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El-Bayadh: Un nouveau souffle aux activités artisanales traditionnelles

par Hadj Mostefaoui

Dès son arrivée dans la wilaya d'El-Bayadh en début de matinée de dimanche dernier dans le cadre d'une visite d'inspection et de travail, Mme Aicha Tagabo, ministre déléguée, chargée de l'artisanat auprès du ministère de l'Aménagement du territoire, du Tourisme et de l'Artisanat, s'est rendue dans le centre de la formation professionnelle de Chellala où elle a donné le coup d'envoi de la rentrée scolaire professionnelle 2016/2017, en présence du wali d'El-Bayadh et des autorités locales.

Il y a lieu de noter que ce secteur compte pas moins de 4.949 stagiaires, et 3.360 offres de formation pour 2.334 inscrits. En matière d'infrastructure d'accueil, qui a d'ailleurs fait au cours des dix dernières années un grand bond en avant, la wilaya compte 1 institut national de formation professionnelle, 10 centres de formation, dont 3 pour le seul chef-lieu de la wilaya, et 7 autres implantés chacun dans les 7 daïras, d'un établissement en informatique et enfin un second institut de formation prévu à Bougtob.

Trois internats accueilleront quant à eux 240 stagiaires au chef-lieu de wilaya et 120 autres au sein de l'INFP. De nouvelles sections liées à la promotion des activités artisanales ont été retenues cette année, telles la poterie, la céramique et le travail du plâtre.

La ministre déléguée a fait un détour au vieux ksar qui a été fondé, selon de nombreux témoignages recueillis sur place, au 12è siècle et représente un pan entier de l'histoire, non encore dévoilée à ce jour et du riche patrimoine ancestral de la région. Une véritable citadelle historique qui a vu défiler dans plusieurs générations de familles berbères et dont les vestiges existent à ce jour, telles des ensembles d'îlots d'habitations et de maisonnettes en toub agencée selon la hiérarchie tribale de l'époque berbère.

A signaler que ce ksar a subi toute une série d'opérations de réhabilitation et de restauration respectant le style architectural traditionnel mais hélas beaucoup reste à faire en matière de prospection et nos spécialistes et archéologues ont du pain sur la planche s'ils veulent réellement se pencher sur la découverte du passé glorieux et mouvementé des populations locales. A la daïra de Boussemghoun, seconde étape de sa visite, la ministre déléguée s'est longuement attardée dans le dédale de ruelles du vieux ksar qui domine la palmeraie, haut lieu de la tarika Ahmdya -Mohamedia ? Ibrahimlia- Hanifia dirigée par le du célèbre guide spirituel, Sidi Ahmed Tidjani né à Ain Madhi (Laghouat ). Ce dernier y a fait un premier séjour de 1196 à 1199, âgé en ce moment de 45 ans puis se rendit par la suite à Boussemghoun où il demeura de 1199 à 1213 date à laquelle il a pris son bâton de pèlerin pour Fès au Maroc où il rendit son dernier souffle dans sa zaouïa bénie à l'âge de 80 ans en 1230.

Tout au long de son passage dans cette citadelle, la ministre déléguée a mis l'accent sur la nécessité de restaurer et de maintenir debout l'ensemble des habitations et édifices religieux encore valides qui représentent un atout considérable pour la promotion du tourisme. En début d'après-midi, la ministre déléguée s'est rendue à la maison de l'artisanat où elle a été subjuguée par les produits artisanaux réalisés par des jeunes talents, dans le domaine de la tapisserie, de la couture des robes traditionnelles brodées et plus particulièrement un jeune handicapé, un prodige dans la couture des djellaba de luxe «oubar», de vrais joyaux qui valent leur pesant en or.

Dans le souci de l'encourager et de donner une nouvelle impulsion à son élan créateur, la ministre déléguée a donné des instructions au responsable de cette maison pour que lui soient accordées toutes la facilités d'accès à son outil de travail ainsi qu'un crédit financier et un local.

Le secteur de l'artisanat d'art, réduit actuellement à sa plus simple expression, a connu ses heures de gloire par le passé, il tente cahin-caha de remonter la pente après le départ à la retraite de ces vieilles tisseuses de laine aux mains de fées dont les tapis, carpettes et coussins en laine s'exportaient pour être exposés lors de manifestations culturelles internationales et orner les luxueux palaces et salons outre Méditerranée.

A l'issue de sa visite, la ministre déléguée a formulé le vœu de voir les efforts de tous ces jeunes converger vers la promotion de ce riche patrimoine culturel et artistique, dont les retombées économiques et financières seront incontestablement bénéfiques pour le pays. L'artisanat et le tourisme vont de pair, soulignera-t-elle plus loin, sachant que ces deux secteurs ont toujours fait bon ménage et l'un ne va pas sans l'autre.

A ce titre l'accent sera mis, selon elle, sur la multiplication de centres de formation d'artisans capables de donner une nouveau souffle à plusieurs activités tant la matière première est disponible en abondance dans la région (laine, peaux et alfa) et créer ainsi de nouvelles vocations chez les jeunes. Des métiers qu'il faudra à tout prix sauver et pourquoi pas en créer d'autres telles la vannerie, la dinanderie et d'autres très accessibles et profiter du savoir-faire des adultes hommes et femmes.

Rappelons qu'au titre de l'année 2013, sur les 57 dossiers déposés par les jeunes auprès de la maison de l'artisanat pour la création de petites entreprises, 29 candidats ont eu le feu vert et que les 79 dossiers inscrits pour d'autres activités ont été étudiés par la commission ministérielle dans le courant du mois de décembre 2014. A ce jour, devait nous indiquer le directeur de cette maison artisanale, sur les 2.028 locaux commerciaux qui ont été réalisés, les clés de 1.462 ont été remises à leurs bénéficiaires dont seulement 243 exercent les activités pour lesquelles ils ont été inscrits auparavant. Compte tenu de l'exiguïté des espaces au sein de la maison de l'artisanat de la wilaya, des travaux d'aménagement et d'extension ont été réalisés et achevés à la faveur d'une enveloppe financière d'un montant global de 36.507.000 DA.