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Elles réclament l'abrogation de la charte pour la Paix et la Réconciliation: Un rassemblement des familles de disparus empêché

par M. Aziza

Le rassemblement des familles des disparus, qui devait se tenir jeudi dernier devant l'assemblée populaire a été, pour la énième fois, empêché. Une trentaine de personnes dont certaines brandissaient les photos de leurs proches disparus lors de la décennie noire, ont tenté vainement de se rapprocher de la chambre parlementaire, mais elles ont été vite stoppées par les services de la police, au boulevard Zighoud Youcef, d'autres ont été dispersés. Une dizaine de manifestants ont été embarqués et conduits au commissariat de la commune de Mohammedia, puis relâchés vers la fin de l'après-midi.

Les manifestants répondaient à l'appel du CFDA et de SOS Disparus invitant les familles des disparus à tenir un rassemblement devant l'APN, à l'occasion du 11ème anniversaire de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, afin d'interpeller les députés en leur qualité de représentants légitimes du peuple algérien, à instaurer un véritable débat sur cette question, afin que toutes les victimes puissent exercer leur droit à la Vérité et la Justice.

Dallal Aydoun, membre de SOS disparus a rappelé que cette démarche n'est pas la première du genre. «Nous avons à deux reprises sollicité le président de l'APN, en demandant une audience avec les députés pour débattre la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, mais sans écho».

Notre interlocutrice a affirmé que deux demandes ont été déjà adressées à Ould Khelifa, la première en date du 10 décembre, lors de la célébration de la Journée des droits de l'homme en 2015 et une autre demande a été formulée le 8 mars en 2016, lors de la journée de la femme. «Mais sans aucune suite, ce qui nous a poussé à organiser ce sit-in, dans l'espoir d'être reçus par les représentants légitimes du peuple. Mais peine perdu, les services de sécurité ont encore une fois empêché la tenue du rassemblement», regrette-elle.

Les familles de disparus exigent l'abrogation de la charte nationale pour la paix, qualifié par les protestataires de «scandaleuse» et ce onze ans après son adoption. Elles ont réaffirmé à travers cette action leur opposition à ce texte qui «prône l'oubli, bafoue le droit des victimes à obtenir la vérité et la justice tout en légalisant l'impunité».

Les familles de disparus se sont insurgées contre les textes d'application de ladite charte obligeant les familles de disparus à déclarer leur proche décédé pour obtenir une indemnisation qui n'est guère à la mesure du lourd préjudice subi. Ces familles réaffirment qu'elles ne peuvent accepter ce «compromis honteux» dès lors qu'elles nourrissent l'espoir même infime, que leurs enfants «sont toujours en vie, embastillés quelque part et finiront par réapparaître un jour ou l'autre». Elles ont également exprimé leur opposition quant à l'article 45 stipulant que nul ne peut déposer plainte contre les agents de l'Etat pour des crimes commis pendant les années 1990, particulièrement pour les disparitions forcées. SOS Disparus et le CFDA estiment que la charte pour la paix et la réconciliation nationale «ne peut constituer une base raisonnable d'une transition vers une paix solide et durable».