvier 2017 va, soit marquer la rupture avec la politique menée par le président démocrate Barack Obama et donc l'Amérique aura à se propulser dans une nouvelle politique dans le monde soit maintenir la politique actuelle poursuivie par le président américain sortant. Mais ce qu'il faut souligner, eu égard aux enjeux, aux échecs et recul de la première puissance du monde, c'est que, quel que soit le président qui sera choisi par les urnes, la situation mondiale va rester conflictuelle, et déteindra, très négativement, sur l'Economie mondiale.

D'autre part, compte tenu des visions des deux candidats qui sont, pour ainsi dire, diamétralement opposées, on peut affirmer, qu'au-delà des urnes, ce ne seront pas les programmes électoraux de chaque candidat qui vont décider de l'élection présidentielle. Parce que les deux programmes électoraux, d'une certaine manière, se valent. Trump dit que je vais «rendre la grandeur à l'Amérique» comme il l'a écrit dans son livre de campagne «Crippled America : How to Make America great again» (L'Amérique estropiée : Comment rendre sa grandeur à l'Amérique) ou encore, il promet qu'il sera «le meilleur président pour l'emploi que Dieu ait jamais créé»... sans qu'il n'avance de propositions concrètes pour réduire le chômage, dont le taux réel selon lui est en fait de 42% (il compte les étudiants, les retraités et les parents au foyer). Ou encore Hillary Clinton fait de la défense des droits de famille un de ses chevaux de bataille, ou propose un salaire minimum de 12 dollars de l'heure, alors que le salaire minimal fédéral actuel est de 7,25 dollars, l'heure, soit presque le double. Pour cela il faudrait une forte croissance économique alors que les États-Unis enregistrent, aujourd'hui, des déficits budgétaires et courants conséquents. Et si on les additionne, ils sont à plus de 1000 milliards de dollars, et financés via la planche à billets, par les pays du reste du monde. Comme pour la baisse des impôts, ou la diminution drastique des frais d'inscription pour les étudiants ou encore la réforme des finances ou taxer les hauts revenus, il est évident que tout dépend comment l'économie va évoluer et cela personne ne le dit. De plus on ne peut oublier qu'Hillary Clinton doit, pour ses propositions, encore tenir compte du Congrès qui est, majoritairement, républicain. Donc rien n'est donné.

Aussi peut-on considérer que les programmes électoraux certes, jouent un rôle dans l'orientation de l'opinion publique mais ils ne sont pas déterminants. Sinon ce serait trop facile, si c'était le meilleur programme électoral qui l'emportait. Les candidats aux élections présidentielles n'ont, alors, qu'à lisser leurs programmes pour l'emporter, quitte à ne pas le respecter lorsqu'ils sont élus. Et personne ne pourra le leur reprocher parce qu'ils mettront cela sur la crise qui n'a pas été prévue. Comme pour Bush junior ou encore Obama qui bien que son « yes, we can » était présent, la situation économique n'a été retournée que grâce aux formidables liquidités injectées par la Réserve fédérale, dans le cadre de trois programmes massifs de quantitative easing et une opération twist, entre 2008 et 2014, et qui ont vu le pétrole et l'or passer pour le premier à plus de 120 dollars le baril, pour le second à un pic de 1.900 dollars l'once en 2011. Mais depuis que la Fed a serré le robinet monétaire (fin des QE) 2014, les prix du pétrole se sont dégonflés. Le pétrole Brent est aujourd'hui à moins de 50 dollars. Une remontée depuis la réunion de l'OPEP, en septembre 2016, qui est en train de se renverser.

Il est intéressant de comprendre les arguments qu'apporte Michael Moore qui pense que Donald Trump va gagner. (11) Il avance 5 raisons qui se tiennent. Pour la première raison, il dit : « Dans les plus récents sondages, Trump devance Clinton en Pennsylvanie. Et comment se fait-il qu'il soit à égalité avec Clinton en Ohio, après tant d'extravagances et de déclarations à l'emporte-pièce? C'est sans doute, parce qu'il a affirmé (avec raison) qu'Hillary a contribué à détruire la base industrielle de la région, en appuyant l'ALÉNA. Trump ne manquera pas d'exploiter ce filon, puisque Clinton appuie, également, le PTP et de nombreuses autres mesures qui ont provoqué la ruine de ces quatre États.

