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Constantine - Ils dénoncent des pratiques irrégulières: Des huissiers saisissent le ministère de la Justice

par A. Mallem

Des huissiers de justice de l'Est, dix au total, sont en colère contre leurs représentants à la chambre régionale, auxquels ils reprochent «une gestion catastrophique» de l'argent de la chambre. Ils ont rédigé le 16 juin courant une motion, dont nous détenons une copie, signée par 10 huissiers de la région qu'ils comptent faire signer par les huissiers rattachés aux 18 cours de justice de l'Est, afin d'exiger la tenue d'une assemblée générale extraordinaire pour demander des comptes à leurs représentants.

Les rédacteurs de la motion, qui sont maîtres Zedira Djamel, Guellil Ali, Tiar Slimane, Ayad Adila, Ziani Abdelhak, Nouri Med Salah, Ahmed Zaidi, Dokkari Saad, Fanit Mourad, Berioum Abdelkrim Adel, disent qu'ils ont été contraints de monter au créneau pour mettre un terme à ce qu'ils appellent «les pratiques irrégulières et la gestion opaque des affaires de leur organisation». Aussi, ils estiment que les responsables de la chambre «doivent rendre des comptes sur leur gestion».

Les accusations graves et nombreuses portées dans cette motion contre les gestionnaires de la chambre font état de dépenses faramineuses engagées par la chambre sans consultation de la base et dans des conditions floues. Il en est ainsi, affirment les accusateurs, du dossier d'organisation du forum national des huissiers de justice qui s'est tenu à Oran et qui aurait coûté à leur organisation la somme de 9 milliards de centimes, somme dépensée en l'espace de deux jours et dans des conditions contraires à la loi, affirment-ils. Une autre accusation porte sur l'achat d'un logiciel contenant un programme informatique qui a été vendu aux huissiers. Ce logiciel aurait coûté 5,3 milliards de centimes ! «Mais lorsqu'il a été soumis à l'examen d'un expert par les huissiers, il s'est avéré que sa véritable valeur a été déterminée à 10 millions de centimes tout juste», affirment des huissiers de justice. Ce qui a amené ces derniers à se poser des questions. Et c'est tout un chapelet d'affaires douteuses que nos interlocuteurs ont citées et où ils disent soupçonner des malversations. A l'instar de l'achat du siège de la chambre à plus de 2 milliards 200 millions de centimes, l'achat d'une voiture luxueuse qui aurait coûté 317 millions de centimes, le détournement d'une somme de près de 150 millions de centimes du compte bancaire de la chambre par la secrétaire du président (affaire jugée et accusée condamnée), la contribution des huissiers d'un montant total de 2 milliards de centimes pour la construction de la «Maison de l'huissier de justice» à Alger, projet lancé en 2005 et qui n'a pas encore vu le jour, etc.

Interrogé hier sur toutes ces questions, M. Bouguerne El-Khier, président de la chambre des huissiers de l'Est dont le siège se trouve à Ali Mendjeli, a répondu tout d'abord qu'il n'est pas au courant de la motion lancée par les huissiers.

«Lorsque j'ai pris la gestion de la chambre, il y a 2 ans de cela, tout était en règle», a expliqué notre interlocuteur, ajoutant que «l'assemblée générale ordinaire se tient chaque année et les comptes de gestion lui sont présentés, et c'est là, à ce niveau, que toutes les questions doivent être débattues. Donc, en ce qui me concerne, ma gestion se fait en conformité avec la loi». Par la suite, M. Bouguerne s'est demandé pourquoi les rédacteurs de la motion ne sont-ils pas venus le voir avant de lancer leur initiative. «En tout cas, conclut le président de la chambre des huissiers de l'Est, qu'ils assument la responsabilité de leurs accusations».