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Sellal: Le départ à la retraite à 60 ans entrera en vigueur en 2017

par M. Aziza

Pas de départ en retraite avant 60 ans, sauf pour les femmes et ceux ayant des métiers pénibles. Le gouvernement ne compte pas revenir sur sa décision et un groupe de travail sera installé prochainement pour préparer le nouveau projet de loi fixant le départ à la retraite à l'âge de 60 ans. «Le projet de loi en question sera débattu lors du prochain Conseil des ministres, et l'entrée en vigueur du texte est prévue en 2017», a affirmé le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, en marge de la séance de clôture de la session de printemps de l'APN, jeudi passé. Toutefois, affirme-t-il, ceux qui souhaitent bénéficier d'une retraite anticipée peuvent déposer leurs dossiers avant la fin de l'année en cours. Il précise que les administrations continueront à recevoir les dossiers de retraite anticipée jusqu'à la promulgation de la nouvelle loi, d'ici 2017. Il dira aussi que «celui qui veut partir avant la fin de l'année est libre de le faire». Sellal ajoute que ceux qui veulent travailler jusqu'à 65 ans pourront le faire conformément à la nouvelle loi.

Le gouvernement semble décidé à aller de l'avant parce que tout simplement, il n'y a pas d'autres choix. M. Sellal a évoqué, dans ce sens, le grand déficit de la Caisse nationale des retraites qui est en train de se creuser d'une année à l'autre. Pour le Premier ministre, «le moment est venu de reprendre les choses en main et assurer un équilibre». Il a affirmé que son gouvernement a pris des mesures exceptionnelles pour assurer la pérennité des systèmes de retraite. «C'est une affaire d'équité et de solidarité entre les générations», explique-t-il.

Pour le Premier ministre, la décision d'instaurer la retraite à 60 ans est en fait le fruit de réflexion et de négociations engagées avec les partenaires sociaux et le patronat. Abdelmalek Sellal explique que «le gouvernement a décidé de maintenir l'âge de départ en retraite à 60 ans comme c'était le cas lors des années 90» et de défendre cette option en précisant «qu'aujourd'hui, l'espérance de vie de l'Algérien est de 77 ans, contre 40 ans dans les années 70». Il souligne dans le même sillage que «compte tenu de cette donne, l'Algérien aujourd'hui peut travailler plus et peut fournir plus d'efforts».

«Le retrait du Front Polisario de l'Union africaine est impossible»

Tout en affirmant que l'Algérie n'a pas de problème avec le peuple marocain ou avec le Maroc en général, le Premier ministre Abdelmalek Sellal n'y est allé par 36 chemins pour affirmer que «le retrait du Front Polisario de l'Union africaine est impossible». II dira «que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est un membre fondateur de l'Union africaine (UA) et que son départ de cette organisation ne peut être réclamé».

Dans une déclaration à la presse en marge de la cérémonie de clôture de la session de printemps 2016 du Parlement, le Premier ministre a précisé que la possible adhésion du Maroc à l'Union africaine ne constitue aucun problème pour l'Algérie, mais «cette adhésion doit se faire sans condition», en rappelant qu'il y a «des procédures à suivre».

Pour Abdelmalek Sellal, le retrait du Maroc a eu lieu de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et non de l'Union africaine, en soulignant qu'il est question-là d'«une nouvelle adhésion» à l'UA. Le chef du gouvernement précise que «s'il s'agit de rouvrir des dossiers inhérents aux domaines de la coopération, nous sommes prêts», rappelant la position de l'Algérie vis-à-vis de la question sahraouie, «pour le Sahara occidental, la position est dès le début claire et constante, nous sommes pour la solution onusienne et le respect de la légalité internationale», a-t-il tranché.

Le bilan blanc pour certains, noir pour d'autres

Le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Mohamed-Larbi Ould Khelifa, a affirmé, dans une allocution prononcée à l'occasion de la clôture de la session de printemps du Parlement, que cette dernière session a été marquée par la richesse de ses actions, et surtout de leur impact «positif» sur la stratégie de l'Etat. Notamment en vue de consacrer l'Etat de droit, de justice et une croissance créatrice de richesse au lieu de partage anarchique de la rente. Et de citer d'importants projets de loi qui ont été examinés, débattus et votés lors de cette session, entre autres le projet de loi organique relatif au régime électoral, le projet de loi organique relatif à la haute instance indépendante de surveillance des élections, le projet de loi relatif à la promotion des investissements et le projet de loi portant statut général des personnels militaires.

Si Ould Khelifa et les deux partis majoritaires voient «tout bon et tout blanc», les partis dits de l'opposition estiment que tout est noir. La députée du PT, Nadia Chouitem, qualifie le bilan de cette session parlementaire de «négatif». Il s'agit, pour elle, d'une session de lois «antinationales». «C'est carrément un rouleau compresseur qui a écrasé les acquis sociaux», en citant à titre d'exemple la loi de finances 2016. Et d'évoquer en outre la loi relative au régime électoral, «une loi antidémocratique par excellence» déplore-t-elle.

Selon Nadia Chouitem, «nous assistons à une remise en cause des droits sociaux, économiques et démocratiques avec une pratique totalitaire, avec un passage en force des lois au Parlement. «Il s'agit bien d'un coup d'Etat et un forcing au sein du Parlement», dit-elle. Et d'enchaîner, «d'ailleurs, toutes les propositions faites par les partis de l'opposition et du PT ont été rejetées par les deux partis majoritaires (FLN et RND)».

La députée du PT s'est montrée très sceptique pour l'avenir du processus électoral dans notre pays, «on va vers la violation des voix du peuple», a-t-elle averti. Elle précise que les deux lois, celle relative au régime électoral et celle relative à la haute instance indépendante de surveillance des élections, réaffirment l'intention de fraude dans les élections. Sachant, estime-t-elle, que les partis participant aux élections étaient complètement écartés du processus électoral, et l'instance de surveillance électorale ne constitue aucune garantie, du moment que ses membres sont tous désignés.

Le député Naamane Belaouar de l'Alliance pour l'Algérie verte (AAV) a qualifié, au même titre que tous les partis de l'opposition, cette session de «catastrophique». Avançant le fait que le projet de loi relatif au régime électoral a été voté sans atteindre le quorum. Il a précisé que cette «session n'était pas à la hauteur». Il conclut en affirmant que «le Parlement est dirigé de l'extérieur et non pas par ses propres règles, principes et convictions».