Durant la primaire du Michigan, Trump a posé devant une usine de Ford et menacé d'imposer un tarif douanier de 35 %, sur toutes les voitures fabriquées au Mexique dans le cas où Ford y déménagerait ses activités. Ce discours a plu aux électeurs de la classe ouvrière. Et lorsque Trump a menacé de contraindre Apple à fabriquer ses iPhone aux États-Unis plutôt qu'en Chine, leur cœur a basculé et Trump a remporté une victoire qui aurait dû échoir au gouverneur de l'Ohio John Kasich.

L'arc qui va de Green Bay à Pittsburgh est l'équivalent du centre de l'Angleterre. Ce paysage déprimant d'usines en décrépitude et de villes en sursis est peuplé de travailleurs et de chômeurs qui faisaient, autrefois, partie de la classe moyenne. Aigris et en colère, ces gens se sont fait duper par la théorie des effets de retombées de l'ère Reagan. Ils ont ensuite été abandonnés par les politiciens démocrates qui, malgré leurs beaux discours, fricotent avec des lobbyistes de Goldman Sachs, prêts à leur écrire un beau gros chèque. Voilà, donc, comment le scénario du Brexit est en train de se reproduire. ¬[?] « Cela dit, notre plus grand problème n'est pas Trump mais bien Hillary. Elle est très impopulaire. Près de 70 % des électeurs la considèrent comme malhonnête ou peu fiable.»

La deuxième raison est aussi éloquente. « Nos 240 ans de domination masculine risquent de se terminer. Une femme risque de prendre le pouvoir! Comment en est-on arrivé là, sous notre propre règne? Nous avons ignoré de trop nombreux avertissements. [?] Ce monstre, cette « féminazie » qui - comme le disait si bien Trump ? « saigne des yeux et de partout où elle peut saigner » a réussi à s'imposer. Après avoir passé huit ans à nous faire donner des ordres par un homme noir, il faudrait maintenant qu'une femme, nous mène par le bout du nez? Et après? Il y aura un couple gai à la Maison-Blanche pour les huit années suivantes? Des transgenres? Vous voyez bien où tout cela mène. Bientôt, les animaux auront les mêmes droits que les humains et le pays sera dirigé par un hamster. Assez, c'est assez! »

La troisième raison. « Hillary est un problème en elle-même. Pouvons-nous parler en toute franchise? En premier lieu, je dois avouer que j'aime bien Hillary Clinton. Je crois qu'elle est la cible de critiques non méritées. Mais après son vote, en faveur de la guerre en Irak, j'ai promis de ne plus jamais voter pour elle. Je suis contraint de briser cette promesse, aujourd'hui, pour éviter qu'un proto-fasciste ne devienne notre commandant en chef. Je crois, malheureusement, qu'Hillary Clinton va nous entraîner dans d'autres aventures militaires, car elle est un « faucon » perché à droite d'Obama. Mais peut-on confier le bouton de nos bombes nucléaires à Trump le psychopathe? Poser la question, c'est y répondre. Cela dit, notre plus grand problème n'est pas Trump mais bien Hillary. Elle est très impopulaire. Près de 70 % des électeurs la considèrent comme malhonnête ou peu fiable. Elle représente la vieille manière de faire de la politique, c'est-à-dire l'art de raconter n'importe quoi pour se faire élire, sans égard à quelque principe que ce soit. [?]Pas une journée ne passe sans que des milléniaux me disent qu'ils ne l'appuieront pas. Je conviens qu'aucun démocrate ou indépendant ne sera enthousiaste à l'idée de voter pour elle, le 8 novembre. La vague suscitée par l'élection d'Obama et la candidature de Sanders ne reviendra pas. Mais au final, l'élection repose sur les gens qui sortent de chez eux pour aller voter, et Trump dispose d'un net avantage à cet effet. »

