Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Binational, je rentre au bled

par Sofiane K.

Je me prénomme Khaled et suis né en 1987, en France. Je vis actuellement en France. Je suis fils de citoyens algériens qui ont acquis la nationalité française, dans le cadre des accords entre la France et l'Algérie.

De la sorte, je dispose, donc, fièrement de la nationalité algérienne ainsi que celle française. De plus, étant petit-fils de chahid, c'est avec honneur et gloire que je suis fier de ce titre de noblesse et ressent un amour incommensurable pour ce pays.

Depuis ma tendre jeunesse ( en 2.000, après les événements ), ma mère nous envoya, mon frère et moi, à la découverte de notre sang ainsi que notre histoire. Ç'est à ce moment-là que je fis la connaissance de toute ma famille. D'emblée, je suis pris d un attachement et d'un amour, sans fin, pour celle-ci. Donc, mon frère et moi venions passer tous nos étés dans ce merveilleux pays, se ressourcer et surtout profiter d'une chose importante qui nous manque de l'autre côté de la Méditerranée: notre famille. Au fur et à mesure que passent des années, je m'intéressais, énormément, et de plus en plus sur le pays de mes parents et de surcroît mon Pays. Son histoire, son économie, sa démographie, sa culture, ses atouts, ses inconvénients et développais d'étrange sentiments mélangés, entre colère, injustice, effrois, bonheur, fierté, joie etc..

Concernant ma vie professionnelle, je suis en France entrepreneur et pratique la vente de véhicules d occasion. Hamdoulah, je réussis à payer mes factures ainsi que de vivre de mon métier. Concernant ma vie privée, je me suis tout récemment marié à une superbe et intelligente jeune femme domicilié, en Algérie et que j aime par-dessus tout.

De ce fait, il faut choisir notre pays de résidence. On est donc partagé par vivre en France ou vivre en Algérie. En pesant le pour et le contre et en réfléchissant longuement, nous avons décidé de rester en Algérie pour deux raisons:

- la première est simple et de bon sens. Ma femme est médecin spécialisé en fin d études. Pour elle, son avenir est en Algérie car étant patriotique, elle me confia: « j ai été formé par des Algériens pour soigner des Algériens ! » Remarque louable de sa part et que je soutiens â 1.000%

- Deuxièmement, chose tout aussi importante et plus complexe. Le constat de la situation en France concernant les Français d origines étrangères ou les étrangers est alarmant et préoccupant. En effet, depuis les vagues d attentats que connaît la France, le racisme et la discrimination ont atteint leurs paroxysmes.

Tout a commencé, en 2003, avec l'accession au ministère de l'Intérieur de M. Sarkozy Nicolas. On se souvient, tous, de ses déclarations sensationnelles et tonitruantes qu'il avait faites, concernant les jeunes de banlieue, l'immigration. Il a lancé une campagne calomnieuse visant les Français d origine ainsi que les étrangers comme étant la cause de tous les maux en France ( chômage, insécurité, insalubrité, déficit de la sécurité sociale, de la caisse d'allocations familiales ). De ce fait, il a réussi à créer cette nouvelle tendance que l'on appelle la droite forte ou la droite décomplexée. La population aux origines ainsi que les étrangers ont, donc, commencé à être vraiment la cible du racisme et de la discrimination. Je me souviens en 2007, année de son accession au trône, il osa créer avec les deniers publics un ministère de l'immigration. Impensable. On se souvient de la phrase mythique de son ministre de l'époque Brice Hortefeux qui disait des Arabes « quand il y en a un, ça va, c'est quand il en a beaucoup que ça pose des problèmes ».

Depuis la vague d'attentats qui sévit sur le territoire français, l'ambiance est à son comble. Une partie grandissante de la population, robotisée par la propagande des médias n'a plus de scrupules et n'hésite plus à vous faire ressentir leur haine à notre égard, sous prétexte que nous ressemblons à ces détraqués. Nous, Français avec origines ou étrangers, sommes en train de subir une persécution psychologique de la part d'une partie de la société française. Que ce soit les discriminations à l'embauche, la propagande des médias, la propagande cinématographique française et hollywoodienne ou l'Arabe est forcément le méchant. L'analyse des intellectuels philosophes, écrivains psychopathes, ( Finkelkraut, Houellebecq, Henry-levy, Zemmour, Michel Onfray), des experts en Islam qui ne sont pas musulmans (il faut m'expliquer ) et bien entendu la population qui nous transmet leurs réflexions sombres et nauséabondes de leur bassesse intellectuelle, pour mieux assouvir leur haine. Pour exemple, de nos jours, dire «s'il n'est pas content, il retourne chez lui» n'est plus une parole raciste, tellement elle s'est banalisée. Ensuite, ils nous reprochent de voir le racisme partout et affirme que ce n'est pas une parole déplacée.

