Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Coups de gueule, rappels à l'ordre: Le gouvernement parle-t-il d'une même voix ?

par Mahdi Boukhalfa



Au sein du gouvernement, tout le monde parle d'une même voix, et il n'y a aucun «dérapage» ni «cacophonie» sur quelque sujet que ce soit. C'est en somme le message donné hier dimanche par le ministre de la Communication, Hamid Grine, après les sorties inattendues de certains membres de l'Exécutif ces derniers jours. Le département de M. Grine a-t-il été sollicité pour corriger des erreurs de certains ministres, qui ont fait des déclarations fracassantes quant à la gestion de certaines affaires qui touchent directement certains milieux ? Pour Hamid Grine, il y avait une «cohésion, une solidarité et une discipline gouvernementale» dans l'application du programme du président de la République. «Je voudrais juste affirmer qu'il y a une cohésion, une solidarité et une discipline gouvernementale sous l'égide du Premier ministre Abdelmalek Sellal dans l'application rigoureuse du programme du président de la République, Abdelaziz Bouteflika», a-t-il expliqué lors d'une conférence organisée à l'Ecole supérieure de journalisme de Ben Aknoun.

Ces propos seraient en fait une réponse «gouvernementale» aux déclarations des ministres du Tourisme Abdelouahab Nouri et du Commerce Bekhti Belaïb. Il y a d'abord les déclarations fracassantes de M. Nouri sur la gestion du patrimoine foncier de Dounya Parc, une semaine après avoir dénoncé l'existence sur «papier» des ZET dans la wilaya de Jijel. Pour le cas de Dounya Parc, lancé par son prédécesseur Cherif Rahmani, M. Nouri avait dénoncé le 25 août dernier l'attribution de lots de terrain de manière illégale et clandestine» au sein de ce Parc. «Des lots de terrains ont été distribués dans un irrespect total de la législation en la matière et loin de toute transparence, en vue de l'implantation de projets imaginaires, représentés pour la plupart d'entre eux par des fast-foods», avait révélé le ministre à la presse.

M. Nouri s'est dit «abasourdi» après avoir pris connaissance du dossier Dounya Parc, qualifiant la situation de «très grave» et nécessitant des «mesures urgentes et rigoureuses».

C'est un peu le même scénario qui sera évoqué par le ministre du Commerce Bekhti Belaïb dans le cas d'un importateur, qui aurait menacé les cadres de son ministère. Le ministre a parlé d'un importateur qui a déclaré avoir acheté des produits alimentaires avant que les douaniers ne découvrent que les containers ne contenaient que des pièces de rechanges d'origine inconnue. Commentaire du ministre: «ce monsieur a des k'taf» (piston). Il détaille l'infraction: «des cargaisons n'étaient pas homogènes. Il y avait des pièces détachées pour véhicules dont on ignorait totalement l'origine. Donc on a dit non». Mais, l'histoire veut que l'importateur se présente au ministère et menace ses cadres, déclarant que «je vais faire rentrer ces produits», selon M. Belaïb. Et la marchandise, ajoute le ministre, a été dédouanée. Le ministre annonce à la suite de cette affaire que des cadres ont été licenciés, et explique «ma devise est claire : celui qui n'applique pas les lois et les règlements, qu'il prenne ses affaires ! Désormais, ma carrière est derrière moi et si je dois quitter demain mon poste de ministre, je voudrais bien le quitter la conscience tranquille.» La colère de M. Belaïb n'est pas feinte, car il avait déclaré que des lobbies avaient poussé à l'interdiction de l'importation de voitures de moins de trois ans. La semaine dernière, il avait annoncé au cours du forum d'El Moudjahid que les importations de véhicules de moins de trois ans seront réintroduites dans la loi de finances 2017, critiquant au passage certains importateurs. Pour le ministre de la Communication, les «coups de gueule» de MM. Nouri et Belaïb quant au noyautage de deux secteurs sensibles de l'économie nationale ne sont que des «mirages» au sein du gouvernement. Pour M. Grine, il a fait «cette clarification à certains confrères à Djelfa pour qu'ils ne disent pas que le ministre de la Communication ne voulait pas répondre et qu'il y a encore l'ambiguïté». «Si je n'avais pas répondu on aurait dit qu'il y avait quelque chose. Les choses sont claires et transparentes.»