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La production scientifique du GRAS (1991-2016): Anniversaire du GRAS : 25 ans après !

par R. N.

La production scientifique du GRAS (1991-2016) est un document inestimable. Il est le résultat d'un travail de recherche continu, rigoureux et de terrain mené pendant 25 ans par des chercheurs d'horizons disciplinaires pluriels (sociologues, psychologues, démographes, anthropologues et médecins). Il semble important de mettre en perspective cette production scientifique de qualité, reconnue sur le plan international :

1- Le GRAS, créé en 1991, n'aurait pas été possible sans un projet scientifique rigoureux mené de façon tenace par quatre sociologues. Ils considéraient que seule l'immersion dans la société, plus particulièrement dans les différents espaces de la santé, de la maladie et de la médecine, pouvait être pertinente pour tenter de comprendre du dedans les multiples façons d'appréhender le sens du mal (Herzlich, Augé, 1984). La création de l'anthropologie de la santé à l'université d'Oran a représenté un défi scientifique majeur. Pour ce faire, nous avons mobilisé sans relâche des réseaux nationaux et internationaux qui ont été d'un soutien important dans notre aventure scientifique.

En considérant avec force que le regard des sciences sociales sur la santé, la maladie et la médecine recouvre une valeur heuristique, notre travail scientifique consistait à montrer la prégnance des logiques sociales des différents acteurs de la santé, l'importance des multiples interactions qui se nouent dans le champ de la santé, les stratégies multiples de recours aux soins des patients, s'opérant souvent à contre-courant des orientations de l'Etat, les multiples significations attribuées aux maladies chroniques, etc.

2- Si le GRAS peut se targuer avec fierté d'avoir résisté pendant 25 ans et de présenter de façon aussi précise toute la production scientifique de cette période, c'est essentiellement parce qu'il a investi activement et inlassablement dans la formation de jeunes chercheurs mais aussi de médecins qui ont pu ainsi s'initier au regard anthropologique. La formation rigoureuse, s'appuyant sur les dernières recherches en sciences sociales et santé, aura été l'autre dimension déterminante qui a indéniablement contribué à la production scientifique. Il importe de ne jamais oublier, car l'oubli c'est refuser de laisser des traces qui sont «parlantes», parfois gênantes et dérangeantes. Elles ont le mérite d'objectiver le travail réalisé par le chercheur, beaucoup mieux que des discours rhétoriques et prétentieux qui se présentent bien souvent comme une coquille vide. Rappelons brièvement tout le travail de fourmi qui a été assuré dans l'espace théorique, l'espace critique et auto-critique, l'espace «santé publique», l'espace «partage et convivialité», l'espace «écrire en sciences sociales», nous permettant de réfléchir sur nos différentes catégories d'analyse : la notion d'acteur social, le stigmate, le quotidien en santé, réflexion sur l'approche qualitative, la notion de prise en charge de la maladie chronique en sciences sociales, la notion d'autonomie, famille et santé, le sens du mal, etc. Or tous ces séminaires de travail, sans oublier les multiples conférences présentées par des chercheurs nationaux et étrangers, ont incontestablement nourri nos réflexions pour aboutir à produire des articles de qualité et des ouvrages importants disponibles au GRAS. On trouvera dans ce document des synthèses concises sur les ouvrages et les articles produits pendant 25 ans.

3- Enfin ce document scientifique de référence est la mémoire du GRAS qui permet à d'autres jeunes chercheurs passionnés de continuer, mais aussi d'approfondir de façon critique les résultats de ces multiples recherches. Ce travail de recensement précis montre à quel point il est important pour la recherche de s'inscrire dans l'accumulation scientifique pour que demain les responsables de la santé, ne diront pas que rien n'a été fait par les chercheurs pour comprendre, analyser mais aussi transformer le système de soins pour qu'il réponde aux attentes des patients les plus anonymes et les plus vulnérables. Ce document doit beaucoup à Ahmed Semmoud, le concepteur rigoureux et méticuleux qui a réussi le pari de recenser avec patience tous les documents scientifiques.