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Réunion informelle de l'Opep: «Il n'y aura pas d'échec» à Alger

par Ghania Oukazi

«On reste optimiste, c'est notre rôle, il faut travailler jusqu'au bout, il faut que la réunion d'Alger réussisse, il n'y aura pas d'échec,» a affirmé, hier, le ministre de l'Energie à propos de la réunion informelle de l'OPEP qui se teindra au CIC ce mercredi, après-midi.

C'est là l'un des nombreux propos prometteurs que Nouredine Bouterfa a tenu, hier, au cours de la conférence de presse qu'il a animée au siège de son ministère. Il refuse, ainsi, toute idée de pessimisme à propos de la rencontre informelle de mercredi qui regroupera, à Alger, les 14 pays membres de l'OPEP ainsi que d'autres hors OPEP. Son argumentaire est simple pour un marché dont les prix déclinent, de jour en jour, et pour un mécanisme d'une OPEP qu'il qualifie de «très complexe.» Il pense d'ailleurs que «la réunion d'Alger peut se transformer en réunion formelle et décidera ou, en tout état de cause, elle aura réuni les éléments déterminants pour une prise de décision, tout de suite après.» Le ministre a tenu à lever l'équivoque qui pèse, lourdement, sur le caractère «informel» qui marque la réunion d'Alger de l'OPEP qui, selon certains experts, ne pourra pas, de ce fait, prendre de décision importante pour réguler le marché pétrolier. Pour rappel, c'est le secrétaire général de l'OPEP en personne qui, lors de sa récente visite à Alger, a déclaré, sans ambages, que «ces rencontres informelles ne peuvent, en aucun cas, prendre de décisions.» En plus de celle de l'OPEP, Alger abrite, en premier, les 27 et 28 de ce mois (demain et après demain) au Centre international des Conférences, ?Abdelatif Rahal', la 15ème édition du Forum international de l'Energie. «Ces rencontres servent à débattre et à examiner des questions importantes pour les pays concernés, l'informel permet de poser des questions qui se rapportent au marché pétrolier (?).» Bouterfa lui, interroge simplement «comment voulez-vous stabiliser le marché pétrolier, sans un accord ? Il assure alors que «tous les pays veulent stabiliser le marché, s'il y a consensus entre les ministres, le SG de l'OPEP, séance tenante, peut transformer la réunion informelle en extraordinaire pour qu'elle sorte avec des décisions puisque le règlement intérieur de l'OPEP le permet.»

Alger veut un accord

Tout au moins, les «éléments déterminants» que la réunion d'Alger aura réunis, selon Bouterfa, serviront selon lui «à conclure un accord, lors de la réunion de novembre prochain.» Le fait que les 14 pays membres de l'OPEP ainsi que d'autres non membres, avec à leur tête la Russie, ont accepté déjà en 2014 de se réunir, ce mois de septembre, à Alger, à la fin des travaux du 15ème Forum international sur l'Energie, rassure le ministre et le laisse dire «on ne décide pas d'une réunion informelle juste pour se rencontrer, mais pour poser les questions qu'il faut sur le marché pétrolier, de voir s'il y a des décisions à prendre, s'il y a urgence, s'il y a lieu de vite agir.» Le gel de la production de pétrole ou sa réduction ? «Toutes les éventualités sont possibles,» répond le ministre. L'une ou l'autre solution pourra répondre, selon lui, à la préoccupation des pays de stabiliser le marché et «corriger le déséquilibre très net, entre l'offre et la demande, (l'offre étant en surabondance), en vue d'atteindre des niveaux de prix rémunérateurs.» Il rappelle que la production OPEP atteint 33,4 millions de barils par jour. Les pertes financières causées à ses pays membres, en raison de ce déséquilibre, s'évaluent entre 300 et 500 millions de dollars. «Les montants perdus devaient aller à la recherche, l'exploration, les investissements, donc assurer la production à moyen terme,» dit le ministre. Il en déduit que «dans ce cas là, la production risque de diminuer dans peu de temps, ce qui va pousser à la hausse des prix, mais ça pose problème parce que l'Economie mondiale qui est en récession, va être pénalisée.» Il est persuadé que «l'OPEP doit prendre en considération tous ces éléments, un gel sur quels niveaux de production ? Tous les pays sont ouverts à une solution sur le sujet.»

«L'Iran ne veut pas être un échec à Alger»

Bouterfa note que «nous avons eu des discussions avec l'Iran, l'Arabie Saoudite, la Russie, le Qatar, le Venezuela, et nous avons, tous, convenus que cette situation n'est pas soutenable, d'où les pays sont, tous, d'accord pour stabiliser le marché, il faut donc trouver une solution.» Le ministre fait savoir que «l'Arabie Saoudite a fait des propositions très intéressantes, consensuelles, très responsables que nous saluons, l'Iran a posé une problématique qu'il faut comprendre, qui peut être technique, politique ou tout à la fois, mais il veut aussi un accord, il ne veut pas être la cause d'un échec à Alger, il faut traiter tout ça.» L'Arabie Saoudite a accepté ainsi de diminuer de 500.000 barils/jour sa production qui est de plus de 10, 5 millions de barils/jour,. «C'est un pas important», estime Bouterfa. L'Iran pour sa part, veut maintenir le niveau qu'il a atteint depuis 2015, année de la levée des sanctions internationales que les Etats-Unis lui ont imposé depuis 40 ans.

De 2,7 millions de barils par jour, celle-ci a augmenté pour être aujourd'hui de 3, 85 millions. Une décision peut être prise selon le ministre algérien «en ayant en vue l'intérêt général, qui lui, prend en compte celui particulier de tous les pays à savoir la stabilité du marché.» Et «comme tous les pays sont favorables pour le faire, le reste c'est une technique, et une question de calendrier,» affirme-t-il.

L'Algérie favorable à un prix entre 50 et 60 dollars

Le tout pourrait se faire en faveur d'un prix variant entre 50 et 60 dollars le baril. «Ce prix fait que les pays de l'OPEP auront des revenus satisfaisants et dans le même temps, leurs concurrents ne pourront pas augmenter leur production,» a déclaré, hier, le ministre iranien du pétrole. C'est en tout cas, un prix qui permet à l'Algérie, estime Bouterfa, «de développer ses industries pétrolières et procéder aux découvertes des hydrocarbures.» Il rassure d'ailleurs que «Sonatrach applique son programme d'exploration et d'exploitation d'hydrocarbures, elle n'a pas de problème pour l'instant.» Mais il reste persuadé qu'«aucune institution ne pourra supporter un prix sous les 40 dollars, dans les années à venir, Total l'a dit, lui aussi.» Il tente d'expliquer que «tous les pays, y compris l'Algérie, veulent accroître leur production, c'est légitime mais par une production à long terme, entre temps, la demande interne et celle mondiale augmentent, l'Iran veut aller jusqu'à 4 millions de barils/jour, oui mais dans combien de temps ? Le calendrier a son importance.» Il revient à la réunion d'Alger pour souligner que «si on veut un baril à 30 dollars, la seule façon, c'est de ne pas avoir d'accord, mais je ne crois pas qu'il y a un pays qui veut brader ses richesses, on ne peut parler de marché sans parler de prix, les pays seront donc amenés à décider d'un accord.» Sinon, interroge-t-il encore «quel est l'intérêt d'un pays de rendre un marché complexe alors qu'il l'est déjà ?»