La quatrième raison. «Les partisans désabusés de Bernie Sanders. Les jeunes n'ont aucune tolérance pour les discours qui sonnent faux. Dans leur esprit, revenir aux années Bush-Clinton est un peu l'équivalent d'utiliser MySpace et d'avoir un téléphone cellulaire gros comme le bras. Les jeunes ne voteront pas davantage pour Trump. Certains voteront pour un candidat indépendant, mais la plupart choisiront, tout simplement, de rester à la maison.» La cinquième raison. « Pour conclure, ne sous-estimez pas la capacité des gens à se conduire comme des anarchistes malicieux lorsqu'ils se retrouvent seuls dans l'isoloir. [?] Vous pouvez choisir un parti politique, ou écrire Mickey Mouse et Donald Duck, sur votre bulletin de vote. C'est pour cette raison que des millions d'Américains en colère seront tentés de voter pour Trump. Ils ne le feront pas parce qu'ils apprécient le personnage ou adhèrent à ses idées, mais tout simplement parce qu'ils le peuvent. Des millions de gens seront tentés de devenir marionnettistes et de choisir Trump, dans le seul but de brouiller les cartes et voir ce qui arrivera. Vous souvenez-vous de 1998, année où un lutteur professionnel est devenu gouverneur du Minnesota? Le Minnesota est l'un des États les plus intelligents du pays, et ses citoyens ont un sens de l'humour assez particulier. Ils n'ont pas élu Jesse Ventura parce qu'ils étaient stupides et croyaient que cet homme était un intellectuel destiné aux plus hautes fonctions politiques. Ils l'ont fait parce qu'ils le pouvaient. Élire Ventura a été leur manière de se moquer d'un système malade. La même chose risque de se produire avec Trump. »

«Un homme m'a interpellé, la semaine dernière, lorsque je rentrais à l'hôtel, après avoir participé à une émission spéciale de Bill Maher, diffusée sur HBO, à l'occasion de la convention républicaine: «Mike, nous devons voter pour Trump. Nous DEVONS faire bouger les choses!» C'était là l'essentiel de sa réflexion. Faire bouger les choses. Le président Trump sera l'homme de la situation, et une grande partie de l'électorat souhaite être aux premières loges pour assister au spectacle.»

Qui sera le nouveau président des États-Unis ? Pourquoi, après les élections, le monde se dirigera vers une crise économique grave ?

Tout ce qu'énonce Michael Moore se tient. Oui, ce sentiment de lassitude, d'incompréhension, de prise de conscience des Américains d'un système malade qui gouverne, transparaît dans les mots de Michael Moore. Une réalité vécue, sentie. Comme le dit cet Américain qui interpelle Moore : « Nous devons faire bouger les choses ! Faire bouger les choses. Le président Trump sera l'homme de la situation. »

La question qui se pose pourquoi Trump sera l'homme de la situation et non Hillary Clinton, et ce, au-delà du réquisitoire de Michael Moore ? Pour comprendre l'Amérique, il faut partir de l'aura qu'avait l'Amérique lorsqu'elle avait libéré l'Europe et l'Asie du nazisme et du militarisme japonais en Asie. Son aura était très grande, à l'époque, l'Amérique symbolisait le monde libre. Elle était en quelque sorte la championne des peuples libérés malgré son impérialisme qui était ensuite notoire. Mais le fait qu'elle luttait contre le totalitarisme communiste (guerre en Corée, au Vietnam), ou qu'elle menait une politique de deux poids deux mesures dans le conflit israélo-palestinien, pouvait encore faire passer cet impérialisme dans le cadre de la guerre froide. D'ailleurs la guerre du Vietnam a porté un coup dur à cette image de championne du monde libre héritée par le Deuxième Conflit mondial.