Du temps de Chirac, la personne disant cela serait persona non grata. De plus, cette situation est vouée à s'empirer au fur et à mesure d'éventuels nouveaux attentats. Le Premier ministre l'affirme. Il y aura de nouveaux attentats et la menace est constante. La guerre civile est à peu de chose près. La population française ne se sentant pas protégée par le gouvernement, commencera à pratiquer l'autodéfense qui débouchera sur des expéditions punitives des extrêmes (groupuscules ?néo-nazi' en forte augmentation, comme par exemple ce Français arrêté en Ukraine avec des armes de guerre, voulant perpétrer 15 actions pour l'Euro 2016. Bizarrement, n'étant pas de confession musulmane, le gouvernement français qualifie d'action et non d'attentat ce qu'il prévoyait et le définit comme un malade, au lieu d'un terroriste), des violentes agressions (on l'a vu â Calais avec les gens du voyage, mettant en joue les migrants) , guerre communautaire et confessionnelle, etc.

Nous décidâmes donc de rester vivre en Algérie. Je suis prêt et déterminé à faire le sens inverse que mes parents ont effectué il y a 40 années. Pour notre bien et surtout pour notre progéniture. Pour rien au monde, je ne voudrais qu'elle subisse ce que j ai pu vivre, comme tortures psychologiques et harcèlements généralisés.

Il faut, donc, que je conçoive ma vie, ici. Que je trouve un travail, cependant en me triturant la tête et me posant les bonnes questions, je songe alors à ouvrir un commerce. C'est là où je voulais donc en venir : il faut que l'Etat algérien et ceux qui le gouvernent, commencent sérieusement à se pencher sur la question. Pourquoi ne pas encourager les binationaux à rentrer chez eux, dans le pays de leurs ancêtres, et favoriser leur intégration ? Pourquoi ne pas mettre au profit de l'Algérie, les matières grises formées par la France? Pourquoi ne pas donner un nouveau souffle et une impulsion économique dans ce pays avec des perceptions et des visions de l'entreprise différente de celle déjà existante ? Pourquoi ne pas développer et moderniser une partie de l'économie algérienne pour les compatriotes désirant renter chez eux, avec de nouvelles idées ? De nouveaux modes de consommations ? Il existe bon nombre de mes amis binationaux qui seraient prêts à franchir le pas comme je le fais.

Pour ma part, c'est tout d'abord une question personnelle et surtout parce que je ne supporte plus l'oppression, le regard ainsi que le discours que la population locale nous inflige. Mais d'autres veulent revenir pour des raisons économiques, météorologiques, familiales. Mais pour les attirer, il faut leur donner les moyens. Et pas des moyens plus avantageux au détriment de nos compatriotes vivant sur le territoire national mais des moyens nous rassemblant tous, sur un même but: améliorer le pouvoir d'achat de chaque citoyen. En améliorant le pouvoir d'achat et en créant de la richesse, cela entraîne une diminution du chômage, une augmentation de la consommation et donc provoque la croissance. Il faut, donc, je pense mettre tout un tas de priorités pour faciliter la venue de cette population désireuse de rentrer, en Algérie.

Première chose: faciliter le logement, chose primordiale. Deuxièmement : après étude du projet, accepter d'octroyer des prêts à taux zéro.

Troisièmement : exonérations des charges patronales et salariales si il y a création d'emploi directement pour les Algériens résidant sur le territoire, pour un temps déterminé. Quatrièmement : exonération d'une partie des droits de douanes ou exonération totale, pour un temps déterminé ou pour un nombre déterminé de commandes si l activité se porte sur toute marchandise non régulée par l'Etat.

Cinquièmement : accélérer les délais pour obtention des statuts et formalités concernant la société. Sixièmement : diminuer les impôts sur les bénéfices des premières années pour pérenniser l'entreprise en pratiquant l' auto-financement Pour palier à ce manque à gagner pour l'Etat, pourquoi ne pas envisager d'augmenter légèrement le TAP pour ces nouvelles créations d'entreprises que le taux en vigueur ? Qui dit création d'emploi dit nouveaux impôts sur le revenu. Bien-sûr pour éviter au maximum les charlatans : - projets triés sur le volet lors des financements.

- Obliger les paiements en chèque ou virement bancaire pour l'achat et vente ou accentuer, de manière drastique, les contrôles sur ces nouvelles créations d'entreprises.

Je ne veux pas une refonte du système fiscal algérien pour les binationaux mais juste que l'Algérie ne délaisse pas leurs ressortissants et favorisent leur retour, comme nos ancêtres qui n'ont pas délaissé leurs pays dans des moments importants et décisifs de leur histoire.

Ceci est le dernier volet de la guerre d'Algérie, commencée, il y a plus de 60 ans, reconquérir sa population fidèle et patriotique et la mettre au profit de son pays. Certains me traiteront d'utopiste ! Je me qualifie de juste et de progressiste.