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Qu'a-t-il à voir l'Islam dans la violence, l'agressivité et la barbarie ?

par Medjdoub Hamed *

Dans un article précédent, «Pourquoi le monde de l'Islam est mal-aimé ?

du 19 juillet 2016, je reçus ce commentaire : «On n'aime pas l'islam parce qu'il n'a rien de bon à nous offrir en retour (dans tous les domaines? à part des footballeurs et des comiques). Il ne peut nous offrir que ses plaintes parce qu'il estime qu'on ne lui a pas assez donné, son agressivité, sa violence, sa barbarie s'il n'a pas reçu ce qu'il veut imposer. L'islam est stérile, il a détruit toute intelligence et toute humanité où il est né, et partout où il est passé. On cherche la lumière, elle est l'obscurité.» Ce commentaire peut être retrouvé dans le site http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/pourquoi-le-monde-de-l-islam-est-183024

Que peut-on répondre à l'auteur et ses affirmations ? Son point de vue se tient du fait qu'il se trouve du côté opposé de la barrière i.e. ceux qui s'opposent à l'Islam parce qu'ils n'y voient pas de lumière. Pourtant, en ce qui me concerne, je n'y vois que de la lumière. De plus, cet auteur dit qu'il est stérile, alors que moi je n'y vois dans l'Islam que de la beauté, de la créativité. Pour moi, le Coran est le plus grand message qu'il a été donné non seulement aux Musulmans mais à l'humanité entière. Et ce message est similaire au message chrétien, au message judaïque. Sauf que dans le Coran, il y a une révolution du fait qu'il est le dernier message divin, et de plus très explicite. Sauf pour celui qui ne veut pas comprendre, et c'est libre à lui, et surtout à sa pensée qui l'intime à le penser.

En ce qui me concerne, et c'est strictement mon point de vue, «le message divin suivant est la science avec un grand S qui a été donné aux humains. Qu'ont-ils fait les humains pour avoir la science, et par science j'entends toutes les disciplines qui vont des sciences exactes, dont au centre les mathématiques et la physique-chimie, les sciences médicales, aux sciences humaines. A mon sens, ces sciences que l'on dit produites par les hommes sont aussi la suite du message divin.»

La genèse et l'évolution de la théorie des quantas vient-elle de Max Planck ? Albert Einstein n'a-t-il pas dit que je n'ai rien fait et pourtant tous m'applaudissent ? Enfin quelque mots dans ce genre. En effet, qu'a-t-il fait Einstein pour trouver la théorie de la relativité ? Générale ou restreinte. Sinon de penser les questions qui lui sont venues à l'esprit, et il a longtemps cherché à comprendre et tenter par conceptualiser ce que lui soufflait sa pensée pour comprendre la dynamique de l'univers. Donc ni Planck ni Einstein ne sont les concepteurs de leurs théories mais leurs pensées.

Evidemment, on peut ne pas me comprendre parce ce que j'assimile sciences et message divin, je l'ai opéré en ôtant la frontière qui sépare le message prophétique et le message scientifique qui vient aux savants, aux scientifiques. Et cette séparation, je la dois aussi à la séparation que je fais entre l'homme, l'être humain, l'être là, qui n'a rien fait pour être là, sauf qu'il est là et ne pourrait ne pas être là parce qu'il est là.

Et ceci est très important pour comprendre l'essence de l'homme, et les questions que se posent des philosophes, des religieux de toute religion, sur «pourquoi cet être-là est fait pour vivre puis pour mourir.»

La conclusion qui me vient, et je n'y peux rien parce qu'elle est là, présente en moi, et il n'y a aucune loi humaine ou hors humaine qui la contredise, est que l'homme-là est constitué d'une double personne. L'être-là en tant que corps, en tant qu'objet matériel qui peut se mouvoir, qui a un faciès qui le différencie des autres, et pour lequel il n'a rien fait pour l'avoir (qu'il soit Noir, Blanc ou Jaune), puisque ceci lui a été donné depuis le premier homme, depuis la nuit des temps. Et dont on ne sait rien parce que c'est ainsi. Donc constitué d'une pensée propre à ce corps qui le différencie des autres pensées-corps de ses semblables.

L'homme, donc d'essence, est ce qu'il est par son propre corps, sa propre pensée, et aussi ce qui découle naturellement, par sa propre destinée. Bien entendu avec une destinée commune un droit à la vie et un droit à la mort. L'homme est là pour exister dans le but aussi de ne pas exister. Ce préalable est important pour définir l'homme, l'être humain-là. C'est-à-dire vous, moi, nous, tous ou que nous soyons, sur terre ou sur orbite dans la station spatiale internationale. (Où l'homme est allé et vers où il veut encore aller ?)

Revenons au commentaire, objet de cette analyse. Cet auteur dit «qu'il détruit l'intelligence et toute humanité, où il est né, et partout où il est passé.» Pourtant moi je n'y vois que l'intelligence, la beauté dans l'Islam.