Mais là où tout commence à se casser pour la superpuissance, c'est lorsqu'elle mène une politique impérialiste agressive directe à partir de la fin des années 1980. Profitant de l'éclatement de l'URSS, la guerre froide terminée, à la tête d'une coalition internationale, elle entre en guerre, au Moyen-Orient, contre l'Irak. Une annexion du Koweït par l'Irak qu'elle a fomentée ainsi que la guerre qui a suivi pour la faire passer pour une puissance libératrice au service des peuples. Alors qu'en fait, l'Amérique visait à dominer le monde. Même le concept de « guerre chirurgicale » avec le « zéro mort », alors que le camp adverse subissait des centaines de milliers de morts entre combattants et innocents. Plus d'innocents, de vieillards, de femmes, d'enfants tués par les bombardements que de combattants.

La guerre terminée, c'est l'embargo de 12 années qui a suivi contre l'Irak, provoquant la mort de 500.000 à 1 million d'enfants selon les Nations unies, et des frappes aériennes quasiment quotidiennes, à la fin des années d'embargo.

Où est la mansuétude, l'humanisme, la morale chrétienne de la première puissance du monde ? Les régimes politiques, démocrates et républicains qui se suivent ne les différencient guère de Bush père à Bill Clinton, puis de Bush fils à Barack Obama, l'Amérique reste engluée dans les guerres directement ou indirectement contre le reste du monde, en particulier contre le monde musulman.

Lorsqu'elle s'est alliée aux pétromonarchies arabes féodales, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, cette alliance contre-nature pouvait passer parce qu'elle était justifiée par la lutte contre le totalitarisme sino-soviétique. L'endiguement faisait passer la pilule idéologique de la lutte pour le monde libre, malgré les couacs dans certaines régions géographiques. Mais quand l'Amérique installe des régimes islamiques extrémistes comme les talibans en Afghanistan, rien ne va plus. Elle devient le pays qui encourage l'extrémisme islamiste. Certes tant qu'elle utilisait les moudjahidine afghan pour libérer l'Afghanistan contre l'occupation soviétique, cela pouvait passer. Mais armer et lancer des islamistes radicaux qui n'utilisent l'Islam que pour dominer les peuples comme l'Amérique elle-même le fait mais à l'échelle planétaire, comment espèrerait-elle que les peuples accepteraient telle ignominie de la première puissance du monde.

Au point que le 11 septembre 2001 surgissent des airs 4 avions de ligne attaquant les symboles du pouvoir financier mondial dont l'Amérique se targue d'en être le dépositaire. Alors que ce centre financier mondial a tissé une toile malsaine sur le monde, dont l'objectif est d'asservir les peuples, y compris le peuple américain. C'est de nouveau l'occasion pour l'Amérique de défaire le régime islamiste des talibans et installer un autre en Afghanistan, plus soumis à sa puissance. Puis elle s'en prend au régime progressiste laïc irakien, le défait, et installe un régime chiite. Son plan de dominer l'Irak ne fonctionne pas. L'Iran qui était dans le collimateur a au contraire contribué à son échec. Les deux mandats de Bush junior se terminent en catastrophe. D'abord en 2005, avec l'ouragan Katrina, qui a poussé les eaux à submerger la Louisiane. La Nouvelle-Orléans était sous les eaux au point que des évangélistes américains ont annoncé que c'est une punition de Dieu.

Toujours est-il, le deuxième mandat de Bush se termine en apothéose du déclin. Non seulement c'est un fiasco dans la guerre menée en Irak, mais l'économie américaine s'arrête de fonctionner, à l'été 2008. C'est une formidable crise financière qui frappe l'économie américaine et s'étend au monde. Des millions d'Américains perdent leurs logements et leurs emplois. De nouveau le pouvoir financier mondial dont l'Amérique dispose entre en jeu et inonde le monde de masses de dollars. Plus d'une dizaine de milliers de milliards de dollars, en sept ans. On fait état de l'équivalent du tiers du PIB mondial, en dollars. L'économie américaine et mondiale remonte lentement, mais remonte. Les Américains cherchent toujours une issue à la débâcle de leurs plans de guerre de domination, au Moyen-Orient. Celui-ci est intimement lié au plan de domination du pouvoir financier américain qui lui aussi vise, via le pétrole arabe libellé en dollar, une domination monétaire à l'échelle planétaire.

