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Argent double et jeu trouble !

par Slemnia Bendaoud

Faute de métal précieux, nous eûmes droit, lors des derniers jeux de Rio, à de l'argent à répétition. De l'argent, en double ration. A deux sorties ou prestations de haut niveau. Pour tout le monde ! Même pour ceux qui n'ont pas couru ou ceux restés à la maison.

Plutôt à profusion pour ceux,très privilégiés, qui étaient indûment invités parmi cette très étoffée délégation algérienne, à l'heure de cette « austérité» gouvernementale qui ne concerne désormais plus que ceux installés au sein de ce dernier wagon de la basse société.

Toufik Mekhloufi avait probablement jugé que nous ne méritions plus cet or dont il nous avait gavés sous ce ciel brumeux londonien quatre ans auparavant ! Il nous aura, en échange, offert ces autres « miettes » politico-sportives à mettre sous la dent afin de mieux supporter notre disette olympique, en attendant de penser peut-être à sa réelle relève ou de lui trouver un meilleur remplaçant.

Ses médailles olympiques, ô combien précieuses mais bien orphelines, s'étaient-elle fêlées en cours de route, pour ne nous refiler, en revanche, que cet argent en double ration afin de contenter tout son monde, resté solidement accroché à ses seules basques, en l'absence de potentiels champions parmi le groupe d'athlètes ayant participé à ces jeux de Rio 2016 ?

Tout porte à croire que le jeu trouble des coulisses, commencé à Alger même et ensuite honteusement parachevé à Rio De Janeiro, en est, à lui seul, l'unique responsable. C'est dire qu'il fut cette bien réelle cause de ce « ratage » presque total, savamment entretenu autour de cet athlète de renom.

Celui-ci, lassé de supporter longtemps encore ces «responsables-supporters très VIP et très encombrants», accompagnés en plus de leur «famille nombreuse» aura fini par lâcher ce qu'il avait sur le cœur, en franchissant héroïquement la ligne d'arrivée.

En se calfeutrant superbement et s'enveloppant humblement de l'emblème national, écoutant la résonance des décibels de notre hymne national Kassamen, il nous fit cette « confidence-accusation » qui nous ouvra les yeux sur les raisons à l'origine de la nature du Métal qui nous est offert pour l'occasion.

Le monde installé, dès minuit en petite famille, devant l'écran de sa télé, quêtant ou guettant l'exploit probable de la gazelle algérienne, espérait glaner de l'or en récompense de ses efforts, comme à Londres, il y a quatre ans, même s'il nourrissait ce légitime doute que l'athlète algérien n'était pas au mieux de sa forme physique.

Puisque Toufik Mekhloufi, connaissant depuis un parcours très chaotique, ne pouvait tout de même définitivement le rassurer, dès lors qu'il n'eut pu avec une grande maitrise rééditer son exploit lors des nombreuses manifestations sportives, et notamment le tout dernier championnat du monde de cette même compétition.

Comme les relents de la poudre d'un tir à bout portant qui ne peut rater sa cible, le doute était donc devenu très présent. D'abord dans l'esprit du staff technique de l'athlète bien avant qu'il ne le soit dans les commentaires de ses nombreux fans : chose qui décidera probablement ses entraineurs à l'engager dans les deux compétitions où il excellait (le 800 et 1.500 mètres) !

En grand sprinteur mais aussi redoutable tacticien, il pouvait, selon sa forme du moment, prendre part à ces deux compétitions, sachant que son incontestable talent pouvait vraiment le distinguer parmi le groupe des concurrents, même s'il n'avait pas gardé dans l'intervalle de ces quatre dernières années l'étoffe d'un champion en puissance, eu égard à ses nombreuses blessures et autres défections physiques.

Mis à part cela, Toufik Mekhloufi a réussi à brillamment intégrer ce cercle très restreint et si haut relevé des grands médaillés de l'histoire de l'athlétisme mondial et particulièrement celle du demi-fond. Il devint, à sa manière, cette légende qui scintille de sa médaille dans ce ciel de grisaille algérien.

A Rio, il eut ce grand mérite de faire résonner à deux reprises l'hymne national, y allumant en plus deux belles chandelles dont leur lueur planera longtemps encore à travers tous les terrains du monde de l'athlétisme, miroitant au loin son mérite à garder ce haut niveau de performance qui le place désormais dans le gotha des « dieux sacrés » de ces deux compétitions.

Cependant, parlant de son exploit et de cet « argent double », l'athlète international s'attaquera aussi ?de manière très franche et plutôt directe- à ce « jeu trouble » des coulisses d'une gouvernance sportive minée par le népotisme, totalement acquise à l'affairisme, faisant sciemment dans le clientélisme et le « ben'amisme », fléaux sociaux dont souffre énormément toutes les institutions de l'état algérien, dévoilant au passage ce mal endémique qui ronge le Pays et la Nation.

« J'ai réussi mon pari ». « Je suis rentré dans l'histoire », devait-il déclarer, en guise de commentaires faits de son extraordinaire itinéraire et aussi grand exploit, avant de nous faire toucher du doigt ce qui se passe dans les coulisses de notre sport.

C'est l'Algérie tout entière et surtout le Sport National, tout particulièrement, qui doivent légitimement tirer profit des hautes performances de nos athlètes engagés dans ces huppées et très relevées compétitions internationales.

Jamais ces « familles de responsables du sport algérien » ne pouvaient offrir au pays la moindre médaille, fussent-elles des plus instruites et éduquées de la planète ! La triche et la corruption ne peuvent avoir leur place au sein d'une saine compétition sportive. A plus forte raison, lorsqu'on évolue à ce très haut niveau. Leur arrogance à justifier ce tourisme de famille aux frais de l'Etat Algérien les rendra si minables devant tous les communs des mortels.

Ils auront tout simplement manqué de culture due à leur rang d'ambassadeurs du sport algérien. Et surtout profité d'une situation liée à leur fonction pour pomper indûment dans la caisse des deniers publics.

Savaient-ils que Toufik Mekhloufi allait nous gaver de ces médailles d'argent double pour y être sur place, en bonne place et en grande famille, afin d'y profiter (être servis) les premiers ?

N'en déplaise au tout frais médaillé, le peuple algérien aurait voulu qu'il garde pour toujours son Or et les mettre, eux, sur la touche ou les foutre dehors.