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Mascara: Les petits fellahs oubliés ?

par Mohamed Belkecir

La visite de travail qu'a effectuée le ministre de l'Agriculture dans la wilaya de Mascara ne se résume en fin de compte qu'à faire un état des lieux de quatre grandes exploitations dans des visites guidées, si l'on se réfère à son programme. A Sig, après les fiches techniques du secteur des forêts qui est à 90.223 ha et de la réserve de la chasse à 6.330 ha, on lui a présenté les caractéristiques des périmètres irrigués de Ghriss, Sig, Mohammadia et Kachout, un ensemble de 17.100 ha extensibles. Donc de Sig à Mohammadia en transitant par Mascara, Maoussa et Matemore c'est du «prêt-à-porter» pour l'hôte de la wilaya qui a passé en revue les grandes fermes modernes avec un crochet chez un investisseur privé en agroalimentaire dans la trituration oléicole et la visite du nouvel abattoir du chef-lieu.

Il est vrai que les domaines qu'a visités le représentant du gouvernement appartiennent à des investisseurs privés nantis qui ont injecté de gros moyens et une technologie des plus moderne dans des parcelles immenses hautement entretenues et en constante surproduction. Mais que représentent ces gros bonnets en minorité en face d'un collectif de 34.200 agriculteurs de tout bord avec un taux de croissance de 5,57%? Il faut rappeler que ces derniers génèrent une production en valeur évaluée à 95,2 milliards de DA représentant 3,27% de la production nationale, ce qui amène à dévoiler la face cachée de l'iceberg puisque le ministre s'est contenté de faire un petit pèlerinage dans ces exploitations et a tout simplement déclaré qu' « il rêvait de venir un jour voir de près ces exemples de potentialités ». Donc profitant de son déplacement à Mascara dans un secteur agricole qui compte près de 102.420 emplois, ses prérogatives aurait pu le guider aussi vers le fond des choses et réserver un instant aussi court soit-il pour rendre visite aux petits fellahs qui peinent et ont bien des choses sur le cœur à raconter et écouter aussi les associations des hommes de la terre qui vivent des contraintes ou bien alors trouver des solutions au désaccord entre ces agriculteurs qui ne se sont pas entendus sur la gestion de l'eau dans le périmètre irrigué de Sig ainsi que le litige qu'a crée le transfert des eaux du barrage de Ouizert entre les utilisateurs. Il y a encore la non-exploitation de la retenue collinaire près de Sedjerara qui n'attire pas les fellahs de proximité on ne sait pour quelle raison, sans omettre les relations banques-agriculteurs-assurances qui sont à redynamiser et beaucoup d'autres tares à découvrir. Il y a aussi le fonctionnement des coopératives des céréales et les organes de semences, entrepôts frigorifiques, unités de stockage dont les procédures d'accès ont été soulevées. D'abord, il aurait fallu que les responsables de ces services soient présents pour répondre à ces reproches.

Ces dysfonctionnements qui dépassent le cadre local ne doivent aucunement être endossés par les gestionnaires de la wilaya qui ont tenté l'impossible pour y apporter remède. Seulement, pour certains cas ne relevant pas de leur compétence, un coup de pouce, voire une assistance ou une prise de décision sur le terrain du ministre de tutelle, aurait été la bienvenue pour enlever cette épine.