Le « Printemps arabe » venu que la superpuissance a provoqué offre de nouveau une voie de sortie. De 2011 à 2016, tous les régimes politiques arabes sont déstabilisés. Si ce printemps comme on dit « à quelque chose malheur est bon » va permettre de « dégager » des despotes arabes alliés de l'establishment américain, que celui-ci a sacrifiés intentionnellement parce qu'ils ont cessé d'être rentables pour la domination du monde, de nouveau, l'Amérique est engluée dans un conflit sans fin dans le monde arabo-musulman.

L'Irak est terrassé par la guerre.

On lui crée un Etat islamique (EI) qui sortit du néant en 2014, et qu'une année après, devenant réfractaire et insoumis, l'Amérique le punit. A la tête d'une coalition, elle le bombarde. Mais la Syrie est dévastée. L'Amérique arme et on rétribue des extrémistes islamiques pour détruire la Syrie, le seul Etat qui fait face à Israël et est encore debout. Face à l'impérialisme israélien, qui est un sous-produit de l'impérialisme américain.

Une autre guerre est déclenchée au Yémen par les pétromonarchies arabes, alliés aux Américains, contre le peuple houtie du Yémen. Mais cette voie de sortie pour l'Amérique ne va pas tenir. Tout va basculer lorsque la Russie entre dans le conflit syrien, le 30 septembre 2015. C'est une débâcle pour les plans américains, l'issue est bloquée d'autant plus que la Russie enregistre succès sur succès. En Ossétie du Sud, en Crimée et Sébastopol, et enfin en Syrie et au Moyen-Orient, avec pour base l'Iran qui lui ouvre les portes, et la Syrie où elle se renforce, en créant de nouvelles bases permanentes en plus de Tartous.

Telle est la situation de déclin de l'Amérique qui entraîne avec elle ses alliés. L'Europe qui n'est toujours pas sortie de la crise financière de 2008, le Japon toujours englué dans une déflation depuis les années 1990, et enfin les pétromonarchies du Golfe qui se trouvent plongés dans une double crise pétrolière et de guerre au Yémen. On comprend dès lors pourquoi les Américains doutent de leur système politique bipartisan qui, à chaque élection présidentielle, leur fait des promesses, des promesses qu'il ne tient pas. De plus, vu les guerres qui n'en finissent plus depuis 26 ans, qui a commencé avec la fin du bloc Est en 1990, des échecs répétés dans la lutte anti-terroriste et, plus grave, elle utilise des terroristes islamistes à des fins de domination au Moyen-Orient, l'Amérique ne fait que donner une image négative d'elle aux peuples du reste du monde. Et le peuple américain qui prend conscience n'arrive pas à renverser les donnes.

C'est la raison pour laquelle Donald Trump qui a qualifié l'Amérique de « pays estropié » a trouvé un grand répondant dans l'aspiration et l'opinion du peuple américain. Parce qu'il a su dire la vérité au peuple américain, et c'est par cet esprit de franchise qu'il en a capté une grande partie. Surtout souvent sans qu'il dise comment, il ne veut pas mentir comment il compte arriver à rendre la grandeur de l'Amérique. Il ne veut pas faire de fausses promesses qu'il ne pourrait tenir. Comme le fait Hillary Clinton qui, par exemple, propose un salaire minimum de 12 dollars l'heure au lieu de 7,25 dollars actuellement. Elle sait pourtant que cette promesse n'est pas jouable, eu égard à la crise mondiale.