Comment expliquer alors que moi je vois le contraire ? Comment expliquer que sur plus de 7 milliards d'êtres humains vivant sur terre, il y a près de 2 milliards qui sont croyants, qui adorent leur religion. Certains sont même des fous qui tuent et croient entrer au paradis parce qu'ils croient qu'ils sont dans le chemin de Dieu alors qu'ils sont dans le chemin du diable.

Croyons-nous au diable ? Croyons-nous à la mort ? Pourquoi nous, êtres humains, sommes appelés tous à mourir ? Nous gesticulons tant que nous sommes vivants, mais, lorsque le temps viendra, nous serons tous à l'article de la mort. Qui sommes-nous, au-delà de ce corps mouvant et pensant, en tant qu'être créé ? Et c'est là, le mystère.

Pourtant cet auteur, en tant qu'être créé, et précisément ce pourquoi il est créé, a été amené à donner son opinion qu'il faut respecter. En tant qu'il est un être humain libre, on peut lui dire qu'il a raison de dire ce qu'il veut de l'Islam ou de toute autre religion. Puisque c'est ainsi qu'il voit l'Islam.

On peut aussi lui dire qu'il a aussi les yeux fermés, bien qu'ils soient ouverts. Et c'est notre droit d'avoir un jugement sur lui, mais toujours en respectant son point de vue. S'il n'est pas éclairé, qu'il ne voit de lumière parce que tout simplement cette lumière ne lui est pas donnée. On peut le penser.

Ne dit-il pas «On cherche la lumière, elle est l'obscurité.» Et si cette lumière ne lui est pas donnée, c'est une possibilité. Sinon quelle autre explication alors ? S'il a raison, comment expliquer que plus d'un milliard d'êtres humains sur terre adorent dieu, Allah, à travers leur religion, l'Islam. Et qu'ils sont apaisés dans leurs croyance en Dieu, et bien que ce plus du milliard n'est pas riche, excepté les pétromonarchies du Golfe.

Et c'est cela le miracle, leur richesse est dans la foi. Vous parlez à un musulman comment il vit ? Il vous dira «naa'ma». Ce qui signifie «excellent, je suis comblé», et pourtant il peut être très pauvre, et il se satisfait de son état. Et ceci pour une grande majorité de musulmans. Ils ne se plaignent pas. Souvent, le musulman vous dit ce que je dois faire pour être en paix et chercher la félicité non dans ce monde mais dans l'autre monde. Et ceci vient de leur pensée qui est naturelle, sereine parce que le bon musulman est ainsi par ce qu'il pense, et il est convaincu qu'après sa mort, c'est ainsi que cela va se passer. Que le monde qu'il vit est éphémère. Et c'est la raison qui le pousse à s'identifier avec sa religion, l'Islam. Ce qui n'est pas le cas de l'Européen, l'Américain, qui peut croire ou ne pas croire. Et d'où vient cette assurance de l'un et de l'assurance de l'autre ? De leurs pensées, rien que de leurs pensées.

Ce qui est aussi le cas de cet auteur qui contredit ce qu'apporte l'Islam. Et c'est là la différence entre quelqu'un qui voit la lumière dans un écrit et un autre qui n'y voit pas de lumière. L'Islam, le christianisme, le judaïsme sont des religions d'essence divine. Que l'on y croit ou que l'on n'y croit pas, qu'est-ce que cela changerait pour l'homme, ou pour la religion ? La religion ne les oblige pas à croire. Un homme peut y voir l'obscurité, l'angoisse et toujours à chercher son être, même s'il est comblé par toutes les richesses du monde. Un autre y verra la lumière, et trouvera sa sérénité même s'il est pauvre, malade, handicapé, ou frappé par quelque malheur. Tout se trouve dans la pensée et ce qu'elle veuille bien nous donner cette pensée de sérénité, de bien-être ou d'angoisse, de nausée d'être, d'incroyance, ou toujours à chercher plus de la vie sans réellement vivre l'existence.

Tout vient de la croyance ou de l'incroyance? La foi ? Sinon qu'est-ce que la croyance ? Si ce n'est une lumière qui ne vient pas de nous mais nous a été donnée. Ne sommes-nous pas des êtres pensants ? Et il faut le répéter car le plus souvent les êtres l'oublient. Ils pensent pratiquement sans penser. En d'autres termes, ils ne se remettent pas en cause. Ils disent des choses et croient qu'elles sont justes. Et c'est précisément là le sens de l'existence : «Vivre pour être, chercher la lumière pour être.»

Et cet auteur n'a pas tout à fait tort, il cherche la lumière même s'il trouve l'obscurité, par exemple, dans l'Islam. «Mais c'est déjà aller dans le sens de l'Islam lorsque l'être humain cherche à comprendre son monde. Sauf qu'il doit comprendre que s'il ne trouve pas de lumière, mais de l'obscurité, c'est que cette obscurité est aussi en nous.»

