A une semaine de l'Aïd El-Adha,
le prix du mouton, les points de vente et l'achat des accessoires
indispensables au rituel du sacrifice dominent les discussions des familles
chélifiennes.
Les marchés, pour leur part, se mettent aux couleurs
de la fête, a-t-on constaté. La fièvre des achats a déjà commencé mais n'a pas
encore atteint son paroxysme. Les citoyens se contentent, pour le moment,
d'observer et de se renseigner sur les prix, attendant les deux derniers jours
pour se décider d'autant plus que de nombreux médias font état d'une baisse
dans les prix du mouton. Toutefois, et comme chaque année à l'approche de
chaque fête religieuse, les prix des légumes partent à la hausse. Pommes de
terre, tomates, oignons ou carottes, entre autres, ont augmenté, en moyenne, de
10 à 20 DA au kilogramme, au grand dam des citoyens. Bien entendu, le pic de
cette envolée des prix se manifestera juste la veille de la journée de l'Aïd. «
Chaque année, c'est le même phénomène. Les prix de tous les produits
augmentent, surtout ceux des légumes. Mais nous sommes obligés d'acheter, nous
n'avons pas le choix, ceci sans parler du mouton à sacrifier et des autres
accessoires comme les couteaux et le charbon pour ne citer que ceux-là »,
déplore un citoyen rencontré au niveau du marché hebdomadaire (mercredi) de Ouled-Farès considéré comme le plus important et le plus
fourni en bétail de la wilaya. Tous les citoyens questionnés à ce sujet vont
dans le même sens, déplorant les augmentations injustifiées des produits qu'ils
subissent à leur corps défendant, mais finissent par remplir leurs paniers. «
Nous sommes obligés d'acheter. Et ce n'est pas uniquement pour l'Aïd, car même
ceux qui ne vont pas acheter de moutons sont obligés d'acheter des légumes. Il
faut bien se nourrir », lance avec dépit un autre citoyen. Tous les ménages,
notamment ceux à faibles revenus, redoutent les périodes de fête. Certains ne
savent plus où donner de la tête, laminés par les dépenses successives du mois
de Ramadhan, celle de l'Aïd el-Fitr et, il y a
quelques semaines seulement, celles de la rentrée scolaire. On assiste,
parfois, dans les magasins d'alimentation générale, dans les marchés et chez
les bouchers, ainsi que dans les cafés, notamment dans les quartiers
populaires, à des discussions très animées et sans fin sur la cherté de la vie
et l'augmentation des prix des produits de consommation. Il faut dire que la
fête de l'Aïd El Adha est devenu
au fil du temps synonyme de « vrai casse-tête » pour les smicards. Car que
peut-on faire avec un salaire de 25.000 DA. « Que peut-on acheter avec ? Un
mouton ? Sûrement pas », nous fera remarquer un père de famille rencontré au
marché d'Abou-El-Hassan, un autre haut lieu de la vente du bétail. Par contre,
de nombreux citoyens soutiennent que « ce n'est pas une question de salaire,
car si les prix étaient raisonnables, chacun pourrait célébrer l'Aïd et faire
ses emplettes le plus normalement du monde » renchérit un retraité de
l'enseignement. « Beaucoup de commerçants profitent des occasions des fêtes
pour saigner à blanc les consommateurs. Et c'est pour cela que beaucoup de gens
ne peuvent se permettre d'acheter un mouton et se contentent de quelques kilos
de viande pour allumer le barbecue, ainsi que des abats pour le plat
traditionnel », estime un autre, qui annonce avoir décidé que, cette année, il
n'achètera pas de mouton. Ainsi en dépit des déclarations des officiels quant à
la maitrise des prix du mouton, de très nombreuses familles à faibles revenus
ne pourront pas s'offrir un mouton, encore moins un petit agneau. Il faut noter
que depuis une dizaine d'années et contrairement aux années 70/80, les
acheteurs ne sont pas légion. Pour l'instant, et même à une semaine de l'Aïd
El-Adha, «ils se font encore rares», dira un
revendeur de moutons à l'entrée de la localité de Zéboudja,
un autre marché de la wilaya. Même son de cloche du côté du marché de bétail de
la ville de Chlef qui se tient chaque jeudi. Ce
marché ne draine pas la foule d'antan. Bien que les prix des moutons
connaissent une légère baisse par rapport à l'année précédente, selon certains
visiteurs, le nombre de moutons écoulés est très faible, car beaucoup ne sont
pas encore sûrs de pouvoir s'offrir un mouton. Les prix ne sont pas encore
clairs et le bouche à oreille n'arrange pas les choses. Par ailleurs, beaucoup
de chefs de familles avouent qu'ils n'achèteront que la veille de l'Aïd. « Les
prix baissent généralement la veille de l'Aïd, et les maquignons et les
revendeurs veulent se débarrasser de leurs bêtes qui restent et baissent les
prix », tel est le raisonnement tenu par ces citoyens smicards. Il est vrai que
la situation devra s'éclaircir dans les jours qui viennent. Mais pour
l'instant, après une virée au niveau des quatre principaux marchés de bétail de
la wilaya, un agneau plus ou moins engraissé est proposé entre 35.000 à 40.000
DA, alors qu'un bélier est cédé à partir de 45.000. D'autre part, les
commerçants saisonniers ont fait leur apparition en investissant déjà les rues
et les artères des marchés des villes et villages, proposant toutes sortes de
produits en rapport avec l'Aïd. Mais leur nombre a sensiblement diminué par
rapport aux années précédentes. En fait, hormis le marché, rien n'indique que
la fête est proche. Une apparition timide de vendeurs de coutellerie, de
grills, de charbon, de foin et de rémouleurs est observée. Si certains d'entre
eux ont jeté leur dévolu sur la vente de charbon, d'autres proposent tout
l'attirail du parfait égorgeur de mouton, avec la gamme complète de couteaux et
accessoires indispensables au sacrifice. D'autres se sont reconvertis en
apprentis rémouleurs, très sollicités d'ailleurs. Selon les vendeurs et les
ménagères, les prix de ces produits ont eux aussi connu une hausse par rapport
à l'année dernière, y compris pour le charbon destiné aux barbecues.