«Car si cela eut été vrai, un salaire minimum de 12 dollars l'heure, conjugué à une baisse d'impôts comme elle le promet, aurait fait la joie à la Chine, à l'Europe, aux pays exportateurs de pétrole, à la Russie, au pays du reste du monde. Parce que ces 12 dollars l'heure auraient dopé la consommation américaine et augmenté les déficits jumeaux américains. Une situation qui se traduira forcément par une financiarisation de l'économie mondiale et boostera les exportations de la Chine, de la Russie, des pays émergents, des pays exportateurs de pétrole et le double effet en Europe, en consommation et exportation. Or, aujourd'hui c'est le contraire qui se produit. L'Amérique serre le robinet monétaire. Et tous les économistes du monde qui suivent l'actualité financière et monétaire de l'Amérique et de l'économie mondiale le savent. »

Aussi peut-on dire avec une très grande probabilité que c'est Donald Trump qui sera élu, et donc sera le 45ème président des États-Unis. Mais il faut avertir qu'après son élection, son mandat sera extrêmement difficile. Il aura tout l'establishment américain contre lui, y compris dans le camp républicain. Les poids lourds de son camp ont déjà signifié qu'ils ne le soutiendraient pas dans les élections et ils feront de même après les élections. Il est évident que républicains et démocrates ont partie liée avec le pouvoir financier américain qui a une très grande emprise sur le monde. Aussi peut-on pronostiquer que Donald Trump aura certainement contre lui ce pouvoir financier secret, souterrain. Bien qu'il soit au service de la nation, et donc au service des politiques qui dirigent la nation, en réalité, ce sont les politiques qui sont à son service. C'est ce pouvoir qui dicte l'orientation de la politique de l'establishment (Maison-Blanche, Pentagone, CIA) tant sur le plan intérieur qu'extérieur. Et ces deux plans sont liés, ils sont interdépendants.

Précisément, en cherchant à mettre au pas le pouvoir financier, ou à s'imposer à lui, que Donald Trump provoquera une riposte qui le contraindra à changer de politique. Et la riposte, il ne faut pas aller trop loin pour la comprendre, le conflit va forcément déteindre négativement sur l'économie américaine. D'autant plus que la Réserve fédérale américaine a aujourd'hui toutes les difficultés du monde pour trouver la meilleure voie pour stabiliser l'économie américaine dans la croissance. Mois après mois, en cette année 2016, elle reporte la hausse du taux d'intérêt de crainte d'étouffer la reprise.

D'autre part, Donald élu, une crise économique va commencer à poindre dès 2017, qui impactera négativement l'économie mondiale. Donc une crise encore plus grave qu'elle ne l'est aujourd'hui pour les pays émergents, les pays exportateurs de pétrole et du reste du monde. Le premier pays qui sera visé est certainement la Russie qui, depuis 2014, et surtout aujourd'hui, est réfractaire à la domination occidentale. La Russie poutinienne veut partager la responsabilité de gestion du monde. Et on peut penser qu'elle ne veut pas dominer, mais veut avoir sa propre voie, sur un partage équitable de responsabilité. Ce que ne veut pas l'Occident. Si la Russie a été acceptée de faire partie du G7, c'est qu'elle devait accepter les règles de la majorité des pays riches. Ce qui n'a pas été le cas lorsque ce consortium de pays riches a voulu toucher le proche immédiat de la Russie, et on comprend la visée occidentale que réprouve la Russie et sa réaction naturelle de se défendre.

Cette crise économique mondiale vise aussi la Chine pour qui un yuan internationalisé mais dirigé par la Banque de Chine est inacceptable pour l'Occident. Le Japon s'est soumis en 1985, la Chine non. Et bien que le yuan fasse partie du panier de monnaies du FMI, la méfiance est là. Et la Chine aspire à être dans quelques années la première puissance du monde. Et c'est dans cet imbroglio des grandes puissances, dans ces défis, à l'échelle planétaire, que ces élections surviennent. Enfin, au cas où notre pronostic s'avère faux, que c'est Hillary Clinton qui est élue, la situation économique mondiale va aussi se déliter. S'il n'existe aucun conflit entre la présidente et le pouvoir financier américain, il demeure qu'une crise économique, à l'échelle mondiale, est probablement nécessaire pour les raisons ci-après. Cependant moins accentuée que ne l'aurait été si Trump était élu. En effet, conjugué à la crise économique et au prolongement de la guerre au Moyen-Orient, rien n'interdit de penser que c'est par ce double impact que les États-Unis veulent arriver à la victoire, par l'usure de la puissance russe ? comme cela s'est produit avec l'Armée rouge durant la guerre en Afghanistan, de 1979 à 1989. On comprend dès lors que le Moyen-Orient risque de rester longtemps déstabilisé, et la guerre maintenue. De plus, les autres aires du monde arabe peuvent aussi être prises dans le sillage de cette déstabilisation globale du Moyen-Orient.