Pour tenter de me faire comprendre, tout être qui a fréquenté l'école, c'est la majorité de l'humanité, a certainement passé des examens. Que ce soit à l'école, au lycée ou fait des études supérieures. Tout être qui fait face à un écrit, un devoir, un examen, un concours, doit répondre pour être admis. Il doit donc faire appel à ses capacités, ses connaissances qu'il a apprises antérieurement pour se préparer. Donc il détient une capacité de mémoire de tout ce qu'il a appris pour cet examen ou concours.

Quand il a répondu, il va avoir une note qui sanctionne ce qu'il a écrit. Et les notes des postulants diffèrent. Il y aura des meilleurs, des bons, des moins bons, des médiocres et des mauvais. Il y a ceux qui trichent. La question qui se pose : «Pourquoi il y a des meilleurs et des bons, par rapport aux moins bons, médiocres et mauvais ? » Ont-ils plus appris les meilleurs et les bons ? Certes, ils ont certainement travaillé pour arriver à ces notes. Pourtant, il y a ceux qui n'apprennent pas beaucoup et sont très forts, d'autres qui travaillent beaucoup pour être forts, d'autres encore qui travaillent beaucoup et ne sont pas forts. D'autres sont tout simplement mauvais, ils n'arrivent pas à avoir de bonnes notes. Et ceux qui n'aiment pas les études.

Précisément, ce sont ces différences, ce mécanisme de la pensée qui est différent en chaque être, en chaque postulant qui fait ressortir ce classement. C'est un peu comme si certains ont des corps plus musclés que d'autres, d'autres moins, d'autres menus, peu musclés. L'intellectualisme vient précisément de la pensée que chacun a plus ou moins développée.

Pareillement, comme le muscle, l'intellectualisme est plus profond pour certains, moins pour d'autres.

Pour ce qui est de la foi, la croyance, ce n'est plus le muscle physique, ni la pensée intellectuelle, mais directement la pensée métaphysique, la pensée pure, ontologique, qui ne voit que ce qu'elle voit, qui nous donne cette pensée-croyance. Et c'est elle qui nous indique la lumière ou l'obscurité qui l'accompagne, en tant que celle-ci la sous-tend. Nous sommes donc ce par ce que nous donne notre pensée et notre destinée.

Pour bien comprendre, celui qui a commis ce massacre à Nice ne l'a fait que par ce que lui a dicté sa pensée. Qu'il peut être fou ou agissant au nom de l'EI, n'est que le malheur des peuples qui sont frappés par la pensée des autres. Comme le tueur en série qui tue ses proies. En quoi l'Islam est responsable de violence, d'agressivité et de barbarie ? Le disant de manière populaire, l'Islam a bon dos. Quand on n'aime pas une essence, que l'on n'arrive pas à comprendre l'autre, que l'on oublie les manœuvres subversives des puissances occidentales dans le monde de l'Islam, poussées par des intérêts géostratégiques, utilisant l'Islam pour arriver à leurs fins, dès lors la pensée simple s'obscurcit, se délite. Et il n'y a rien à faire.

Cependant, l'Islam n'a rien à voir avec la folie des hommes. Qu'ils soient musulmans, Européens ou Américains, et utilisent l'Islam pour leurs objectifs propres intéressés, matériels ou idéologiques à des fins matériels n'engage en rien l'Islam.

Par exemple, il a fallu l'assassinat de l'archiduc d'Autriche, prince héritier de l'empire austro-hongrois, en Bosnie-Herzégovine, le 28 juin 1914, pour déclencher un conflit mondial, un mois et quatre jours plus tard. Cette guerre se solda par 9 millions de morts et des pays dévastés. Un simple meurtre a provoqué 9 millions de morts, et des destructions à l'échelle continentale. On doit se dire incroyable ce qu'un acte a provoqué. Est-ce simplement cet assassinat qui est l'auteur de cette hécatombe?

C'est cela l'obscurité parce que l'homme n'use pas assez de sa pensée pour que l'obscurité devienne lumière. Et c'est peut-être là le sens de l'existence à chercher toujours de la lumière, même si on n'y voit l'obscurité. Et la violence, l'agressivité et la barbarie ne sont que le tribut précisément de l'absence d'une pensée qui sous-tend réellement l'humain. Dans le sens que le mal doit être un repère pour précisément éviter le mal et aller vers le bien.

Dire donc que l'Islam est obscurité équivaudrait à condamner son être à penser que non seulement près de 2 milliards d'êtres humains sont musulmans, mais aussi deux milliards de chrétiens et 20 millions d'israélites sont aussi dans l'obscurité. C'est cela que les êtres humains doivent penser que tout ce qu'ils pensent de négatif sur des religions de plusieurs millénaires n'est que le propre de ce que leur pensée veuille bien leur «éclairer». En d'autres termes, elle ne les éclaire pas. Mais il demeure que tout être qui n'arrête pas de chercher, dans le bien ou le mal, est dans «l'essence même de l'existence», dans le paradoxe de l'humain.

* Auteur et chercheur indépendant en économie mondiale, relations internationales et prospective

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