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Transport ferroviaire: Ce pourquoi l'accident de Boudouaou n'a pu être évité

par Yazid Alilat

L'accident de train qui a fait un mort et 198 blessés, samedi à Boudouaou dans la wilaya de Boumerdès, aurait pu être évité, a estimé hier lundi le DG de la SNTF, Yacine Bendjaballah.

Il a expliqué à la radio nationale que cet accident aurait pu être évité si les conditions techniques et technologiques étaient mises en place. Il relevera que le système de gestion actuel des trains est dépassé. «Nous sommes à 15 minutes d'intervalle entre deux trains avec une forte pression en termes de prise en charge des voyageurs», souligne t-il. «Il faut un système de gestion nouveau pour gérer le trafic, et nous n'avons pas cette technologie aujourd'hui. Il faut une gestion automatisée des trains et de communication pour gérer la circulation des trains, et nous n'avons pas encore installé cette technologie», même si «nos équipements sont dotés de cette technologie que nous ne pouvons exploiter du fait du retard dans l'infrastructure». Sur le système actuel de gestion des trains, le DG de la SNTF reconnait qu'il est vieillissant, même s'il reste performant, mais «il faut un système de détection de vitesse des trains, et il y a un retard dans la mise en place de nouveaux systèmes». Ces moyens technologiques de signalisation automatique des trains sont le système électronique de localisation à distance des trains (GSMR) les uns par rapport aux autres, et qui peuvent multiplier la cadence des dessertes par deux. Pour M. Bendjaballah, il est urgent de mettre en place l'infrastructure ferroviaire pour ensuite installer le nouveau système de détection à distance des trains. «Le système que nous avons acquis pour gérer la vitesse des trains est le même que celui de Londres, et on attend de le mettre en place», ajoute-t-il.

Sur les causes de l'accident de Boudouaou, il a rappelé qu'il est encore difficile de les situer, en l'absence d'un système de localisation à distance des trains, «ce qui n'exclut pas une erreur humaine». «L'erreur humaine y est, mais on n'a pas encore situé l'origine», a-t-il par ailleurs relevé avant de préciser que «toutes les probabilités sont là». «Cette erreur humaine, il faut la situer. Le système d'exploitation qu'on a aujourd'hui a ses limites. Pour aller en dessous d'un quart d'heure entre deux trains il faut un nouveau système», affirme M. Bendjaballah. L'accident s'est produit lorsque le train de Sétif a rattrapé en gare de Boudouaou celui de Thenia. Une enquête a été ouverte pour situer les responsabilités et les raisons de l'accident.

C'est un coup dur pour la SNTF qui a mis en place un vaste programme de 127 milliards de dinars pour moderniser les transports ferroviaires en Algérie. Car vers 2017-2018, il y aura des trains électrifiés, à grande vitesse, d'abord du 160 km/h, ensuite du 200 km/h. Il est prévu dès le 1er novembre prochain le début d'exploitation de la nouvelle ligne Birtouta-Zeralda, dans la wilaya d'Alger, ensuite la ligne Thenia-Tizi Ouzou et surtout la ligne à grande vitesse, avec trains électrifiés, Oued Tlélat-frontière avec le Maroc. «Il y a un programme ambitieux de modernisation du réseau ferré», a-t-il dit. Le programme de développement du rail est doté d'un financement global de 127 milliards de dinars, et un peu plus de 50% de ce programme ont été déjà engagés sous la forme d'achat de 17 autorails auprès du constructeur français Alstom pour les grandes lignes et le réseau inter-villes avec une enveloppe de 21 milliards de dinars.