Telle est la situation du monde à venir. L'auteur espère se tromper, mais les événements qui se jouent dans le monde sont trop graves pour penser que les années à venir vont dans le bon sens, i.e. que les grands conflits vont se résoudre. A voir seulement le peuple syrien dont une grande partie a fui la guerre et se trouve à errer à travers le monde. Et les migrants qui envahissent l'Europe depuis la débâcle des régimes autoritaires arabes.

* auteur et chercheur indépendant en économie mondiale, relations internationales et prospective

Notes :

1. «Donald Trump accusé d'attouchements et d'agressions physiques », par L'OBS. 13 octobre 2016

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/elections-americaines/20161013.OBS9760/donald-trump-accuse-d-attouchements-sexuels-le-candidat-dement.html

2. «Etats-Unis: les Républicains anticipent une défaite de Trump, veulent garder le Congrès », par la voix du Nord 9 octobre 2016

http://www.lavoixdunord.fr/57440/article/2016-10-09/etats-unis-les-republicains-anticipent-une-defaite-de-trump-veulent-garder-le

3. «Donald Trump lance un livre de campagne », Agence France Presse ? New York, 3 novembre 2016

http://www.lapresse.ca/international/etats-unis/201511/03/01-4916833-donald-trump-lance-un-livre-de-campagne.php

4. «Trump fustige le système corrompu qui serait incarné par Hillary Clinton », Le Figaro. 23 juin 2016

http://www.lefigaro.fr/international/2016/06/23/01003-20160623ARTFIG00005-trump-fustige-le-systeme-corrompu-qui-serait-incarne-par-hillary-clinton.php

5. «Convention républicaine : premiers extraits du discours de Donald Trump », Le Journal de Montréal. 21 juillet 2016

http://www.journaldemontreal.com/2016/07/21/convention-republicaine-premiers-extraits-du-discours-de-donald-trump

6. «Le discours d'investiture de Donald Trump », en 42 secondes », par Libération.fr

www.liberation.fr/.../le-discours-d-investiture-de-donald-trump-en-42-secondes_1467...

7. «La convention démocrate se réunit à Philadelphie pour investir Hillary Clinton » par Europe 1. Le 25 juillet 2016

http://www.europe1.fr/international/la-convention-democrate-se-reunit-a-philadelphie-pour-investir-hillary-clinton-2807140

8. «Commerce: l'Europe veut soutenir l'adhésion de la Chine à l'Organisation mondiale du commerce », Les Echos. Le 30/05/1994

http://www.lesechos.fr/30/05/1994/LesEchos/16654-007-ECH_commerce?l-europe-veut-soutenir-l-adhesion-de-la-chine-a-l-organisation-mondiale-du-commerce.

9. «Conversion de devises » par fxtop http://fxtop.com/fr/conversion-devises-date-passee.php

10. «G7: la Russie exclue du club des puissants après l'annexion de la Crimée », par le Figaro.fr. Le 24 mars 2014

http://www.lefigaro.fr/international/2014/03/24/01003-20140324ARTFIG00370-g7-la-russie-exclue-du-club-des-puissants-apres-l-annexion-de-la-crimee.php

11. «Cinq raisons pour lesquelles Trump va gagner », par Michael Moore. Huffingtonpost. Le 26 juillet 2016. Actualisé le 5 octobre 2016

http://www.huffingtonpost.fr/michael-moore/cinq-raisons-pour-lesquelles-trump-va-gagner/