Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

France: Une jeune femme voilée assassinée dans sa voiture

par Yazid Alilat

Une femme voilée d'une trentaine d'années a été tuée par balles vendredi soir dans la proche banlieue parisienne, dans des circonstances encore troubles, et que les enquêteurs doivent éclaircir. Selon des témoins, la femme, qui portait un voile, a été tuée vers 21h40, dans la ville de Pantin, en Seine-Saint-Denis. Les faits se sont produits près de la cité des Pommiers, rue de Candale. La victime se trouvait au volant de sa voiture lorsqu'elle a été touchée de cinq balles. Le suspect, un homme en scooter qui a pris la fuite, a tiré cinq balles dont deux dans la tête de la victime alors que celle-ci était dans sa voiture. «Aucun impact n'a été retrouvé sur le véhicule, ce qui laisse penser que l'individu a passé son bras dans l'habitacle et a effectué ses tirs à bout portant», indiquent les enquêteurs. ?'La conductrice, âgée d'une trentaine d'années, portait un voile, mais rien ne nous oriente vers une piste islamophobe», poursuit la source policière. Les policiers ont retrouvé les douilles de six balles sur les lieux du crime, et, étonnamment, les policiers privilégient déjà la piste ?'du règlement de compte''. Une enquête pour assassinat a été confiée par le parquet de Bobigny à la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris. Acte islamophobe ? Les circonstances du drame indiquent que l'assassin a agi tout seul et avec un grand sang-froid à un moment où il n'y avait presque personne sur les lieux du crime. ?'Le tireur, à scooter, a passé un bras à travers la vitre, probablement ouverte, et a tiré sur elle, à l'intérieur de la voiture'', explique une source policière, qui a souligné que plusieurs témoins étaient dans le secteur. Selon la police parisienne, ?'aucune parole à caractère islamophobe, n'a été proférée''. La victime est originaire de Seine-Saint-Denis, mais qui ne vivait pas à Pantin. C'est grâce à la voiture qu'elle conduisait qu'elle a pu être identifiée, mais des vérifications restent en cours pour confirmer son identité. Hier samedi, seules les traces de sable jeté sur la chaussée pour nettoyer le sol témoignaient du drame de la veille au soir. Et les interrogations se poursuivaient dans ce quartier comme au sein des familles de Seine Saint-Denis, sur les mobiles de ce crime, et beaucoup n'écartent pas la piste ?'raciste'' ou ?'islamophobe'', en dépit de quelques témoignages de riverains recueillis par les services de sécurité. ?'C'est à cet endroit que les témoins ont déposé la victime lorsqu'ils l'ont sortie de sa voiture'', relève un commerçant installé à proximité des lieux du crime. D'après un témoin, ?' son pouls battait encore à cet instant-là.'' Un habitant du quartier explique avoir ?'entendu des coups de feu et je me suis précipité à ma fenêtre. La voiture était arrêtée au feu rouge. La fenêtre de la victime était légèrement entreouverte. J'ai seulement vu le scooter - un modèle noir - partir. Son conducteur portait un casque. On ne pouvait pas dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme.'' ?'Mes clients ont cru que c'était des pétards, puis ils ont vu le scooter filer, s'arrêter et faire demi-tour, comme pour vérifier que la conductrice était bien morte... Car la voiture a légèrement continué à avancer après les coups de feu. Puis, lorsqu'elle s'est arrêtée, le scooter est parti pour de bon rue Méhul'', ajoute un restaurateur installé dans le quartier.

Des sources officielles, dont le maire de Pantin, avancent que la jeune femme assassinée est issue d'une famille liée au grand banditisme. Intox ou orientation de l'enquête policière vers une fausse piste, à un moment où les actes islamophobes, racistes, à l'approche des élections présidentielles, se multiplient à l'ombre des campagnes haineuses de certains partis et personnalités françaises contre les musulmans en France ? L'affaire du ?'burkini» et les agressions contre des femmes voilées en France ces deux derniers mois sont encore fraîches pour que l'assassinat de la rue Pantin de vendredi soir ne soit pas trop vite catalogué comme étant lié à un règlement de comptes. Cet assassinat n'a pas été, cependant, largement médiatisé, ni occupé les ?'unes'' des JT français.